Close-up: Albert Serra

6 Déc.'25 →
4 Jan.'26

En présence du réalisateur

Plonger dans l’univers d’Albert Serra, c’est se confronter à des personnages plus grands que nature, en dehors du temps, des normes établies et de l’ordre rationnel. Son cinéma est traversé d’images saisissantes qui évoquent les peintres baroques.

Bozar propose un programme composé de quatre films d’Albert Serra, accompagnés de trois autres qu’il a lui-même choisis en pensant à Goya. Il sera présent pour partager avec le public ce qui le pousse à faire du cinéma, comment il conçoit ses projets, et selon quelle perspective cinématographique il lui semble fécond d’aborder Goya.

Formé en Littérature comparée à Barcelone, Serra a attiré l’attention internationale avec Honor de cavalleria, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2006 : une œuvre qui a insufflé un vent nouveau au cinéma espagnol et une personnalité stimulante à la scène mondiale. Depuis, il est un habitué des plus grands festivals. En vingt ans de carrière, il a mêlé cinéma, théâtre et projets muséaux, participant à des événements majeurs tels que documenta à Cassel ou la Biennale de Venise. Il a été récompensé par des prix prestigieux, dont la Coquille d’or à Saint-Sébastien (2024) et le Léopard d’or à Locarno (2013).

Les personnages des films d’Albert Serra sont étrangers à ce centre supposé que représentent la société, la vie ordinaire, la norme et ce qui est communément considéré comme raisonnable. Ils n’appartiennent qu’à eux-mêmes. Serra les invente rarement : il les puise dans l’Histoire, la Littérature et l’actualité. Ou bien, il invoque Fassbinder. On dirait qu’ils ont succombé à une malédiction romantique du XIXe siècle : des figures légendaires, supérieures aux êtres humains pour avoir vaincu la mort, mais d’une certaine manière moins humaines, parce qu’elles vivent exilées du temps et du quotidien, aspirant à en faire partie précisément parce que cela leur est refusé.

Romantique et sceptique à la fois, créateur de mythes et observateur implacable, Serra fuit la médiocrité de certaines formes d’existence qui continuent à croire aveuglément au progrès — une idée désormais illusoire face au spectacle contradictoire du monde. Il garde un contrôle esthétique, sans s’enfermer dans une forme préconçue. Il ne se lie pas à un scénario, mais au potentiel expressif des visages, des corps et des espaces qu’il choisit avec rigueur. Il fait confiance à la caméra pour capter des textures plastiques et temporelles, et au montage pour articuler un langage cinématographique singulier. Sa liberté créatrice tient au fait qu’il produit lui-même ses films : cela limite les comptes à rendre et laisse au spectateur un espace de contemplation. Ainsi, le temps, dans ses œuvres, acquiert une qualité gravitationnelle : il flotte, dérive, s’écoule comme une prière.

Informations pratiques

Lieux

Le 23

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Terarken

Ravenstein 23 1000 Bruxelles