Huelgas Ensemble & Paul Van Nevel

Anonymus, Firenze (1563)              
Alma che scarca de Libro primo delle laudi spirituali (Venise, 1563) 

Anonymus, Cyprus (ca. 1380)           
Je sui trestout d’amour raimpli de Manuscrit de Chypre 

Max Reger (1873-1916)  
Es waren zwei Königskinder de 8 Ausgewählte Volkslieder, WoO VI/11 (1899) 

Nicolas Craen (ca. 1470-1507)  
Ave Maria de Motetti A (Venise, 1502) 

Jacobus Gallus (1550-1591)  
Mirabile Mysterium de Opus musicum I (Prague, 1586) 
Planxit David de Opus musicum III (Prague, 1587) 

Pierre Sandrin (ca. 1490 - après 1561)  
Puisque vivre en servitude         

Willem Ceuleers (*1962)  
Io non so ben         

Cipriano de Rore (1515-1565) 
Donec gratus eram tibi  de 26 Motets (1559)       

Luca Marenzio (ca. 1553-1599) 
Solo e pensoso de Il nono libro de madrigali (Venise, 1599) 

Anonymus, Avignon (?) (ca. 1390)           
D’ardant desir / Se fus d’amer / Nigra est set formosa de Codex Chantilly 

Max Reger 
Der Mensch lebt und bestehet nur eine kleine Zeit de Acht geistliche Gesänge, Op. 138 (1914) 

Philippus de Monte (1521-1603)  
Fui preso fui ferito             

Ludwig Senfl (ca. 1490-1543) 
Mollis inertia  

Durée : 75' sans pause 

Le Songe de Poliphile 

Tout comme l’avait fait Franz Liszt dans Après une lecture du Dante, Paul Van Nevel a conçu ce programme après avoir lu Hypnerotomachia Poliphili (Le Songe de Poliphile, 1499). Attribuée au prêtre et moine dominicain vénitien Francesco Colonna (1432-1527), l'œuvre raconte, dans un langage très stylisé, la quête imaginaire de Poliphile d’une certaine Polia, dont il est passionnément amoureux. Colonna régale le lecteur en décrivant dans les moindres détails toute l'esthétique de l'époque de Poliphile : l'architecture, la nature et les fleurs (jusqu'à leur parfum), les bijoux, la littérature et la musique, la danse, la culture antique, l'élégance physique, les rituels anciens, et surtout, bien sûr, l'amour. Il s’épanche sur tous les plaisirs et les déceptions provoqués par Cupidon dans ce contexte. 

Après avoir lu Le Songe de Poliphile, Paul Van Nevel s'est rendu compte que les idéaux de beauté de la Renaissance faisaient, pour ainsi dire, le lien entre différentes périodes stylistiques : du Moyen Âge (Pétrarque) à la Renaissance (les madrigalistes et les polyphonistes) et au XIXe siècle, où les cultures de l’Antiquité jouissaient d'une grande popularité. Ce programme ne porte pas sur la Renaissance, mais sur la beauté, et se fonde sur la définition première du « romantisme » en tant que fascination pour l’époque médiévale. Le livre de Colonna est à l'origine d'une dramaturgie remarquable qui traite des différentes formes d'amour et de désir. Bien que le livre soit une œuvre ouvertement érotique, il peut également être interprété comme une allégorie, à l'instar du Cantique des cantiques de l'Ancien Testament. L'intrigue se déroule dans un rêve, ce qui ajoute encore à l'ambiguïté. Toutes ces caractéristiques (l'amour qui est à la fois physique et spirituel, qui est à la fois réciproque et conduit à la déception et même à la souffrance, et le rêve comme symbole de la futilité et de l'éphémère) sont présentes dans les différentes compositions musicales. 

La pièce d'ouverture, qui provient probablement du milieu des ordres de frères italiens, est une contemplation sur la finalité de la vie humaine : il s’agit du lauda (hymne) anonyme Alma, che scarca. Le thème de la mort est également présent dans le motet à huit voix Planxit David, une complainte du roi David d'Israël sur la perte tragique de son fils Absalom, signée par le compositeur slovène Jacobus Gallus. La ballade folklorique Es waren zwei Königskinder a été arrangée avec sensibilité dans le même esprit par Max Reger en 1899. Der Mensch lebt und bestehet nur eine kleine Zeit, œuvre de Reger datant de 1914, reflète la brièveté et le caractère éphémère de la vie humaine. Quant à Luca Marenzio, dans l'un des madrigaux les plus connus de la Renaissance italienne, Solo e pensoso, il évoque le caractère du sonnet dans lequel Pétrarque se lamente sur la perte de sa bien-aimée Laura. Le miracle de l’immaculée conception et de la naissance virginale du Fils de Dieu est abordé dans deux motets : l'Ave Maria à quatre voix de Nicolaus Craen, tiré de l'un des premiers recueils de polyphonie imprimés (Motetti A, Venise, 1502), et le Mirabile mysterium à cinq voix de Jacobus Gallus. Ici, le lien mystérieux entre la divinité et l'humanité prend vie grâce à des méthodes musicales innovantes et audacieuses. 

