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Bach: Christmas Oratorio - Orchestra and Choir of the Age of Enlightenment

10 Déc.'23
- 19:00

Salle Henry Le Bœuf

Johann Sebastian Bach (1685 – 1750)

Weihnachtsoratorium, BWV 248 (1734-1735)

I. Jauchzet, frohlocket! Auf, preiset die Tage, BWV 248 I

V. Ehre sei dir, Gott, gesungen, BWV 248 V

VI. Herr, wenn die stolzen Feinde schnauben, BWV 248 VI

 

Durée : +/- 1h30

Concert sans pause

Contrairement aux autres grandes oeuvres chorales de Bach (les deux Passions et la Messe en si mineur), les dates entre lesquelles Bach écrivit l’Oratorio de Noël et celle de sa première représentation ne soulèvent jamais de questions ni de discussions. Tant le livret imprimé que l’autographe conservé démontrent clairement que cette oeuvre fut écrite pour la période de Noël à la charnière de 1734 et 1735. On peut en conclure que la partition fut transcrite au cours des semaines ou des mois précédant immédiatement cette période. Contrairement à ce que laisserait supposer son appellation d’« oratorio », à sa création, l’oeuvre n’était nullement conçue pour une exécution intégrale. À l’origine, l’Oratorio de Noël n’a en effet pas été pensé comme un tout indissocié, mais bien comme un cycle de six cantates plus ou moins indépendantes, composées en fonction des différentes messes du temps de Noël et qui devaient donc aussi en principe être interprétées lors de services différents : respectivement lors des offices des Premier,  Deuxième et Troisième Jours de Noël, du Nouvel An, du Premier Dimanche après le Nouvel An et de l’Épiphanie (Fête des Rois). Néanmoins, il est évident que Bach, en tous points, a voulu assurer la coherence entre les différentes cantates.

 Le récit de Noël

L’unité que forment les six cantates apparaît en premier lieu au niveau de l’organisation du texte. En principe, le texte d’un oratorio se doit d’être base sur les textes de l’évangile prescrits par l’Église pour les six jours de fête auxquels les cantates sont destinées. Dans le cas de l’Oratorio de Noël, Bach et son rédacteur (selon toute vraisemblance le poète Picander, auteur de nombreux livrets d’oeuvres religieuses de Bach, dont la Passion selon saint Matthieu) se sont cependant par deux fois explicitement écartés de ces prescriptions, chaque fois dans l’intention de ne pas perturber la structure narrative du récit de la Nativité. Ainsi en est-il des premières paroles de l’Évangile de Jean (« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ») qui normalement auraient dû constituer la base de la troisième cantate, et qui furent supprimées car elles ne participaient pas directement au récit de Noël ; il en va de même de La fuite en Égypte qui, en théorie, aurait dû constituer le contenu de la cinquième cantate, et qui fut abandonnée car elle rompait inutilement la ligne chronologique du récit.

Compte tenu de ces deux modifications, la narration se déroule comme suit : les trois premières parties content successivement la naissance du Christ, l’annonciation aux bergers par les anges et l’adoration des bergers rendus à l’étable ; la quatrième, la circoncision de l’enfant, que l’on nomme Jésus ; la cinquième, l’arrivée des Rois Mages à Jérusalem ; la dernière, l’adoration des Rois Mages à Bethléem.

Une unité musicale

Il va de soi que la liaison entre les six parties de l’Oratorio de Noël ne se limite pas à la structure narrative de  l’oeuvre. D’un point de vue strictement musical, Bach a tout mis en oeuvre pour créer un ensemble cohérent. Une indication significative à ce sujet est la relation tonale évidente entre les différentes cantates : trois d’entre elles, dont la première et la dernière, ponctuées par les trompettes et timbales, sont dans la tonalité « festive » de ré majeur, de telle manière que l’oratorio forme une boucle tonale ; deux autres présentent une parenté directe par rapport à la tonalité de base (la deuxième cantate à la sous-dominante sol, la cinquième à la dominante la) ; et la quatrième, finalement, est écrite dans la tonalite un peu plus éloignée, mais somme toute proche encore de fa (une tonalite d’ailleurs en grande partie déterminée dans cette section par les deux cors de chasse).

