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Bozar
Belgian National Orchestra

Belgian National Orchestra & Hermus

3 Déc.'23
- 15:00

Salle Henry Le Bœuf

Richard Wagner (1813-1883)

Tristan und Isolde, WWV 90 (1865) – compilation Henk de Vlieger

Fin prévue à 16h15

Peu d’œuvres ont influencé l’histoire de la musique aussi profondément que le drame musical de Wagner, Tristan und Isolde. Le chef d’orchestre et spécialiste de Wagner, Antony Hermus, interprète un arrangement orchestral de 70 minutes réalisé par le compositeur néerlandais Henk de Vlieger. Cet arrangement a été étendu, spécialement pour ce concert, afin d’inclure le duo d’amour original du deuxième acte et le Liebestod d’Isolde du dernier acte. Dans ce celui-ci, la soprano finlandaise Miina-Liisa Värelä se glisse dans la peau d’Isolde tandis que le grand ténor suédois Michael Weinius chante le rôle de Tristan.

Le duo d'amour du deuxième acte est au cœur de cette compilation de Tristan und Isolde de Wagner. Dans le premier acte, la princesse irlandaise Isolde (ou Iseult) se rend par bateau en Cornouailles pour épouser le roi Marke. Son plan consistant à boire un élixir mortel avec Tristan, le chevalier du roi Marke qui l'accompagne et avec lequel elle a déjà eu une aventure, échoue parce que sa servante Brangäne leur a donné un philtre d'amour.

Dans le deuxième acte, qui se déroule après le mariage entre le roi Marke et Isolde, Isolde attend Tristan pendant que le roi Marke et ses vassaux chassent la nuit. Brangäne la met en garde en vain contre le jaloux Melot, qui a éveillé les soupçons de Marke. Tristan et Isolde maudissent le jour, car ce n'est que la nuit qu'ils peuvent s'adonner à leur amour. Cependant, le retour soudain du roi Marke vient perturber leur intimité...

Le troisième acte se déroule dans le vieux château de Tristan en Bretagne. Tristan tente de se remettre d'une grave blessure subie lors d'un duel avec Merlot. Isolde vient lui rendre visite, mais trouve son amant mourant. Dans le célèbre Liebestod, Isolde décide de rejoindre Tristan dans la mort.

Les mythes celtiques entourant la figure de Tristan - un chevalier du monde du roi Arthur - ont inspiré Wagner pour composer ce qui est peut-être le drame amoureux le plus intense de tous les temps. Mais la philosophie d’Arthur Schopenhauer est tout aussi importante que le roman en vers de Gottfried von Straßburg, Tristan. Selon ce philosophe, le « salut » réside uniquement dans la négation de la volonté de vivre. Wagner l’exprime de façon magistrale : ses accords nostalgiques ne trouvent pas de repos pendant des heures - le désir grandit et grandit - jusqu’à ce que finalement, pendant l’Isoldes Liebestod, tout se résolve une tonalité plus haute que celle dans laquelle le drame musical a commencé. L’union de Tristan et Isolde n’est possible que dans la mort. La partition exigeante est connue pour épuiser le public, émotionnellement, psychologiquement et physiquement. Cependant, la rédemption à la fin de Tristan und Isolde est d’autant plus grande. «Le monde est pauvre pour celui qui n’a jamais été assez malade pour goûter à ce ‘plaisir infernal’», a écrit un jour Nietzsche.

Comment vous êtes-vous lancé dans les compilations symphoniques ?
Pendant près de 40 ans, j’ai officié en tant que percussionniste au sein du Radio Filharmonisch Orkest mais parallèlement à cette fonction, j’ai toujours composé et fait des arrangements. Au début des années 1990, ces activités ont connu un coup d’accélérateur lorsqu’Edo de Waart, à l’époque chef principal de l’orchestre, m’a demandé une compilation symphonique du cycle du Ring de Wagner pour une tournée en Allemagne. Ce fut un énorme succès puisque la même année déjà, cette compilation sortait sur CD. Un peu plus tard, j’ai reçu une commande pour une compilation symphonique de Parsifal. À l’entrée en fonction d’un nouveau directeur d’orchestre – qui souhaitait publier un coffret de compilations de drames musicaux de Wagner – j’ai aussi été sollicité pour une compilation de Tristan und Isolde. Au cours de ces vingt dernières années, divers orchestres et chefs étrangers ont découvert ces suites. Voilà comment tout a commencé !