Le reste du programme est consacré au thème du désir érotique ardent. La luxure charnelle, contenue par les règles de la courtoisie, est représentée à travers deux exemples datant de la fin du XIVe siècle : la chanson Je sui trestout d'amour raimpli de la cour du roi Janus de Chypre (1375-1432) et le motet profane Dardant desir / Se fus d'amer / Nigra est set formosa de la cour pontificale d'Avignon. L'amour inassouvi est également souligné par la chanson strophique populaire de Pierre Sandrin Puisque vivre en servitude, datant de la même époque. Enfin, les poèmes d'Horace mis en musique par Ludwig Senfl et Cipriano de Rore font écho à toute la luxuriance érotique de la littérature antique. 

Jan Baťa (traduit par Judith Hoorens) 

Anonymus, Firenze - Alma che scarca  
Alma che scarca dal corporeo  
Velo hoggi salist’alla superna corte  
Di cui l’amo signor con puro zelo  
T’aperse gia col suo morir le porte  
Felic’e bella che col re del cielo  
Trionf’ e godi dell’eterna morte  
Prega il signor’ eterno e glorioso  
Ch’a noi con teco in ciel doni riposo.  

Anonymus, Cyprus - Je sui trestout d’amour raimpli  
Je sui trestout damour raimpli  
Dieu soit loé ce m’est grant grace  
D’amer n’oblieray la trace  
Tant que vivrai je vous affi.  

Et n’ai doute qu’on mal me face  
Puisque d’amour sui sans nul sci  
Et qui me voit de lie face  
Pourquoi ne puis avoir soussi.    

Par sa gracieuse merci  
Qui de moy toute peinne casse  
Et me fait dire en toute place  
Tres liement et sans detri.    

Je sui trestout… 

Max Reger - Es waren zwei Königskinder  
Es waren zwei Königskinder,  
Die hatten einander so lieb,  
Die konnten zusammen nicht kommen,  
Das Wasser war viel zu tief.  

"O Liebster, kannst du nicht schwimmen?  
So schwimme doch her zu mir!  
Drei Kerzen will ich dir anzünden,  
Und die sollen leuchten dir."  

Da saß eine falsche Nonne,  
Die tat, als wenn sie schlief.  
Sie täte die Kerzen ausblasen,  
Der Jüngling ertrank so tief.  

Ein Fischer wohl fischte lange,  
Bis er den Toten fand:  
"Nun sieh’ da, du liebliche Jungfrau,  
Hast hier deinen Königssohn".  

Sie nahm ihn in ihre Arme  
Und küßte seinen Mund:       

"Ade nun, o Vater und Mutter,  
Wir seh‘n uns nimmermehr."  

Nicolas Craen - Ave Maria  
Ave Maria gratia plena Dominus tecum  
Benedicta tu in mulieribus  
Et benedictus fructus ventris tui  
Jesus Sancta Maria  
Ora pro nobis peccatoribus.  

Jacobus Gallus - Mirabile Mysterium 
Mirabile mysterium declaratur hodie, 
innovantur naturae; Deus homo factus est; 
id quod fuit, permansit, 
et quod non erat, assumpsit, 
non commixtionem passus neque divisionem. 

Jacobus Gallus - Planxit David 

Planxit David rex Absalon natum suum: 
O nate mi, cur non licet pro te mori? 
Fili parentum nobilis sanguis, iaces, 
spes alta regni, cura divorum potens! 
Eheu, dolor. 
 
Diadema, sceptrum, regium nomen vale; 
Natus meorum ille dux fortis iacet. 
Fili, fili, fili quid istud? Corde confosso impie? 
O Absalon, dilecte mi fili, vale. 
Eheu, dolor. 