D’autres aspects moins techniques participent pleinement à la continuité entre les différentes parties : par exemple, cinq des six cantates commencent par un choeur démonstratif. La deuxième cantate est celle qui fait exception : le choeur habituel est remplacé par une sinfonia dans laquelle les hautbois jouent un rôle déterminant. Ce faisant, Bach crée l’atmosphère pastorale convenant au sujet. Un autre indice caractéristique réside dans le fait que les six cantates se concluent par un choral « figuré », c’est-à-dire un choral dont les versets chantés par le choeur sont soit accompagnés soit remplacés par des figures instrumentales qui contribuent à éclairer l’ensemble d’un rayonnement tout particulier. Le choral figuré s’oppose ainsi au choral colla parte, plus fréquent, où les instruments ont comme simple fonction de doubler le chant. Un élément de liaison supplémentaire important est donné par les apparitions « récitantes » de l’évangéliste, et ce du fait que ces récitatifs ont comme fonction de réguler non seulement le cours de la narration mais également celui de la structure musicale. En dernier lieu, l’Oratorio présente un aspect marquant de cohesion musicale. La mélodie du premier choral de la première cantate (n° 5) réapparaît dans le dernier choral de la dernière cantate (n° 64). Par la reprise de cette mélodie (qui nous est familière du fait de son apparition dans la Passion selon saint Matthieu), un vrai arc est tendu, qui couronne les six cantates.

La parodie alla Bach

L’Oratorio de Noël offre un bel exemple de l’emploi extrêmement élaboré chez Bach de la technique de la parodie, technique qui consiste à attribuer un nouveau texte à des compositions antérieures (de lui-même ou d’autres) et à les déplacer dans un contexte musical neuf. Plus précisément, Bach s’est basé sur des fragments de quatre de ses cantates, à savoir les cantates de 1733 BWV 213 (« Lasst uns sorgen, lasst uns wachen ») et BWV 214 (« Tönet, ihr Pauken! Erschallet, Trompeten! »), la cantate BWV 215 de  1734 (« Preise dein Glücke, gesegnetes Sachsen ») et la cantate BWV 248a (non datée car le texte original n’a pas été conservé). Le compositeur a également emprunté quelques fragments de la Passion selon saint Marc de 1731. Ceci concerne l’ensemble des arias, duos et trios, à l’exception du n° 31 qui est une « nouvelle » composition. Pour ce qui est du choeur, les numéros 21 et 26, furent composés spécialement pour l’Oratorio de Noël. Si l’on songe en outre que les chorals, comme il était d’usage, sont basés sur des melodies existantes généralement populaires et que, dans la dernière cantate, la moitié même des récitatifs n’est pas inédite, on en arrive au constat que seuls 34 des 64 numéros sont originaux : à côté des airs nommés et des trois choeurs, il s’agit des 26 récitatifs restants et de la « figuration » des chorals finaux des cinq premières cantates.

La pratique « parodique » appliquée par Bach ne relève aucunement du collage ou de la facilité. Elle doit être resituée dans le contexte de l’époque qui l’a vu naître, une époque où la fonction d’utilité de la musique est beaucoup plus prégnante qu’à la nôtre – ne relève-t-elle plus actuellement de la seule esthétique ? Une époque aussi où la notion de « créativité » doit être entendue dans un sens tout autre que celui de l’ « originalité » romantique. De plus, il ne s’agit pas chez Bach d’une simple reprise de compositions déjà existantes ; la plupart des fragments cités sont adaptés,  retravaillés ou « améliorés », selon les relations tonales dans lesquelles ils s’insèrent, selon les modifications de texte ou de contexte, selon aussi des critères purement musicaux.

(Archives de Bozar)

Masaaki Suzuki

direction musicale

Masaaki Suzuki est né à Kobe au Japon en 1954. Il a étudié la composition, puis l’orgue à l’Université de Tokyo et auprès de Piet Kee au Conservatoire Sweelinck d’Amsterdam, ainsi que le clavecin auprès de Ton Koopman. En 1983, Suzuki a débuté une carrière de soliste. C’est en 1990 qu’il fonde le Bach Collegium Japan dont il est toujours le directeur artistique. Le chef d’orchestre est fréquemment invité par des ensembles renommés tels que le Freiburger Barockorchester, le Collegium Vocale Gent, le Deutsches Symphonie-Orchester Berlin ou le Melbourne Symphony. Sa discographie parue chez BIS comprend entre autres l’intégrale de l’oeuvre pour clavecin et de nombreuses oeuvres de musique sacrée de Bach, dont plus de 50 albums dédiés aux cantates, faisant partie d’une intégrale. Masaaki Suzuki est le fondateur et le directeur du département de musique ancienne de l’Université de Tokyo. Il est également professeur invite à Yale University.