Êtes-vous un amoureux de Wagner ?
Pas forcément, et c’est là que se situe toujours le malentendu. Je n’ai été qu’une seule fois à Bayreuth et je n'ai même pas assisté à une production. Nous avons juste fait le tour du Festspielhaus en voiture, sans même y entrer car les musiciens étaient en train de répéter. Avant qu'Edo de Waart ne me demande mes premières compilations, nous venions de jouer en concert l'intégralité du cycle du Ring avec le Radio Filharmonisch Orkest. Ce fut mon premier contact avec la musique wagnérienne. Wagner est évidemment un formidable compositeur, un musicien incontournable. Il a radicalement changé l'histoire de la musique et son influence est toujours aussi importante aujourd’hui.

Quelles sont les idées qui sous-tendent votre compilation symphonique de Tristan und Isolde ?
Lors de la réalisation d'une compilation symphonique, il faut choisir des extraits assez longs où l'orchestre tient le rôle principal. Pour le Ring, j’ai plutôt bien réussi à raconter l’histoire originale en opérant de la sorte. Cette « stratégie » n’a pas fonctionné avec Parsifal, raison pour laquelle j’ai choisi de me concentrer sur l'aspect rituel. Pour Tristan und Isolde, la sélection m’a aussi donné du fil à retordre et mon choix s’est finalement porté sur sept extraits qui traduisent bien ce que les protagonistes ressentent. Plus concrètement, après le prélude, nous entrons immédiatement dans le deuxième acte : le moment où le roi part à la chasse, où Isolde tombe en extase et où elle rencontre enfin Tristan. J’ai intitulé leur duo – le cœur de l’opéra – « Nachtgesang » (Chant nocturne). Cette scène est brutalement interrompue par le retour du roi. Viennent ensuite trois extraits du troisième acte. Le premier se concentre sur ce que ressent Tristan, le deuxième évoque la rencontre entre Tristan et Isolde et le troisième s’achève sur le célèbre Liebestod.

Pour le concert du 3 décembre, vous avez prolongé la compilation symphonique en concertation avec Antony Hermus, en y ajoutant des passages chantés. Sur scène, nous retrouvons donc l’orchestre accompagné de Tristan (Ben Gulley), Isolde (Martina Serafin) et Brangäne (Barbara Koselj).
Tout à fait ! La compilation originale dure environ 70 minutes. Antony Hermus m'avait demandé de la prolonger pour qu’elle dure toute la soirée, sans entracte, et d’y inclure des passages chantés. Après nous être concertés, nous avons décidé de confier à des chanteurs le duo d’amour du deuxième acte. Le « Nachtgesang » est donc beaucoup plus long. Le passage Isoldes Liebestod est également chanté. Le concept initial – faire entendre ce que ressentent les protagonistes – est maintenu. En revanche, toutes les scènes en extérieur – les cors de chasse du roi Marke, les mises en garde de Brangäne, le solo du cor anglais – sont jouées par des musiciens qui ne sont pas sur scène.

On lit dans tous les ouvrages d’histoire de la musique que Tristan und Isolde a marqué un tournant. Comment l’expliqueriez-vous en vous basant sur la partition
Dans son drame musical, Wagner fait éclater pour la première fois le cadre de la tonalité. Et d’emblée, dès le prélude, au point que nous avons dû mal à l’identifier clairement. Pendant plus de quatre heures, le compositeur nous tient en haleine en multipliant des accords comme suspendus en l’air. Mike Poddé, présentateur de la très célèbre émission de télévision néerlandaise Podium Klassiek, a dit un jour : « Je n’arrive pas à écouter du Wagner, et encore moins son Tristan und Isolde. Il n’y a pas de points, seulement des virgules ».  Et en effet, ce n'est qu'à la fin, pendant le Liebestod, l'apogée extatique de l’œuvre avec la réunion dans la mort de Tristan et Isolde, que Wagner met un point final à la partition. C'est exactement la même musique, d'ailleurs, que Wagner utilise dans le duo du deuxième acte, mais ici pas de point : le tête-à-tête musical est brusquement interrompu par l’arrivée du roi.

Et l’orchestration ?
Wagner est bien sûr également célèbre pour avoir vraiment innové sur le plan du timbre, de l’orchestration.  Tristan und Isolde est une œuvre assez tardive, composée après Das Rheingold et Die Walküre. L'ajout d'instruments comme la clarinette basse et le hautbois alto, ainsi que l'utilisation de nombreuses familles de cordes, avec différentes cordes solistes, lui a permis de faire entendre des timbres encore inédits. Wagner faisait preuve d’un savoir-faire incroyable dans ce domaine. Dans une lettre adressée à Mathilde Wesendonck, il décrit lui-même cet art comme « l'art de la transition continue ». Wagner prenait le temps de construire ces transitions à l’aide d’harmonies et d’orchestrations, créant ainsi des mouvements pénétrants de flux et de reflux.   

