Communiqué de presse

Publié le 24 avril '25

BelgianArtPrize 2025: Suchan Kinoshita

Suchan Kinoshita, lauréate du BelgianArtPrize 2025, présente un nouvel ensemble d’œuvres à Bozar. Avec son exposition, intitulée Renovation, Kinoshita prend possession des Antichambres du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et crée un jeu subtil entre objets, lumière naturelle, créations sonores et perception de l'espace.

Suchan Kinoshita (Tokyo, 1960) a étudié en Allemagne et au Pays-Bas. Depuis 2012, elle vit et travaille à Bruxelles. Depuis plus de trente-cinq ans, l'artiste réalise à l’international des projets et des expositions qui bousculent nos attentes et bouleversent nos perceptions.

L’œuvre de Kinoshita présente une impressionnante variété de supports et de techniques : sculptures, installations, vidéos, créations sonores, performances, etc. On retrouve dans son œuvre également des éléments issus du théâtre et de la musique expérimentale, deux domaines dans lesquels l’artiste a été active. La durée (le temps) et le rôle du ‘spectateur’ sont aussi deux aspects importants de son travail. Son engagement ne s’articule pas autour de thèmes spécifiques, mais invite plutôt le spectateur à une ‘lecture entre les lignes’. Kinoshita considère son travail comme un espace qui engage un lien avec les œuvres entre elles et avec le ‘spectateur’.

Cette ‘mise en scène’ est également palpable dans l’exposition RenovationKinoshita a transformé ou réactivé certains éléments déjà présents dans l’espace : « Investir les antichambres du Palais des Beaux-Arts constituait un très beau défi. J’ai d’abord rouvert des espaces précédemment barricadés, j’ai à nouveau fait rentrer la lumière naturelle - là où certaines verrières étaient occultées - et j’ai rendu accessible l’entrée historique du côté rue Royale. »

Alberta Sessa, coordinatrice curatoriale de l’exposition, explique que « les antichambres désignent généralement des espaces d’introduction ou d’attente précédant les pièces principales d’une demeure. Elles se relient aussi au « genkan », l’espace intermédiaire d’accès à la maison japonaise, qui est régulièrement présent et questionné dans l’œuvre de l’artiste. » Elle ajoute : « De nombreuses œuvres de l’exposition Renovation ont émergé au terme d’un long processus de transformation de l’espace en atelier de déconstruction, d’inventaire et de création. »

Suchan Kinoshita a souhaité récupérer des éléments scénographiques de l’exposition précédente à Bozar. Elle a, pendant plusieurs semaines, démembré des planches, récupéré du bois, arraché des clous, décollé des revêtements et même récolté de la poussière. Ces matériaux de récupération ont servi à réaliser une partie de ses nouvelles créations qu’elle nomme des « Platzhalter » : des objets créant un pont entre leur fonction initiale et leur fonction nouvelle.

Emily Joyce Evans, chercheuse associée à la Neue Nationalgalerie (Berlin), explique : « En entrant dans les expositions de Kinoshita, le spectateur est souvent d'abord interpellé par le choix des matériaux de l'artiste. La fibre, le bois, le plastique ou d'autres éléments artificiels […] peuvent suggérer un état inachevé, une construction perpétuelle ou des décisions reportées. »

Ces matériaux non conventionnels bousculent notre perception de l'œuvre de Kinoshita qui refuse toute catégorisation et cultive l’ambiguïté.

Joyce Evans ajoute : « Kinoshita utilise des matériaux et des objets d'une manière qui pose des questions plutôt que d'y répondre. Ses choix sont faussement simples, car les objets sont présentés d'une manière qui n'a rien à voir avec la nature de l'objet. »

L’exposition à Bozar montre également une série de dessins inspirés par les mangas de Hokusai qui ont pris place dans l’unique salle où la lumière du jour ne parvient pas et où une porte menant vers une zone arrière a été réouverte. D’autres créations sur papier, soumises à la variation constante de la lumière naturelle, se déroulent et s’enroulent sur une ancienne étagère du bâtiment intégrée à une structure nouvelle ; d’autres encore trouvent leur place sur les murs ou dans la salle suivante, là où le temps météorologique et le temps philosophique se rejoignent.

Alberta Sessa ajoute : « Ainsi rapportées par le dessin au graphite, au crayon ou à la gouache sur papier alimentaire, ou bien recomposées à partir de panneaux de bois, ces « œuvres-inventaire » et les quelques traces mémorielles du bâtiment finissent par se déplier simultanément, laissant le visiteur se les approprier librement. Leur présence, construite au fil des semaines, constitue une archive concrète et sensible des lieux. »

Dans le cadre de l'exposition :

Exposition vitrine à la gare de Bruxelles-Central

BelgianArtPrize a invité Suchan Kinoshita a désigner de jeunes talents pour une exposition pop-up à la gare de Bruxelles-Central. Kai Bomke et Jan Prahm Miró, étudiants à la Kunstakademie Münster et assistants de Kinoshita pendant le montage de son exposition Renovation à Bozar, ont ainsi été invités à présenter leurs propres œuvres dans l'exposition-vitrine.

>> du 23/04 au 29/06, à la gare de Bruxelles-Central, au bas de l'escalier central.
 

Nocturne

Bozar propose une nocturne Bozar all over the P(a)lace le jeudi 24 avril (18h à minuit) avec accès à l’exposition Renovation, performance, musique, cinéma, etc.
>> Info sur bozar.be

À propos du BelgianArtPrize 2025

Le BelgianArtPrize a annoncé en avril 2024 le nom de la lauréate du BelgianArtPrize 2025. Suchan Kinoshita a été sélectionnée par le jury et invitée à créer et à présenter de nouvelles œuvres à Bozar - Palais des Beaux-Arts de Bruxelles du 24 avril au 29 juin 2025.