Jessica Cale

soprano

La soprano galloise Jessica Cale a étudié au Royal College of Music International Opera Studio et a suivi des master classes avec Sir Mark Elder, Dame Ann Murray et Gerald Finley, entre autres. En 2020, elle a reçu le Premier Prix aux Kathleen Ferrier Awards et, deux ans plus tard, elle a fait ses débuts européens en tant que chanteuse d'opéra : au célèbre Teatro La Fenice de Venise, elle a brillé dans le rôle de la deuxième nièce dans Peter Grimes de Britten. Parmi ses autres rôles, citons Helena dans Le Songe d'une nuit d'été de Britten et le rôle-titre dans L’incoronazione di Poppea de Monteverdi. Cale a chanté sous la direction d'éminents chefs d'orchestre tels que Harry Christophers, Christian Curnyn, Sir John Eliot Gardiner, Paul McCreesh et Brian Kay. Le chanteur se produit aussi régulièrement en récital et collabore avec les pianistes George Ireland et Ella O'Neill.

Hugh Cutting

contre-ténor

Le contre-ténor britannique Hugh Cutting a étudié à l'université de Cambridge et s'est perfectionné au Royal College of Music sous la direction de Sally Burgess, avec un encadrement supplémentaire de Simon Lepper et James Gilchrist. Il a été le premier contre-ténor à remporter le Kathleen Ferrier Award (2021) et a être élu BBC New Generation Artist (2022-24). Cutting se concentre principalement sur la musique baroque et a travaillé avec des ensembles et des orchestres de premier plan tels que Les Arts Florissants, Il Pomo d'Oro, Collegium Vocale Gent et le Wiener Symphoniker, chantant sous la direction de chefs d'orchestre renommés tels que William Christie et Philippe Herreweghe. Il s'est également produit sur la scène de la Philharmonie de Paris avec un programme solo composé d'airs baroques italiens et a partagé la scène du Wigmore Hall avec Carlo Vistoli.

Guy Cutting

ténor

Le ténor britannique Guy Cutting a étudié au New College d'Oxford et a depuis chanté avec plusieurs ensembles de premier plan, dont les Tallis Scholars, le Monteverdi Choir, l'Academy of Ancient Music et la Netherlands Bach Society. Au cours de sa jeune carrière, Cutting a déjà travaillé avec un grand nombre de chefs d'orchestre réputés, dont Marcus Creed, John Eliot Gardiner, Philippe Herreweghe, Christoph Prégardien et Jos van Veldhoven. Outre la musique baroque, il se consacre également, en tant que membre du Damask Vocal Quartet, à la musique de chambre des dix-neuvième et vingtième siècles.

Florian Störtz

baryton-basse

Le baryton allemand Florian Störtz a étudié à l'université de Cambridge et à la Royal Academy of Music de Londres. L'année 2023 a été fructueuse pour ce jeune chanteur prometteur : outre le concours international de chant Handel, il a également remporté le concours de chant Helmut Deutsch. Interprète chevronné de Bach, il s'est récemment produit dans la Passion selon saint Jean avec les Oxford Bach Soloists et a chanté la Hohe Messe avec le London Baroque Orchestra. Il a également participé à des représentations de Ein deutsches Requiem de Brahms, Les Noces de Stravinsky et a collaboré à un enregistrement du Requiem de Duruflé, entre autres.

Orchestra of the Age of Enlightenment

Fondé en 1986, l’Orchestra of the Age of Enlightenment réunit des musiciens spécialisés dans la musique ancienne. L’emploi d’instruments historiques ne constitue toutefois qu’un des nombreux éléments qui traduisent la recherche d’authenticité de cet ensemble qui place l’exploration, la diversité et l’excellence au centre de son projet. Son objectif étant de repenser l’orchestre et de rompre avec les codes traditionnels, l’orchestre souscrit au principe d’autonomie, fonctionnant sans chef principal, ni directeur musical. Un certain nombre de chefs d’orchestre tels que Sir Mark Elder, Iván Fischer, Vladimir Jurowski et Sir Simon Rattle sont toutefois invités à le diriger. William Christie et Sir Roger Norrington en sont les chefs émérites. L’orchestre est en résidence au Southbank Centre de Londres.

Choir of the Age of Enlightenment

Le Choir of the Enlightenment est formé de chanteurs professionnels, dont la plupart sont des solistes à part entière. Le choeur s’est récemment produit avec l’Orchestra of the Age of Enlightenment dans des festivals britanniques et continentaux, et dans le cadre de son cycle de concerts annuel au Southbank Centre de Londres. Il a pris part à de nombreux enregistrements de l’orchestre, comme des cantates de Bach s.l.d. Gustav Leonhardt et Così fan tutte de Mozart s.l.d. Sir Simon Rattle. Plus récemment, il a interprété Dido and Aeneas de Purcell s.l.d. Richard Egarr à l’occasion des Proms de la BBC, David et Jonathas de Charpentier s.l.d. Emmanuelle Haïm pour le tricentenaire de la mort du compositeur, Belshazzar de Händel pour les Proms de la BBC s.l.d. Sir Charles Mackerras ou Die Schöpfung (La Création) de Haydn s.l.d. Sir Mark Elder.