Modigliani Quartett

Publié le - Klaas Coulembier

Le Quatuor Modigliani, 20 ans d'enchantement sur scène

Le Quatuor Modigliani présente un programme inspiré de la musique folklorique.

En 1909, le peintre italien Amedeo Modigliani réalise à Paris un tableau intitulé Le Violoncelliste. On y voit un homme jouant du violoncelle, une scène en soi assez banale. Regardez-y de plus près : au lieu de « diriger » son instrument, l’homme semble plutôt écouter ce que l'instrument lui exprime. La tête légèrement penchée vers l'endroit où la main gauche se pose sur les cordes, les yeux fermés, et la main droite détendue à l'archet (et peinte avec véracité). Le tableau dévoile surtout la relation intime qui unit le musicien à son instrument de musique.

Amedeo Modigliani - Der Cellist (1909)

Le quatuor à cordes Modigliani, baptisé d’après le peintre plein de poésie, explore les scènes internationales depuis 20 ans et jouit d’un accès à des instruments uniques des XVIIe et XVIIIe siècles. Amaury Coeytaux joue un violon surnommé Prince Léopold de 1715 conçu par Antonio Stradivarius. Loïc Rio possède un violon de Giovanni Battista Guadagnini de 1780, l'alto de Laurent Marfaing a vu le jour en 1660 sous les doigts de Luigi Mariani, et François Kieffer joue un violoncelle de 1706 signé Matteo Goffriller.

Pour leur concert à Bozar, les quatre musiciens ont opté pour un programme présentant un lien évident avec la musique folklorique. Beethoven a composé son Quatuor à cordes op. 59 n° 1 à la demande du comte russe Razumovsky et a intégré une mélodie d'inspiration russe au mouvement final. Chostakovitch aimait lui aussi faire de la place à d'autres inspirations musicales dans sa musique. La manière dont il a incorporé des tournures mélodiques juives dans son Troisième Quatuor à cordes ne peut être dissociée du moment où il a composé cette œuvre. Après tout, en 1946, le monde était encore sous le choc des horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Le concert s'ouvre sur un extrait des Trois pièces pour quatuor à cordes d'Igor Stravinsky, composées en 1914 à la veille d’un autre embrasement mondial, à une époque où Stravinsky associait les influences de la musique folklorique russe à l'écriture moderne.

Tradition et innovation, servies avec inspiration par un quatuor à cordes ayant gagné ses lettres de noblesse sur la scène internationale au cours des 20 dernières années : du Bozar tout craché !