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Lisa Batiashvili & Giorgi Gigashvili

16 Nov.'23
- 20:00

Salle Henry Le Bœuf

Mendelssohn & Franck: Vioolsonates

Vaja Azarashvili (°1936)
Nocturne (1986)

Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Sonate pour violon et piano en F majeur (1820)

  • Allegro
  • Andante
  • Presto

pause

César Franck (1822-1890)
Sonate pour violon et piano en A majeur (1886)

  • Allegro ben moderato
  • Allegro
  • Recitativo fantasia. Ben moderato
  • Allegro poco mosso

Durée: 1h40

Dans le cadre de : europalia.georgia

 

Attiser la flamme intérieure

Le 16 décembre 1886, le Cercle Littéraire et Artistique se réunit au coin de la rue, dans l'actuel Musée Fin-de-Siècle, pour assister à la création de la Sonate pour piano et violon (1886) de César Franck (1822-1890). Cette sonate était un cadeau de mariage du compositeur français au violoniste belge Eugène Ysaÿe, qui la créa en public avec la pianiste Léontine Bordes-Pène. Le concert de l'après-midi joua les prolongations et la nuit hivernale tomba avant même que la sonate ne soit jouée. L'excitation dans la salle fit place à l'obscurité et à la déception, car pour protéger les peintures du musée, la direction interdisait l'éclairage artificiel. Il n'était même pas question de craquer une allumette. Alors que le concert menaçait de prendre fin prématurément, un Ysaÿe déterminé lança le doux thème de mémoire et plus rapidement que Franck ne l'avait écrit. Les ombres s’intensifièrent, l'Adagio se transforma en un Allegretto ben moderato, mais surtout, cette sonate finit par devenir une œuvre de répertoire et conduisit à une reconnaissance tardive de l'œuvre de Franck. Son élève Vincent d'Indy était présent et décrivit le concert comme un « miracle inoubliable pour les personnes présentes ». La composition présente quatre mouvements dont les thèmes sont liés les uns aux autres tels des cousins. Le thème du premier mouvement revient de manière fragmentée dans le deuxième mouvement, tandis que dans le Recitativo-fantasia improvisé, Franck fait déjà allusion au matériau musical du dernier mouvement. Ce principe cyclique, où les idées musicales reviennent tout au long de l'œuvre – et ne se limitent pas à un seul mouvement – est caractéristique de Franck et témoigne de son talent d'improvisateur, de sa finesse contrapuntique et de l'influence de Franz Liszt. D'ailleurs, le parcours de Franck en tant que compositeur était contraire aux ambitions de son père, qui le poussait à devenir un virtuose du piano. Franck prenait d’ailleurs pour modèles des prodiges tels que Mozart et Mendelssohn. Cette sonate sonna enfin son heure de gloire tant espérée.

Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) était lui aussi promis à un bel avenir dès l'enfance, du moins aux yeux de ses parents. Avec sa sœur Fanny, de quatre ans son aînée, il apprit le piano dès l'âge de six ans. Des cours de violon et de composition suivirent peu de temps après. À la demande de son professeur Carl Friedrich Zelter, Mendelssohn composa la Sonate pour violon en fa (1820) à l'âge de 11 ans. À cette époque, le jeune Felix avait déjà fait plusieurs apparitions publiques et s’était essayé à la musique de chambre pour piano et cordes dans le Récitatif pour piano et cordes (1820), publié à titre posthume, ou dans le Trio pour piano en do mineur (1820). L'Allegro ouvre la sonate pour violon de manière ludique, avec des trilles dans les basses au clavier et des notes de passage fugaces dans la partie supérieure, tout en répondant aux attentes de son professeur de composition. Les quatre variations du thème de l'Adagio se distinguent facilement les unes des autres : sa structure est limpide. Grâce à Zelter et à l'adhésion de Mendelssohn à la Berliner Singakademie, Mendelssohn se familiarisa avec l'œuvre de Jean-Sébastien Bach et ses contemporains : une découverte cruciale de la musique « ancienne » qui l’incita à affiner son propre style musical. Dans le troisième mouvement, rapide, il honore – consciemment ou non – l'héritage de Joseph Haydn. Le tempo, le phrasé et l'harmonie font un clin d'œil espiègle et juvénile au finale de la Symphonie n° 102 de Haydn.

Outre Franck et Mendelssohn, la violoniste Lisa Batiashvili et le pianiste Giorgi Gigashvili interprètent de la musique de leur pays, la Géorgie. Vaja Azarashvili (°1936) est le porte-parole musical des Géorgiens depuis des décennies. Avec ses musiques de film et de théâtre, ses chansons pop et ses œuvres symphoniques, il s'est frayé un chemin dans la mémoire collective. Nocturne (1986) porte encore les traces de l’héritage romantique tardif, mais comme les vagues de la Mer Noire, sa mélodie intemporelle et réconfortante nous transporte dans l’ici et maintenant. Et pour faire face à la nuit qui tombe tôt, la première œuvre de cette soirée de concert sera une source de lumière que votre présence fera briller de plus belle.

Guillaume De Grieve (trad. Judith Hoorens)

Lisa Batiashvili

violon

La violoniste géorgienne Lisa Batiashvili, mondialement connue pour sa sonorité riche et son articulation raffinée, a étudié auprès de Mark Lubotsky et d’Ana Chumachenko. En tant que soliste, elle s'est produite avec le Wiener Philharmoniker, le New York Philharmonic, le BBC Symphony Orchestra et le London Symphony Orchestra, entre autres. Au cours de la saison 23-24, Batiashvili est en résidence au Berliner Philharmoniker, où elle joue et effectue des tournées sous la direction des célèbres chefs d'orchestre Kirill Petrenko et Daniel Barenboim. Pour la prestigieuse maison de disques Deutsche Grammophon, la violoniste a enregistré des œuvres signées notamment Tchaïkovski, Sibelius, Prokofiev et Chostakovitch. Elle soutient également de jeunes musiciens talentueux de Géorgie au travers de la Fondation Lisa Batiashvili

 

Giorgi Gigashvili

piano

Le jeune et prometteur pianiste géorgien Giorgi Gigashvili s'est d'abord fait connaître en remportant le concours The Voice à l'âge de 13 ans. Il a poursuivi ses études musicales avec Revaz Tavadze et étudie actuellement avec Nelson Goerner à Genève. En peu de temps, il a accumulé un nombre impressionnant de récompenses, dont un premier prix au Concours international de piano de Vigo, avec la légendaire Martha Argerich comme présidente du jury, ainsi qu'une deuxième place au Concours international de piano Arthur Rubinstein. Par ailleurs, Gigashvili fait de la musique électronique avec le groupe Tsduneba, dont le nom signifie « séduction ». 

Lisa Batiashvili Foundation

En tant qu'organisation à but non lucratif, la LISA BATIASHVILI FOUNDATION s'engage à soutenir de jeunes musiciens très talentueux résidant sur le territoire géorgien. La fondatrice et directrice artistique, Lisa Batiashvili, sélectionne personnellement les bénéficiaires de bourses, en collaboration avec le conseil de la fondation, composé de personnalités clés de la scène musicale internationale. De plus, il existe la possibilité pour les candidats potentiels de postuler avant une date limite annuellement annoncée.

La fondation vise à contribuer de manière durable au développement de talents musicaux exceptionnels et à faciliter le chemin pour les musiciens ayant des moyens financiers insuffisants pour entamer leur vie professionnelle. La focalisation est dirigée vers le développement personnel des jeunes en soutenant leur éducation musicale et leurs premiers pas dans le monde professionnel de la musique.