Comment s'est déroulée la collaboration avec Antony Hermus ?
Il y a quinze ans, j'ai reçu un courriel auquel je ne m’attendais pas : « Vous ne me connaissez peut-être pas, mais je suis Antony Hermus, GMD (Generalmusikdirektor) à Hagen. A l’occasion du centenaire de l’orchestre, nous avons réalisé un CD avec un enregistrement de votre compilation symphonique de Tristan und Isolde. Pouvez-vous me donner votre adresse pour que je puisse vous l’envoyer ? ». Je lui ai répondu et j’ai reçu le CD. En l’écoutant, j’ai eu un véritable choc. Quelle interprétation incroyable, c’était tout simplement superbe. Nous nous sommes rencontrés à Amsterdam et cette rencontre a marqué le début d'une longue collaboration. Antony Hermus est aujourd’hui un grand défenseur de mes arrangements wagnériens. C’est très agréable de travailler avec lui, car nous sommes vraiment sur la même longueur d’onde sur le plan musical.

Interview par Mien Bogaert pour Belgian National Orchestra

 

Vous pouvez suivre les textes chantés ici.

Anthony Hermus

direction musicale

Anthony Hermus est chef d'orchestre principal du Belgian National Orchestra et premier chef d'orchestre invité du Noord Nederlands Orkest et de l’Opera North basé à Leeds, en Angleterre. Après avoir étudié le piano avec Jacques de Tiège et la direction d'orchestre avec Jac van Steen et George Fritzsch, il a commencé sa carrière au Theater Hagen, où il est rapidement passé de directeur de répétition à directeur musical. De 2009 à 2015, Antony Hermus a été directeur musical à Dessau, où il a notamment dirigé son premier cycle du Ring. Aujourd'hui, Antony Hermus dirige tous les grands orchestres néerlandais. Il est également très demandé en tant que chef d'orchestre invité en dehors des Pays-Bas. D'une part pour des productions d'opéra (Stuttgart, Strasbourg, Göteborg, Komische Oper Berlin, Opéra de Paris studio, Essen et le Nederlandse Reisopera), d'autre part pour des engagements en concert (Royal Philharmonic, BBC Scottish et Danish National Orchestra, l'Orchestre National de Lyon, Bamberg Symphony, Melbourne Symphony, Oregon Symphony).

 

Miina-Liisa Värelä

soprano - Isolde

La soprano finlandaise Miina-Liisa Väreläa étudié à l'Académie Sibelius d'Helsinki. Elle a récemment chanté Isolde dans Tristan und Isolde de Wagner avec le Los Angeles Philharmonic Orchestra et Gustavo Dudamel. Parmi les autres rôles qu'elle a interprétés dans Wagner, citons Sieglinde/Die Walküre, Ortrud/Lohengrin et Senta/Der fliegende Holländer (Finnish National Opera). Un autre moment fort de sa carrière fut son interprétation de Die Färberin dans la mise en scène de Lydia Steier de Die Frau ohne Schatten de Strauss au célèbre Festspielhaus de Baden-Baden avec le chef d'orchestre Kirill Petrenko et le Berliner Philharmoniker. Elle a déjà chanté ce même rôle au Semperoper (sous la direction de Christian Thielemann), à l'Oper Frankfurt et au Bayerische Staatsoper (sous la direction de Sebastian Weigle).

Barbara Kozelj

mezzo-soprano - Brangane

En 2013, la mezzo-soprano slovène Barbara Kozelj a fait ses débuts avec l'Orchestre royal du Concertgebouw. Un an plus tard, elle a fait ses débuts au Carnegie Hall dans la Passion selon saint Matthieu de Bach avec Iván Fischer. Elle est très demandée en tant que soliste de concert et sur la scène de l'opéra. Parmi les moments forts de sa carrière, on peut citer ses interprétations de Mélisande/Pelléas et Mélisande avec l'Orchestre national de Taiwan et Jun Märkl à Taipei, de Brangäne/Tristan und Isolde à l'Opéra de Leipzig et au festival Wagner22, de Judith/Le Château de Barbe-Bleue avec Antony Hermus et le National Jeugdorkest.

