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Rakhi Singh

18 Déc.'25
- 20:00

Terarken

Rakhi Sing © Chris Payne Manchester Collective

Nicola Matteis (c. 1650 - après 1713)

Alia Fantasia

Michael Gordon (° 1956)

Tinge (2004)

Johann Sebastian Bach (1685 - 1750)

Partita pour violon seul n° 2 en ré mineur, BWV 1004

Courante
Sarabande

Rabanus Maurus (c. 780 - 856)

Veni creator Spiritus

Paul Clark (° 1968)

Natural Remedies

Johann Sebastian Bach

Partita pour violon seul n° 2 en ré mineur, BWV 1004

Allemande

Ellen Jacobs (° 1996)

imprinted memory (2025)

Missy Mazzoli (° 1980)

Vespers (2014)

Edmund Finnis (° 1984)

Elsewhere (2016)

Julia Wolfe (° 1958)

Lad (2007) (arr. pour violon par Rakhi Singh)

La polyphonie du violon solo

Comment remplir tout un programme et, surtout, toute une salle, seule sur scène avec un violon ? Pour Rakhi Singh, la solution est simple : la diversité. En matière de styles, de genres musicaux, mais aussi de façons de multiplier le son du violon. Les techniques de jeu issues du baroque vont de pair avec l’électronique et les technologies modernes.

L’ancien et le nouveau côte à côte

La technique de base du violon a été perfectionnée à l’extrême durant la période baroque, lorsque la musique instrumentale est devenue un genre à part entière et que des compositeurs tels que Corelli, Biber, Bach et bien d’autres ont écrit des œuvres virtuoses pour cet instrument. Plusieurs mouvements de la Deuxième Partita pour violon de Jean-Sébastien Bach apparaissent tout au long de ce programme. Chacune des formes de danse choisies dans cette partita met l’accent sur une technique de jeu différente, ce qui met encore plus en valeur la polyvalence du violon (baroque). À partir du XXe siècle, les possibilités sonores de l’instrument ont encore été élargies grâce aux techniques dites « étendues » et aux indications de jeu extrêmement détaillées. Cela s’entend clairement dans les compositions plus récentes.

L’ouverture remarquable de ce programme sophistiqué est la Fantaisie en la mineur du compositeur baroque italien Nicola Matteis. Il s’agit d’une étude virtuose en polyphonie apparente : la succession rapide d’accords brisés ou d’arpèges crée l’illusion d’une polyphonie à trois voix, alors que, strictement parlant, une seule note est jouée à la fois. Rakhi Singh a conçu son propre arrangement de cette composition et la confronte à la musique de Michael Gordon. En 1987, ce dernier a fondé avec David Lang et Julia Wolfe l’ensemble de renom Bang On A Can, axé sur la musique minimaliste et la création collective. Dans son œuvre Tinge, on reconnaît le rythme motorique de la musique baroque, mais dans un contexte totalement étrange. Le compositeur a imaginé un groupe de salsa jouant des violons acoustiques à la manière baroque. Le violon sur scène est amplifié et accompagne la musique préenregistrée. Le résultat est un concentré d’énergie et d’élan rythmique, qui brise immédiatement l’image du violon comme instrument tendre et fragile. Ces deux œuvres donnent le ton du programme : l’ancien et le nouveau côte à côte, avec comme fil rouge la polyphonie d’un instrument solo.

Riche d’un sens aigu de l’équilibre, Rakhi Singh intègre également la mélodie grégorienne Veni creator Spiritus dans ce programme de compositions principalement contemporaines ou récentes. Sa pureté monodique l’invite à explorer l’extrême simplicité et à revenir aux origines de la musique occidentale écrite.