Pierre Sandrin - Puisque vivre en servitude 

Puisque vivre en servitude,  
Je debvois triste et dolent.  
Bien heureux je me repute,  
D'estre en lieu si excellent.  
Mon mal est tant violent,  
Mais Amour le veult ainsy  
Veuillez en avoir mercy.  

Willem Ceuleers - Io non so ben  

Io non so ben s’io vedo quel ch’io veggio  
S’io tocco quel ch’io palpo tuttavia  
Se quel che io oda e bugia o vero  
Quel ch’io parlo e ciò ch’io leggio  
Sì travagliato son ch’io non mi reggio  
Né trovo loco né so s’io mi sia  
E quanto volgo più la fantasia  
Più m’abbarbaglio né me ne correggio  
Una speranza un consiglio un ritegno  
Tu sol me sei in sí alto stupore  
In te sta la salute e’l mio conforto  
Tu hai’l saper il poter e l’ingegno  
Drizzami sì che tolta de l’errore  
La vaga mia barchetta prenda porto.    

Cipriano de Rore - Donec gratus eram tibi   
Tekst van Horatius 
Donec gratus eram tibi   
Nec quisquam potior brachia    
Candidae cervice juvenis dabat   
Persarum vigui rege beatior.   

Donec non alia magis arsisti   
Neque erat Lydia   
Post Chloen multi Lydia nominis,   
Romana vigui clarior Ilia.   

Me nunc Thressa Chloe regit,   
Dulces docta modos et citharae sciens  
Pro qua non metuam mori,   
Si parcent animae fata superstiti.     

Me torret face mutua  
Thurini Calais filius Ornyti,   
Pro quo bis patiar mori,   
Si parcent puero fata superstiti.     

Quid si prisca redit Venus   
Diductosque jugo cogit aheneo   
Si flava excutitur Chloe   
Rejectaeque patet janua Lydiae?   

Quamquam sidere pulchrior   
Ille est tu levior cortice  
Et improbo iracundior Adria   
Tecum vivere amem, tecum obeam libens.  

Luca Marenzio - Solo e pensoso   
Tekst van Petrarca 
Solo e pensoso i più deserti campi   
Vo misurando a passi tardi e lenti,   
E gl'occhi porto per fuggir intenti   
Ove vestigio human l'arena stampi.     

Altro schermo non trovo che mi scampi   
Dal manifesto accorger de le genti,   
Perché ne gl'atti d'allegrezza spenti   
Di fuor si legge com' io dentr' avampi.   
Si ch'io mi cred' homai che monti e piagge   
E fiumi e selve sappian di che tempre   
Sia la mia vita, ch'è celata altrui.    

Ma pur sì aspre vie ne sì selvagge  
Cercar non sò ch'amor non venga sempre   
Ragionando con meco, et io con lui.   

Anonymus, Avignon (?) - D’ardant desir / Se fus d’amer / Nigra est sed formosa 
D’ardant desir plains poinés nus  
Sans riens somir merchi qui nus  
Vrais soufraideus devroit avoir  
Pour enuieus s’il ont avoir  
Ne le ray que ne fache quant  
Qu’amours a che m’atis et quant  
Ensi m’estuet passer m'en duel  
Et chelle vuet pour que me duel  
Qu’il soit ensi et sans jamais  
Estre ens miri ch’est ma mort  
Mais au mains seray  
En espoir sers tant com vivray.    

contratenor  
Se fus d’amer par bien amer  
En grief penseur en sospirer  
En lamenter en fol errer  
Me fet viver pour que n’a per tout endurer  
Pour honorer veul cui sanner  
Ne quier rouver.    

tenor  
Nigra est sed formosa.  

Max Reger - Der Mensch lebt und bestehet nur eine kleine Zeit  
Tekst van Matthias Claudius 
Der Mensch lebt und bestehet nur eine kleine Zeit,  
Und alle Welt vergehet mit ihrer Herrlichkeit.  
Es ist nur Einer ewig und an allen Enden  
Und wir in seinen Händen.  
  

Philippus de Monte - Fui preso fui ferito  
Fui preso fui ferito arsi e gelai  
Effetto non d’amore  
Che tant’egli non ha forza e valore  
Fu la forz’ e’l vigor ne le parole  
Che cortesi mi disse il mio bel sole  
E nel soave sguardo  
Fu il ghiaccio e’l foco  
E la prigion e’l dardo.    