Michael Weinius

ténor - Tristan

Depuis que le ténor suédois Michael Weinius a remporté le Concours International Wagner à Seattle en 2008, il est devenu l'un des ténors lyriques les plus demandés au monde. Il a récemment chanté Erik/Der fliegende Holländer à l'Opéra de Paris, Siegfried dans Siegfried et Götterdämmering au Wiener Staatsoper et au Deutsche Oper Berlin, Bacchus/Ariadne auf Naxos à l'Opera Ballet Vlaanderen et Laca/Jenůfa à l'Opéra national de Norvège. Il a récemment endossé le rôle de Tristan dans Tristan und Isolde de Wagner dans une production du LA Philharmonic Orchestra avec Gustavo Dudamel et bientôt au Deutsche Oper Berlin et au Teatro Massimo di Palermo.

Florestan Bataillie

narrateur

Florestan Bataillie a étudié le piano au Conservatoire royal de Bruxelles avec Boyan Vodenitcharov, Hans Ryckelynck et Jan Michiels. Il est membre de plusieurs ensembles de musique de chambre tels que le duo Adelfoi et le duo de piano Impression. En tant qu'accompagnateur de chansons, il travaille intensivement avec le baryton-basse Werner Van Mechelen et la soprano Emma Posman. Il a également effectué une tournée en Flandre avec des spectacles tels que In Flanders Fields, Verlaine, poète maudit et Tchaikovsky's secret. Outre ses propres projets, Florestan Bataillie est un accompagnateur et un artiste indépendant très demandé. Il donne de plus en plus de conférences et d'introductions pour diverses organisations musicales belges. Il est également actif en tant que compositeur. En 2022, son premier album solo "Repeat" a été publié par Etcetera Records.

Belgian National Orchestra

Fondé en 1936, le Belgian National Orchestra est en résidence permanente à Bozar. Depuis septembre 2022, l’orchestre est placé sous la direction du chef principal Antony Hermus ; Roberto González-Monjas en est le chef invité et Michael Schønwandt le chef associé. Le Belgian National Orchestra se produit aux côtés de solistes renommés tels que Hilary Hahn, Thomas Hampson, Leif Ove Andsnes, Víkingur Ólafsson, Sergey Khachatryan et Truls Mørk. Il s’intéresse à la nouvelle génération d’auditeurs et ne recule pas devant des projets novateurs tels que sa récente collaboration avec Stromae sur son dernier album Multitude. Le Belgian National Orchestra bénéficie du soutien du Tax Shelter du gouvernement fédéral belge, de la Loterie nationale et de Casa Kafka Pictures

Konzertmeister
Misako Akama

premier violon
Sophie Causanschi ***
Isabelle Chardon *
Sarah Guiguet *
Maria-Elena Boila
Nicolas Deharven
Françoise Gilliquet
Philip Handschoewerker
Akika Hayakawa
Arianne Plumerel
Ignacio Rodriguez
Dirk Vandemoortel
Isabelle Rowland
Paola Carmona

second violon
Veerle Houbraeken
Nathalie Lefin *
Tatiana Koychurenko
Sophie Demoulin
Isabelle Deschamps
Hartwich D’Haene
Pierre Hanquin
Anouk Lapaire
Jacqueline Preys
Ana Spanu
Louis Corral
Julia Barbero

alto
Marc Sabbah *
Mihoko Kusama *
Dmitry Ryabinin*
Sophie Destivelle
Katelijne Onsia
Marinela Serban
Silvia Tentori Montalto
Edouard Thise
Nicolas Altieri
Fred Camacho

violoncell
Olsi Leka ***
Dimitri Sylvian **
Tine Muylle
Lesya Demkovich
Philippe Lefin
Uros Nastic
Harm Van Rheeden
Taras Zanchak

contrebasse
John Van Leerop
Serghei Gorlenko *
Ludo Joly *
Svetoslav Dimitriev *
Dan Ishimoto
Miguel Meulders
Gergana Terziyska

flûte
Denis Pierre Gustin **
Jérémie Fèvre *
Clemence Dujardin

hautbois
Dimitri Baeteman ***
Bram Nolf *
Tim Van Thuyne

clarinette
Julien Beneteau **
Maxim Connoir *
Lionun Planchon

basson
Gordon Fantini ***
Bob Permentier **
Filip Neyens *

cor
Anthony Devriendt ***
Kristina Marscher- Turner
Jan Van Duffel *
Katrien Vintioen *
Bernard Wasnaire *
Dries Laureyssen
Hans Vanderzande
Luc Vanhove
Sophie Huyghe
Bruno Melcekbeke

trompette
Leo Wouters ***
Andreu Vidal **
Ward Opsteyn *

trombone
Bruno Debusschere **
Koen Severens
Wim Mattheeuwsen

tuba
Mathijs Van Rijswijk ***

timbale
Nico Schoeters ***

*** chef de pupitre
** 1° soliste
* soliste