Cuarteto Quiroga
16 Nov.'25
- 11:00
HLB Stage
Luigi Boccherini (1743-1805)
Quatuor à cordes n°3 en mi bémol majeur, op. 24 (1777)
Joseph Haydn (1732-1809)
Quatuor à cordes en ré mineur op. 42, Hob.III:43 (1785)
João Pedro de Almeida Mota (1744-c.1817)
Quatuor à cordes en ré mineur n°2, II, op. 6 (s.a. z.d.)
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Quatuor à cordes n° 11, op. 95, "Serioso"
Coproduction : EUROPALIA ESPAÑA
En collaboration avec AECID / Ministry of Foreign Affairs, European Union and Cooperation of Spain.
Avec le soutien de Acción Cultural Española (AC/E)
Des petites clés :
- À la fin de la première phrase du quatuor à cordes de Boccherini, on entend la musique se tordre considérablement : le premier violon s’attarde un instant sur la « fausse » note avant de rejoindre les cordes graves.
- Le troisième mouvement de l’opus 42 est un bel exemple de l’écriture économe de Haydn : la mélodie initiale reste présente jusqu’à la fin, que ce soit au violon, au violoncelle ou aux voix intermédiaires...
- Dans son Onzième Quatuor à cordes, Beethoven se complaît dans le sérieux et le tourment durant près de quatre mouvements. Mais accrochez-vous : à la fin du dernier mouvement, il passe à une tonalité majeure joyeuse.
Le quatuor à cordes selon Goya
Le Cuarteto Quiroga possède sa part de fierté nationale : sur leur album Heritage, The Music of Madrid in the Time of Goya, les Espagnols offrent un aperçu du genre à l’époque et dans l’entourage de Francisco Goya. Il est, pour la plupart d’entre nous, difficile de s’imaginer ce que cela représente. Après tout, quel rapport le peintre, qui était d’ailleurs complètement sourd depuis l’âge de 46 ans, pouvait-il bien avoir avec la musique ? Elle n’est pourtant pas difficile à trouver dans son œuvre : pensez donc aux sonorités infernales du sabbat des sorcières, aux nombreux guitaristes qu’il a représentés ou aux bergers et leurs dulzainas. Ce soir, ce sont toutefois des univers musicaux différents, plus classiques, qui vous attendent. Avec le maître et sa capitale comme fil conducteur, notre quatuor ne se contente pas de puiser dans le répertoire établi pour quatuor à cordes, mais fait également ressortir quelques perles ibériques oubliées. Un portrait espagnol du jeune quatuor à cordes, pourrait-on dire.
Éclipsés par les grands noms de la scène autrichienne, les quatuors à cordes des cours espagnoles de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle attendent encore d’être revalorisés. Le genre était pourtant bien vivant et s’est cristallisé dans quelques œuvres très raffinées. Ce soir, le Cuarteto Quiroga en met deux à l’honneur, celles de Luigi Boccherini et de João Pedro Almeida Mota.
Des deux, Boccherini est sans doute le plus connu. Compositeur et violoncelliste d’origine italienne, il est réputé pour sa musique de chambre, en particulier pour ses œuvres pour cordes. De 1769 à 1778, il vécut à Madrid, où il travailla pour le compte de Don Luis, le frère cadet du roi Charles III d’Espagne. Sous cette protection princière, il s’épanouit pleinement sur le plan artistique et composa notamment son Quatuor à cordes en mi bémol majeur n° 3, op. 24. La principale contribution durable de Boccherini au quatuor à cordes est le rôle plus important qu’il attribua au violoncelle. Cette préférence ne surprend guère, étant donné qu’il était lui-même un virtuose de cet instrument. Pourtant, dans son quatuor, ce sont surtout les violons qui retiennent l’attention. Tantôt fluides, tantôt sautillants ou langoureux et mélodieux, ils relient les trois élégants mouvements de cette œuvre, véritable exemple du style galant que Boccherini maîtrisait à la perfection.
