Catalina Vicens

William Byrd (ca. 1540-1623) 
Preludium
Pavana Sir William Petre 

Anonimo (début du XIIe siècle)
Ages Youth                                                   

Orlando Gibbons (1583-1625)
The Lord of Salisbury his Pavin 

John Dowland (ca. 1563-1626)  
Pavana Lachrymae (par William Byrd)

Jan P. Sweelinck (1562-1621)
Toccata

Girolamo Frescobaldi (1583-1643)
Toccata nona  

Peter Philips (1561-1628)
Amarilli di Julio Romano 

Johann Jakob Froberger (1616-1667)
Toccata VI           

Nicolas Vallet (c. 1583-c.1642)
Prelude 

Louis Couperin (1626-1661)
La Piémontoise
Tombeau de Monsieur Blancrocher  

Johann Jakob Froberger (1616-1667)
Lamento sopra la dolorosa perdita della Real Maestà di Ferdinando IV Rè de Romani  

John Bull (1562-1628)
Galiardo

Juan Bautista Cabanilles (1644-1412)
Gallardas

Girolamo Frescobaldi
Balletto, corrente e passacagli

Louis Couperin
Passacaille

Un répertoire international à l'apogée du clavecin 

Pour ce récital de clavecin, Catalina Vicens est partie à la recherche d’œuvres étant, d’une manière ou d’une autre, associées aux monarques qui régnaient sur Bruxelles à l'apogée du clavecin. C'est l’ère des Habsbourg et du Saint-Empire romain germanique, mais aussi de la lutte entre le catholicisme et les religions réformées. Plusieurs compositeurs et autres artistes émigrèrent donc en raison de leurs convictions religieuses, par choix ou non. 

Le clavecin était omniprésent en Europe aux XVIe et XVIIe siècles. La famille anversoise Ruckers, en particulier, jouissait d'une réputation internationale dans le domaine de la facture de clavecins et, avec ses concurrents italiens, elle prit la tête du marché. Alors que l'orgue était par définition fortement associé au répertoire religieux, le clavecin était l'instrument de prédilection des salons des classes sociales supérieures. Par conséquent, lorsque nous plongeons dans le riche répertoire de la Renaissance pour clavecin, nous y trouvons essentiellement de la musique profane. Il s'agit souvent d'œuvres abstraites telles que des toccatas, des préludes, des passacailles ou des danses stylisées telles que la pavane ou la gaillarde. Outre ce type de compositions, ce programme comprend également des œuvres composées pour ou en l'honneur de personnes spécifiques. 

Par exemple, le compositeur anglais William Byrd dédia une pavane (une danse lente) à Sir William Petre, le fils du baron John Petre qui a soutenu Byrd dans sa carrière musicale. Cette pavane fut publiée en 1612 dans le tout premier volume de musique pour virginal, un mot utilisé à l'époque comme terme collectif pour toutes sortes d'instruments à clavier munis de cordes. Dans ce volume intitulé Parthenia or the Maydenhead of the first musicke that ever was printed for the Virginalls, nous trouvons une autre pavane signée Orlando Gibbons, The Lord of Salisbury his Pavin. À l’époque, Gibbons était musicien à la cour de Jacques Ier d'Angleterre et évoluait donc dans les hautes sphères. Le comte de Salisbury, dédicataire de cette œuvre, est Robert Cecil, un membre d'une famille noble qui s'intéressait beaucoup à l'art et soutenait financièrement divers artistes et musiciens. Cela explique la présence de trois autres compositions portant son nom dans Parthenia. Outre la musique de Byrd et de Gibbons, cette publication anglaise contient également de la musique de John Bull, dont le Galiardo (gaillarde) présenté ici. Peu après la publication de Parthenia, Bull s’installa d'ailleurs à Anvers. Dans les dernières années de sa vie, il fut influencé par la musique des Flandres et de Bruxelles, ce qui explique pourquoi, malgré qu’il fût l’un des plus importants compositeurs britanniques de la Renaissance, il composa une série de variations sur l'air Een kindeken is ons gheboren. 

À Anvers, John Bull entra en contact avec Peter Philips, qui avait été exilé d'Angleterre en raison de sa foi catholique. Après des années difficiles, Philips avait réussi à faire carrière et à devenir organiste de la chapelle de l'archiduc Albert VII d'Autriche. À ce poste, il rencontra de nombreux compositeurs de renommée internationale, dont l'Italien Girolamo Frescobaldi. Cela met d'emblée en lumière le caractère international du réseau au sein duquel ce répertoire pour clavecin se développait. Outre la musique de compositeurs anglais, émigrés ou non, et les compositions de Frescobaldi, ce programme de concert comprend également des pièces de l'Espagnol Juan Bautista Cabanilles, du Français Louis Couperin, ainsi que des Néerlandais Nicolaes Vallet et Jan P. Sweelinck. Tout comme John Bull, qui dut quitter son pays en tant que catholique, le Français calviniste Nicolas Vallet émigra aux Pays-Bas pour s'installer dans la ville protestante d'Amsterdam (d'où l'adaptation de son prénom en Nicolaes). 

Pour compléter le caractère international de ce programme, vous découvrirez également des œuvres du « citoyen du monde » d’origine allemande Johann Jakob Froberger. Ce dernier voyagea à travers l'Europe et mélangea divers styles nationaux. Ce caractère international est évident – ne serait-ce que dans le titre – dans son Lamento sopra la dolorosa perdita della Real Maestà di Ferdinando IV Rè de Romani, une complainte à la suite de la mort de Ferdinand IV, roi du Saint-Empire romain germanique. 

Catalina Vicens joue sur un clavecin français historique, anonyme (Lyon, milieu du XVIIe siècle), ‘mis au grand clavier par Joseph Collesse à Lyon, Novembre 1748’, deux claviers, 3 jeux – 2 x 8’ + 4’et jeu de luth.

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