De l’apesanteur à un mur de son

Dans Imprinted Memory, Ellen Jacobs part d’un sentiment à la fois personnel et universel de connexion en présence de la mer. L’attrait de la mer et du littoral peut être expliqué par l’impact positif généré par le bruit apaisant des vagues, l’air pur, le sentiment de paix et le lien avec l’infini. De plus, cet attrait transcende le présent, car le va-et-vient perpétuel des vagues houleuses nous relie également aux générations précédentes. La mer devient une mémoire collective imprimée. Dans cette composition, Jacobs recherche des sons capables de capturer les sensations mentales et physiques ressenties à proximité de la mer. Elle y parvient grâce à de longues notes aux timbres soigneusement sculptés et à des effets électroniques qui maintiennent certaines hauteurs de son tout en y ajoutant de nouvelles sonorités. Ainsi, le violon soliste se multiplie.

Les échos du passé résonnent aussi presque littéralement dans les Vêpres de Missy Mazzoli. Dans cette œuvre pour violon amplifié et électronique, les sons du clavier, de l’orgue, de la voix et des cordes sont échantillonnés et transformés en un paysage sonore mystérieux auquel le violon réagit. Les sons enregistrés proviennent de l’œuvre de grande envergure Vespers for a New Dark Age de 2014. Mazzoli combine l’ancienne tradition religieuse de la prière collective du soir et la technologie moderne, pour donner vie à une œuvre envoûtante dans laquelle les mélodies captivantes du violon traversent un paysage sonore électronique.

Dans Elsewhere, le compositeur britannique Edmund Finnis explore avant tout la fragilité du violon. Les sons extrêmement doux sont captés en temps réel par l’électronique et transformés en un jeu d’ombres grâce à une réverbération extrême. La frontière entre le son et l’écho s’estompe jusqu’à créer un son global presque en apesanteur. Finnis collabore souvent avec The Manchester Collective, fondé par Rakhi Singh, et s’adapte donc dans cette œuvre parfaitement à l’esthétique et au style de jeu de la soliste.

Le choix de Lad de Julia Wolfe dans ce programme peut surprendre. En effet, la compositrice américaine a composé cette œuvre grandiose en 2007 pour neuf cornemuses. Il en existe également une version pour une seule cornemuse, qui permet à un soliste de préenregistrer les huit autres voix. À son tour, Rakhi Singh a arrangé cette composition unique pour créer une performance impressionnante pour violon solo, en dialogue avec elle-même et en utilisant des effets électroniques pour reproduire le son immersif et retentissant de l’œuvre originale. Elle multiplie et amplifie ainsi le son de ce petit instrument fragile pour en faire un imposant mur de son.

Petites clés

À l’époque baroque, le violon était souvent utilisé comme instrument soliste, mais l’alternance rapide entre les aigus et les graves crée une illusion de polyphonie.

Dans les œuvres électroniques, il existe une certaine distance entre l’action physique sur le violon et le son qui en résulte. Le moindre mouvement subtil peut ainsi produire un effet considérable.

Dans Imprinted Memory, Ellen Jacobs explore les nombreuses nuances sonores classiques du violon. Remarquez l’utilisation minutieuse de l’archet et le placement précis sur les cordes.

Klaas Coulembier (traduit par Judith Hoorens)

Rakhi Singh est une violoniste, directrice musicale et compositrice basée entre Manchester et Londres, en Angleterre. En 2016, elle a cofondé le Manchester Collective. Parallèlement à son travail à la tête du Collective, Singh s’est solidement établie comme violoniste et cheffe d’orchestre de grande renommée. Elle a tourné avec des artistes tels que Philip Glass, Abel Selaocoe et Hiromi, et a été cheffe invitée d’ensembles comme le Norwegian Chamber Orchestra et le London Contemporary Orchestra. Depuis 2021, elle se produit également en tant qu’artiste soliste, donnant des concerts en tête d’affiche dans des salles prestigieuses telles que l’Elbphilharmonie (Hambourg), le Concertgebouw (Amsterdam) et le National Concert Hall (Dublin). Parmi ses enregistrements figurent son premier album solo Purnima (2023) ainsi que son premier EP de compositions, Quarry.

Née d’une mère anglaise et d’un père indien dans le Pays de Galles rural, Rakhi a grandi dans un environnement marqué par de nombreuses cultures et traditions.

Bozar

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