Le BelgianArtPrize est le prix d'art contemporain le plus connu en Belgique. Son objectif est de soutenir les artistes belges ou les artistes internationaux résidant en Belgique et de renforcer leur reconnaissance nationale et internationale. Le prix permet également de faire connaître le ou la lauréat(e) à un public plus large.

Tous les deux ans, un ou une artiste a la possibilité de réaliser un nouveau projet artistique et de l’exposer à Bozar. Le/la lauréat(e) reçoit le Prix Gillion-Crowet d'un montant de 20.000 € ; un budget de production est également fourni par la Proximus Art Collection.

L'organisation a récemment apporté des changements majeurs à son fonctionnement et garantit désormais la diversité, tant au niveau des nominateurs chargés de la présélection que du jury qui désigne le/la lauréat(e) final(e). Depuis la création du prix, ce jury se compose d'une combinaison de personnes travaillant pour nos principales institutions artistiques, de curateurs indépendants, d'artistes et de collectionneurs. L'organisation souhaite ainsi respecter autant que possible la multiplicité des expressions artistiques qui caractérisent le monde de l'art belge.
 

Déclaration du jury

« Suchan Kinoshita est une artiste accomplie et exceptionnelle, qui a construit un corpus d'œuvres très vaste au fil des décennies. 

Outre son parcours artistique personnel, le jury souhaite souligner son appréciation pour son rôle de pédagogue active et dévouée. A ce titre elle est un mentor pour les prochaines générations d’artistes. Sa sensibilité au temps et à l'espace, ainsi que sa curiosité permanente pour la vie nourrissent ses œuvres qui accentuent l’importance du processus de création, permettant au spectateur de prendre conscience du moment présent. Le jury lui a accordé la plus grande considération sur base de son parcours artistique qui se singularise par un langage visuel unique associant conceptualisme et expériences vécues avec générosité et humour. »

Suchan Kinoshita

Biographie succinte

Suchan Kinoshita (Tokyo, 1960) vit et travaille à Bruxelles. À partir de 1981, elle étudie la rythmique puis le théâtre musical contemporain à l'académie de musique de Cologne. En 1983, en tant que membre du Theater am Marienplatz Krefeld, elle a travaillé comme interprète, scénographe, éclairagiste et scénariste de ses propres pièces. Cette période a été suivie d'une résidence de deux ans à l'Académie Jan van Eyck de Maastricht (1988-1990). Elle a été sélectionnée pour la résidence PS1 à New York en 1993/1994. En 1992, elle a remporté le prix de Rome à Amsterdam dans la catégorie « Art et espace public » et en 2015, elle a reçu l'un des Greenberger Awards à New York. En 2021, elle a créé la maison d'édition Allerleirauh et a publié Da Capo à l'occasion du 50e anniversaire, bien qu’annulé, d'Art Basel. Depuis 2006, elle enseigne à la Kunstakademie Münster.

Les œuvres de Kinoshita combinent plusieurs disciplines. Dans l'ensemble de son œuvre, on trouve des éléments de théâtre et de musique expérimentale, deux domaines dans lesquels elle a été active pendant un certain temps. La durée (le temps) et l'approche consciente de la position du spectateur sont deux aspects importants de son travail. Son engagement ne s’articule pas autour de thèmes spécifiques, mais invite plutôt le spectateur à une ‘lecture entre les lignes’. Kinoshita considère son travail comme un espace où différentes œuvres interagissent entre elles, mais aussi avec le spectateur. Cette interaction des différents rôles joués par différents acteurs dans un espace spécifique est une constante dans son travail. Récemment, elle a également réalisé des sculptures de chats (der siebte Franz) et des peintures de chiffons (Lumpenmalerei).

Son travail a été présenté dans plusieurs expositions internationales telles que la 4e Biennale d'Istanbul (1994) ; Manifesta I (1996) ; la Biennale de Sydney (1998) ; Carnegie International, Pittsburg (1999/2000) ; eerste huwelijk/tweede huwelijk, M HKA (2002) ; 2007 Skulptur Projekte, Münster ; In 10 Minuten, Ludwig Museum, Cologne (2010) ; Operating Theatre, Institut de Carton, Bruxelles (2016) ; das A und O vom wohnen, LLS Paleis, Anvers (2018) ; PLATZhalter taking PLACE surPLACE, Playground - STUK, Leuven (2019) ; proposition d'en face, contribution à la collection de KANAL - Centre Pompidou, Bruxelles (2019) ;  Gap Walk Gym, au sein de Risquons Tout, WIELS, Bruxelles (2020) ; Architectonische Psychodramen, Kunstverein Münster (2022) ; Hängen Herum, Établissement d'en face, Bruxelles (2023).

75e anniversaire du BelgianArtPrize

Le BelgianArtPrize fête ses 75 ans en 2025. C'est un pan de l'histoire de l'art belge et un patrimoine immatériel important qui méritent d'être célébrés. Dans les semaines et mois à venir, le BelgianArtPrize mettra en lumière et fera rayonner cette histoire auprès d'un large public à travers de nombreuses initiatives et projets, tels que l'édition de 52 cartes postales, la réalisation d'une vingtaine de vidéos sur les finalistes et des lauréat.e.s, des frises chronologiques exposées à Bozar et à Art Brussels, une exposition à Art Brussels et une exposition pop-up à la gare de Bruxelles-Central.