Avec le Quatuor à cordes, op. 42 de Joseph Haydn, nous nous dirigeons vers des contrées plus septentrionales, étant donné que le compositeur austro-hongrois n’a jamais mis les pieds au sud des Pyrénées. Pourtant, le lien avec l’Espagne est bel et bien présent : en 1785, Haydn composait, selon ses propres dires, trois « courts quatuors à cordes » commandés par un mécène espagnol. Il ne termina finalement pas la trilogie prévue, mais recycla probablement le matériau musical composé dans son opus 42. Comme il sied à un maître, Haydn ne fait pas étalage de son talent dans ce quatuor à cordes, mais sous la surface, la musique est extrêmement ingénieuse. Dans chaque mouvement, il part d’un matériau musical minimaliste et extrêmement simple, avec lequel il parvient néanmoins à créer différentes textures et à établir des dialogues entre les instruments (ou groupes d’instruments). Ainsi, trois motifs tirés du thème principal lui suffisent à élaborer tout le premier mouvement. Les parties suivantes sont tout aussi économes, mais dans le mouvement final, Haydn sort le grand jeu : avec son humour caractéristique, il ne cesse de tromper l’auditeur en alternant un style complexe et imitatif et un style simple et « populaire ».
Le compositeur et chanteur portugais João Pedro Almeida Mota séjourna en Espagne et travailla pendant un certain temps à Madrid au service de la famille royale. Il composa la majeure partie de sa musique profane en tant que maître de chapelle sous Charles IV, frère de Don Luis (qui fut l’employeur de Boccherini). Almeida y composa des cançonetas italiennes, mais aussi de la musique de chambre pour cordes. Son Quatuor à cordes en ré mineur se compose de quatre mouvements au lieu des trois habituels à l’époque, signe d’une influence viennoise. Dans son œuvre, Almeida réunit donc différentes influences internationales, celles de Boccherini, compositeur de la cour, mais aussi celles de Pleyel et, bien sûr, de Haydn. Il est clair que le Madrid musical de l’époque ne s’enfermait pas sur lui-même, mais s’inscrivait pleinement dans les dernières évolutions musicales. Ces influences internationales sont également reconnaissables dans le quatuor d’Almeida. Mis à part le début modeste du deuxième mouvement, il s’agit d’une œuvre assez enjouée, dans laquelle une clarté énergique s’insinue sous la forme d’unissons et d’accents décidés, par exemple dans le troisième mouvement (le menuet).
Outre Haydn, véritable « père » du quatuor à cordes, un nom aussi prestigieux que celui de Beethoven ne pouvait manquer à ce programme. Peu d’œuvres méritent autant leur surnom que son « sérieux » Onzième Quatuor à cordes de 1810. Avant d’entamer l’œuvre et durant sa composition, le compositeur était vraiment au plus bas : il avait connu des déceptions amoureuses, sa surdité s’était aggravée, sa santé générale était défaillante et ses finances laissaient à désirer. De plus, il avait composé l’œuvre à Vienne durant la troisième occupation de la ville par l’armée de Napoléon. Une œuvre « sérieuse » était donc tout à fait appropriée. Ce qui frappe particulièrement dans ce quatuor, ce sont les nombreuses expérimentations formelles et autres particularités intégrées par Beethoven. En voici quelques exemples : le premier mouvement est, comme d’habitude, conçu comme une forme sonate, mais celle-ci est inhabituellement concise. La tonalité de ré majeur du deuxième mouvement surprend après le premier en fa majeur, et le troisième mouvement est un scherzo « sérieux », un oxymore absolu. Dans le quatrième mouvement, qui poursuit l’intensité du troisième, la forme sonate attendue est raccourcie. En bref, Beethoven « raccourcit » et « déforme » le quatuor à cordes de multiples façons dans cette œuvre, semblant ainsi anticiper les expérimentations qui allaient marquer ses dernières années.
Benjamin Windelinckx
Cuarteto Quiroga
Le Cuarteto Quiroga a été fondé en 2003 et tire son nom du violoniste galicien Manuel Quiroga. Le quatuor espagnol est composé d’Aitor Hevia (violon), Cibrán Sierra (violon), Josep Puchades (alto) et Helena Poggio (violoncelle). En 2023, ils ont été artistes en résidence au Palais royal de Madrid et en 2018, ils ont remporté le Premio Nacional de Música. En 2019, ils ont sorti un album acclamé par la critique, comprenant des œuvres de l’époque de Goya, dont deux créations mondiales, interprétées sur des cordes en boyau. Sur leur dernier album, ΑΤΟΜΟΣ, le quatuor revient à l’essence même du quatuor à cordes avec Haydn, Beethoven et Bartók.
Bozar Maecenas
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Bozar Patrons
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