Ludwig Senfl - Mollis inertia  
Tekst van Horatius
Mollis inertia cum tantam diffuderit imis  
Oblivionem sensibus.   
Pocula Lethaeos ut si ducentia somnos  
Arente fauce traxerim.    

Candide Maecenas occidis saepe rogando :  
Deus, deus nam me vetat.  
Inceptos olim promissum carmen jambos  
Ad umbilicum adducere.  

Non aliter Samio dicunt arsisse Bathyllo  
Anacreonta Teium.  
Qui persaepe cava testudine flevit amorem  
Non elaboratum ad pedem.  

Ureris ipse miser : quodsi non pulcrior ignis  
Accendit obsessam Ilion.  
Gaude sorte tua me libertino nec uno  
Contenta Phryne macerat.  

Anonymus, Firenze - Alma che scarca 
Soul that is freed from the bodily veil, 
Today you have risen to the heavenly court, 
Whose Lord, whom you loved with pure zeal, 
Has already opened the gates for you with His death. 
Happy and beautiful, you now triumph and rejoice 
With the King of Heaven in eternal life. 
Pray to the eternal and glorious Lord, 
That He may grant us, with you, rest in Heaven.              

Anonymus, Cyprus - Je sui trestout d’amour raimpli  
I am completely filled with love 
God be praised, this is a great grace to me 
I will not forget the path of love 
As long as I live, I assure you. 

And I have no fear that harm will befall me 
Since I am full of love, without any flaw 
And whoever sees me with a happy face 
Why should I not be free of worry? 

By her gracious mercy 
Who relieves me of all pain 
And makes me say everywhere 
Most joyfully and without distress. 

I am completely… 

Max Reger - Es waren zwei Königskinder 
There were two royal children, 
They loved each other so much, 
They couldn't come together, 
The water was too deep. 

"O dearest, can't you swim? 
Then swim to me! 
I will light three candles for you, 
And they shall shine for thee." 

There sat a false nun, 
Who pretended to be asleep. 
She would blow out the candles, 
The young man drowned so deep. 

A fisherman fished for a long time 
Till he found the dead: 
"Now look here, you lovely maiden, 
Here is your king's son". 

She took him in her arms 
And kissed his mouth: 
"Farewell now, O father and mother, 
We will never see each other again.”       

Nicolas Craen - Ave Maria 
Hail Mary, full of grace, 
The Lord is with thee. 
Blessed art thou among women, 
And blessed is the fruit of they womb, Jesus. 
Holy Mary, 
Pray for us sinners.   

Jacobus Gallus - Mirabile Mysterium 
A prodigious mystery is revealed today, 
natures are transformed; God is made man,  
he has remained that which he was  
and has taken on that which he was not, 
having endured neither commingling nor division. 

Jacobus Gallus - Planxit David 
King David lamented for Absalon his son: 
O my son, why is it not allowed for me to die in your place? 
Son, noble blood of your parents, you lie here, 
The great hope of the kingdom, the powerful care of the gods. 
Alas, sorrow! 

Farewell, diadem, royal scepter, and name; 
My son, that brave leader of my people, lies dead. 
Son, what is this? With your heart impiously pierced? 
O Absalom, my beloved son, farewell. 
Alas, sorrow! 

Pierre Sandrin - Puisque vivre en servitude 
Since living in servitude, 
I must be sad and sorrowful. 
I consider myself very fortunate 
To be in such an excellent place. 
My suffering is so intense, 
But Love wills it thus. 
Please have mercy on it. 

Willem Ceuleers - Io non so ben 
I know not if I see what I see 
If I touch what I feel nevertheless 
If what I hear I hear and lie 
Or true what I speak and what I read 
So troubled am I that I do not reign 
Nor find I place nor know if I am 
And the more I turn my imagination 
The more I bewilder myself and the more I wonder 
A hope a counsel a reliance  
Thou alone art to me in such lofty wonderment 
In thee is my health and my comfort 
Thou hast the knowledge of power and wit 
Direct me so that removed from error 
My vague little boat may take harbour.       

Cipriano de Rore - Donec gratus eram tibi   Tekst van Horatius
"As long as I was pleasing to you 
and any better young man was not giving 
his arms to your bright neck, 
I flourished, happier than the king of the Persians." 

"As long as you burned for no other 
more and Lydia was not after Chloe, 
Lydia of many names, 
I flourished brighter than Roman Ilia." 

"Now Thracian Chloe rules me, 
learned in sweet measures and skilled of the lyre, 
for whom I would not fear to die 
if the Fates will spare my surviving sweetheart." 

