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Le baroque au cœur

Rencontre avec Beniamino Paganini

Depuis 25 ans, la série Bozar Next Generation vous invite chaque dimanche matin (ou presque) à découvrir les talents émergents de la scène musicale (inter)nationale. Beniamino Paganini, nouvelle révélation belge qui côtoie déjà des ensembles reconnus, donne le coup d’envoi de cette édition anniversaire. Rencontre avec ce touche-à-tout musical.

Cet article s'intègre dans le cadre de

Bozar Next Generation : 25 ans

Vous jouez de nombreux instruments. D’où vous vient cet amour de la musique ?

Mes parents adorent le classique. Dès mes sept ans, ils ont commencé à m’emmener au MAfestival (Musica Antiqua) et au Concertgebouw de Bruges. Très vite, j’ai attrapé le virus de la musique baroque et j’ai commencé à suivre des cours de traverso. Six mois plus tard, j’ai décidé de me mettre aussi au clavecin. Je suis très heureux d’avoir continué à combiner les deux instruments au conservatoire et ce jusqu’à aujourd’hui. Pour moi, ils se complètent à la perfection. Je nourris aussi, en tant que claveciniste et maestro al cembalo, un amour profond pour la basse continue au clavecin et à l’orgue et, en tant que joueur de traverso, pour la flûte Renaissance. Les concerts à la flûte à bec et à l’orgue solo sont des projets qui me permettent d’échapper à la routine.

Que vous a apporté la musicologie ?

Les analyses musicales détaillées et approfondies, combinées à l’étude de l’histoire de la musique, du Moyen Âge à l’époque actuelle, m’ont apporté une vue d’ensemble et une connaissance élargie de la musique classique occidentale. Comme la musique ancienne était aussi abordée sous toutes ses facettes dans ma formation au conservatoire, je me suis surtout intéressé, dans le cadre de mes études de musicologie, à la musique d’après 1800. Je considère aussi la pensée musicologique comme une qualité qui m’aide à concevoir et préparer des programmes pour Musica Gloria, à étudier des partitions, à diriger des répétitions…

Pouvez-vous présenter votre ensemble ?

J’ai créé Musica Gloria à l’âge de 12 ans car j’éprouvais le besoin de jouer et de me produire avec d’autres musiciens. Le groupe a énormément évolué pour devenir un jeune ensemble international de musique ancienne, que je dirige avec ma copine Nele Vertommen. Nous donnons un nouveau souffle à la musique ancienne, avec pour point de départ notre passion pour l’interprétation historiquement informée. Nous laissons pour ce faire la partition nous « parler », afin de pouvoir faire nos choix musicaux. Notre répertoire de concert se compose pour l’instant principalement de musique baroque pour toutes sortes de formation. Dans un avenir proche, nous prévoyons aussi de nous attaquer à la musique de la Renaissance (entre autres) et aspirons à lancer de petits et grands projets en synergie avec d’autres formes d’art.

Qu’allez-vous nous jouer à Bozar ?

Au programme, on trouve des œuvres de Fasch, Telemann et Bach, dans lesquelles le clavecin, le traverso et le hautbois, en particulier, jouent un grand rôle. Ce sont des pièces tirées de la bibliothèque musicale de la cour d’Anhalt-Zerbst, où Fasch a été maître de chapelle en 1722. Le programme se veut varié : outre des concertos pour les instruments évoqués, nous interprèterons aussi les superbes symphonies de la BWV 21, une ouverture festive et un quartet étonnamment beau de Fasch.

En tant que musicien, quel est votre plus grand rêve ? Avec quel artiste souhaitez-vous collaborer un jour ?

Mon plus grand rêve est de participer à des représentations de théâtre musical et des opéras avec mise en scène historique, ainsi qu’à des reconstitutions d’événements historiques dans lesquelles la musique joue un grand rôle (avec costumes, gestique, décor, environnement…). En outre, j’aimerais continuer à enseigner et jouer dans d’autres ensembles. J’ai du mal à choisir un seul artiste avec qui j’aimerais collaborer, ils sont si nombreux ! Il y en a quand même deux qui me viennent à l’esprit : Vincent Dumestre et Jordi Savall.

Quel effet cela vous fait-il de recevoir le prix Caecilia et de jouer dans la salle Henry Le Bœuf à cette occasion ?

Je suis très honoré d’avoir reçu le prix Caecilia. J’ai déjà pu collaborer avec quelques-uns de mes prédécesseurs, Nicolas Achten, Korneel Bernolet et Reinoud van Mechelen, que j’admire depuis tant d’années. J’espérais en secret décrocher le prix, alors je n’en reviens pas que ce soit réellement arrivé ! Pouvoir jouer dans la salle Henry Le Bœuf est un rêve devenu réalité. Je suis impatient de jouer dans – et avec – une salle si prestigieuse, dans laquelle tant de grands artistes ont déjà donné le meilleur d’eux-mêmes, et devant le public de Bozar.