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Wayne Marshall

11 Oct.'23
- 20:00

Cathédrale des Saints-Michel et Gudule

Wayne Marshall (°1961)
Intrada improvisé

Andrew Ager (°1962)
Toccata et Fugue (2009)

George Baker (°1951)
Deux Evocations (2017)

Pierre Cochereau (1924-1984)
Toccata: "Boston" (1956), trans. Jeremy Filsell

Leonard Bernstein (1918-1990)
Ouverture "Wonderful Town" (1953), arr. Wayne Marshall

Wayne Marshall
Improvisations sur des thèmes de Candide
Fantaisie sur Rhapsody in Blue
Improvisation "Jazz Fantaisie"

Concert sans pause

durée: 1h15

L'orgue : tradition et innovation 

Nous associons spontanément l'orgue aux toccatas et aux fugues, et à la musique de Jean-Sébastien Bach, tandis que devant nos yeux défilent les architectures impressionnantes des églises, témoins de pierre des siècles passés, qui nous mettent en contact avec les reliques de notre histoire culturelle. S’appuyant sur sa personnalité polyvalente de chef d'orchestre, de pianiste et d'organiste, Wayne Marshall donne vie à l'orgue d'une manière unique. 

Dans le monde de l'orgue, l'improvisation a toujours joué un rôle important. En leur temps, de grands compositeurs comme Bach ou Mozart – mais aussi, au XXe siècle, Olivier Messiaen ou Marcel Dupré – ont été loués autant pour leur talent d'improvisateur que pour leurs compositions. Deux raisons suffisent à faire de l’orgue un instrument d'improvisation par excellence. Dans la liturgie, l'orgue est utilisé non seulement pour soutenir les chants solistes ou collectifs, mais aussi pour accompagner certaines actions. Comme ces actions (l'entrée des prêtres, la distribution de la communion, etc.) n’ont pas toujours la même durée, l'improvisation relève d’une pratique courante pour tout organiste. De plus, l'orgue offre de très nombreuses possibilités créatives. Avec ses nombreux registres et ses combinaisons multiples et variées, l'orgue est tel un orchestre de poche, une source d'inspiration pour ceux qui en actionnent les manuels et les pédales. 

Ce programme commence d’emblée par une improvisation intitulée Intrada : comme s’il prononçait un discours de bienvenue musical, Wayne Marshall explore l'orgue de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule. Au sens propre comme au sens figuré, il teste la manière dont l'instrument réagit à son style de jeu et dont l'espace résonne au contact des différents sons. 

Cette phase d’exploration est également inhérente à l'un des genres les plus courants de la littérature pour orgue, la toccata, qui vient de l'italien « toccare » ou toucher. La combinaison d'une toccata et d'une fugue est une recette qui a fait ses preuves et continue de séduire, même au XXe siècle. En 2009, par exemple, le Canadien Andrew Ager a composé sa Toccata et fugue, op. 30 n° 1. La toccata est une composition rythmiquement indisciplinée dans laquelle la coordination entre la main gauche et la main droite est centrale. La fugue qui suit semble commencer simplement en do majeur, mais explore rapidement d'autres régions harmoniques. 

Les Deux Évocations du compositeur texan George Baker sont elles aussi indissociables de la tradition. Ici, le compositeur utilise des hymnes existants pour composer un hommage à deux illustres organistes-compositeurs de l'école française. Dans la première évocation, il rend hommage à l'organiste aveugle Louis Vierne en utilisant des hymnes mariaux existants. La seconde évocation est dédiée à Pierre Cochereau, brillant organiste et improvisateur qui devint titulaire de l'orgue de Notre-Dame de Paris environ un demi-siècle après Vierne. Ces évocations gardent un caractère plutôt intime et laissent une large place à l'exploration des couleurs sonores. 

La musique de Pierre Cochereau lui-même trouve également un écho dans ce programme, grâce à une transcription de Jeremy Filsell reconstituant une improvisation de Boston de 1956 intitulée Symphonie improvisée : Symphonie de Boston. Un enregistrement audio a permis de documenter le remarquable talent de Cochereau pour la forme et la cohérence. L'improvisation complète prend l'allure d'une grande symphonie. 

Cette musique montre que l'improvisation va bien au-delà du bouillonnement spontané d'idées musicales ou de la transmission de telle ou telle inspiration divine. L'improvisation s’apparente donc à une sorte de composition « sur le vif », où un improvisateur chevronné parvient à construire un arc de tension musicale. En outre, les improvisations basées sur des thèmes connus offrent toujours un bon exercice d'équilibre entre reconnaissabilité et inventivité. C'est là que réside le talent de Wayne Marshall, qui transpose à notre époque l'héritage artistique de plusieurs générations d'organistes. S'appuyant sur son expérience du répertoire de Leonard Bernstein (il a été étroitement associé à la célébration des 100 ans de Bernstein en 2018) et de son étroite imbrication avec le jazz et la musique légère, il crée un nouvel univers sonore dans ses propres arrangements et improvisations, en lien avec la riche tradition de l'orgue mais aussi avec des musiques venues d'autres contextes. 

Klaas Coulembier
traduction: Judith Hoorens

Dans le cadre de Bruxelles 2000, les travaux de restauration du choeur de la Cathédrale des Saints-Michel et Gudule – interrompus fin des années 1970 – ont été remis en route. De plus, la décision de faire construire un nouvel orgue a été prise. Un comité d’organistes réputés est constitué, et Bernard Foccroulle a bien voulu en assumer la présidence. Sur leur conseil, un appel d’offres est lancé auprès de cinq facteurs d’orgues considérés comme les meilleurs au monde. Au terme de la consultation, le choix s’est porté sur le projet du facteur allemand Gerhard Grenzing (Barcelone), établi en collaboration avec l’architecte anglais Simon Platt.
L’instrument à quatre claviers de Gerhard Grenzing est résolument fondé sur le Plenum à l’allemande, avec toutefois l’apport de jeux typiques des traditions espagnole (trompette de bataille), flamande (trompette du positif), et française (récit expressif, trompette harmonique, jeux de fonds ou cornet). De plus, si la traction des notes est entièrement mécanique, l’instrument bénéficie des facilités de registration par combinateur électronique.

Wayne Marshall

orgue

Le Britannique Wayne Marshall est organiste, pianiste et chef d'orchestre. Après une formation à la Chetham's School of Music de Manchester, il étudie au Royal College of Music de Londres. Parallèlement, il a été organiste à la Chapelle Saint-George du Château de Windsor, puis a poursuivi ses études à la Hochschule für Musik de Vienne. Il a été chef d'orchestre principal du WDR Rundfunkorchester Köln de 2014 à 2020. Il a dirigé le Gewandhausorchester Leipzig, le Czech Philharmonic et le Wiener Symphoniker. En tant qu'organiste, il est connu comme un interprète exceptionnel de Gershwin, Bernstein et d'autres compositeurs des XXe et XXIe siècles.

Les autres concerts orgue chez Bozar:

15 nov.'23, Jean-Baptiste Monnot (Henry Le Boeuf)

21 feb.'24, Cindy Castillo (Cathédrale)

01 jun.'24, Iveta Apkalna (Cathédrale)