"Thurinus Calais son of Ornytus burns 
me with a mutual flame, 
for whom I would suffer to die twice, 
if the Fates will spare my surviving boy." 

"What if ancient Venus returns 
and forces the separated ones into a bronze yoke? 
If blonde Chloe is cast out 
and the door is open to scorned Lydia?" 

"Although he is more beautiful 
than a star, you are lighter than a cork and angrier 
than the wicked Adriatic sea, 
I would love to live with you, I, willing, would die with you!"         

Luca Marenzio - Solo e pensoso 
Tekst van Petrarca
Alone and deep in thought, I slowly 
Trudge through the most forsaken lands, 
Ever alert and ready to flee 
The slightest hint of man’s presence. 

I can find no other refuge from 
The knowing gaze of others, 
For in my outward show bereft of joy 
They can read how I burn within. 

Now, therefore, I believe the shores and mountains, 
Rivers and forests know the true colours 
Of my life, which is hidden from other people. 

And yet I fail to find paths rough or wild enough 
To prevent Love from accompanying me, 
Engaging me in constant conversation. 

Anonymus, Avignon (?) - D’ardant desir / Se fus d’amer / Nigra est sed formosa 
Piercing desire, overly poor and naked 
Without any comfort except for nothing 
True to its freshness should have 
For those who might have it 
I will not leave until it troubles 
That love has this ease and when 
Thus, I must pass my sorrow 
And she wishes it to be so that I am in pain 
That it be so and without ever 
Being nourished, this is my death 
But at least I will be 
In hope as long as I live. 

contratenor 
If it were to love through good love 
In great thoughts and sighing 
In lamenting and foolish wandering 
Makes me live so that I can endure everything 
To honor whom I wish to 
I do not wish to find. 

tenor 
She is black but beautiful             

Max Reger - Der Mensch lebt und bestehet nur eine kleine Zeit 
Tekst van Matthias Claudius
Man lives and endures but a little while, 
And all the world perishes with its glory. 
There is only One eternal and at all ends, 
And we in his hands. 

Philippus de Monte - Fui preso fui ferito 
I was taken, I was wounded, I burned, and I froze, 
Not the effect of love, 
For it has neither strength nor value, 
But it was the strength and vigor in the words 
That my beautiful sun courteously said to me, And in the gentle gaze 
There was both ice and fire, 
And imprisonment and the dart      

Ludwig Senfl - Mollis inertia 
Tekst van Horatius
You crush me, honoured Maecenas, by often asking 
Why feeble apathy spreads oblivion over 
My quintessential faculties, as though 
I had sucked with a parched throat 

From the cups that bring on Lethean sleep. 
The God, the God forbids me 
To reach the last verse of the numbers begun, 
The lines long promised. They say 

That Teian Anacreon, who very often 
In simple metres deplored his love 
To his hollow tortoise-shell lyre, 
Burned like this for Samian Bathyllus. 

You are singed yourself, poor man, 
If your flame is fair as that which ignited 
Beleagured Troy, rejoice in your luck. 
The promiscuous ex-slave Phryne macerates me. 

Cantus  

Dorothea Jakob     

Malwine Nicolaus    

Helen Cassano  

Tenor  

Achim Schulz     

Daniel Thomson     

Ozan Karagöz  

Bariton 

Hidde Kleikamp  

Bassus  

Andrés Soler Castaño  

24 Okt.'24 - 20:00 

Amsterdam Baroque Orchestra 

Händel: Esther 

5 Nov.'24 - 19:00 

Cecilia Bartoli & Les Musiciens du Prince - Monaco 

Gluck: Orfeo ed Euridice 

3 Dec.'24 - 20:00 

Alexander Chance & Toby Carr 

Love and Loss 

12 Dec.'24 - 20:00 

Akademie für Alte Musik Berlin 

Bach: Magnificat 

10 Jan.'25 - 20:00 

Jordi Savall & Hespèrion XXI 

Un Mar de Músicas  

24 Feb.'25 - 20:00 

Graindelavoix & Jan Michiels 

Epitaphs of Afterwardness 

14 Maa.'25 - 20:00 

Vox Luminis & Lionel Meunier 

Ein Deutsches Barockrequiem 

9 Apr.'25 - 20:00 

Le Poème Harmonique 

Purcell: Dido and Aeneas 

15 Juni'25 - 19:00 

Los Angeles Master Chorale & Peter Sellars 

Music to Accompany a Departure