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Scherzi Musicali & Nicolas Achten

9 Avr.'24
- 20:00

Cathédrale des Saints-Michel et Gudule

François Couperin (1668-1733)
Première leçon du Mercredi saint (1714)

Joseph-Hector Fiocco (1703-1741)
Première leçon du Jeudi saint (1733)

François Couperin
Troisième leçon du Mercredi saint (1714)

Joseph-Hector Fiocco
Troisième leçon du Vendredi saint (1733)

Charles-Joseph Van Helmont (1715-1790)
Troisième leçon du Vendredi saint (1756)

Joseph-Hector Fiocco
Libera me Domine

Concert sans pause

Durée : 1h15

Chanter vers la lumière

« La nuit est la plus sombre juste avant que le jour ne commence », écrit l'historien Thomas Fuller. Ce sentiment domine deux moments clés du calendrier catholique : la période précédant Noël, où le solstice d'hiver et la venue du Rédempteur annoncent un nouveau départ, et la période précédant Pâques : un temps de sobriété, d'examen de conscience et de charité qui fait office de prélude à la renaissance de l'homme et de la nature.

Dans les deux cas, les rituels liturgiques autour de la lumière jouent un rôle important. Lorsque Noël approche, de plus en plus de flammes sont allumées, puis s'éteignent progressivement dans les derniers jours avant Pâques. C'est le scénario des Tenebrae : les matines de Pâques ou la prière matinale du Jeudi saint, du Vendredi saint et du Samedi saint. Traditionnellement, la parole, la musique et la pratique vont de pair : au cours d'une séquence de neuf lectures, conclues chaque fois par un répons, les bougies s'éteignent les unes après les autres jusqu'à ce que la salle de prière soit plongée dans l'obscurité, prête à accueillir un nouveau jour.

Vers un nouveau jour

Les trois premières lectures des matines de Pâques sont traditionnellement tirées des lamentations de Jérémie après la destruction du temple de Jérusalem, rapportées dans le livre des Lamentations de l'Ancien Testament. En pleurant ce qui a été perdu et en réfléchissant aux péchés qui ont conduit au désastre, le prophète parle aussi de pardon et de rédemption. Ce sont des soupirs universels, dont le moteur émotionnel est la profonde détresse humaine et l'espoir. Il n'est donc pas étonnant que de nombreux compositeurs se soient sentis appelés à mettre en musique les Tenebrae. Outre les maîtres de la Renaissance comme Orlandus Lassus, Cristóbal de Morales et Giovanni Pierluigi da Palestrina, une pléiade de compositeurs baroques français ont également mis les textes en musique. Dans leurs œuvres, le genre connaît une dernière apogée avant de disparaître dans les coulisses de l'histoire de la musique au XVIIIe siècle.

Leçons de ténèbres

Fait remarquable, l'école française n'a pas opté pour la polyphonie vocale, mais pour le chant soliste avec basse continue. La partie chantée était pourvue de longues lignes mélodiques très ornementées, souvent liées aux anciennes tonalités des psaumes*. Ce type de « leçons de ténèbres » fut inauguré par Michel Lambert (1689) et Marc-Antoine Charpentier (vers 1670-95) et porté à son apogée par François Couperin, la figure de proue du baroque français entre Lully et Rameau. Les trois Leçons de ténèbres que Couperin publia en 1714 sont les premières de ce qui aurait dû être un ensemble de neuf volumes. Il est dommage qu'il n'ait jamais été achevé, car il s'agit peut-être de la musique vocale la plus ingénieuse que le « Grand » Couperin ait jamais écrite.

Maître d’œuvre

Les deux premières Leçons sont pour soprano solo et basse continue, la troisième pour un duo de sopranos. Les parties vocales s'adressent à des chanteurs de haut niveau, ce qui laisse supposer que Couperin avait l’intention de les confier à des stars de l'opéra. Mais il ne s'étend pas dans une profusion d’expressivité. Le compositeur se rapproche de la complainte de Jérémie et traduit la rhétorique chargée dans un style déclamatoire qui rappelle la tragédie musicale. En même temps, il conserve le lien avec la pratique liturgique en se basant sur l'ouverture grégorienne (Incipit lamentatio Jeremiae). Les lettres hébraïques, qui annoncent les versets bibliques, sont également rendues avec l'amplitude mélismatique appropriée. Les arabesques tourbillonnantes contrastent magnifiquement avec les récitatifs et les airs qui ramènent le discours narratif aux ruines de Jérusalem. Répétitions stratégiquement placées, éclats percutants, effets rythmiques et d'accords vers un climax : ces Leçons de ténèbres sont l'équivalent musical d'une explosion sous-marine : ondulations à la surface, ondes de choc dans les profondeurs.

Tendance internationale

Les Leçons de Couperin reflètent les lamentations de Joseph-Hector Fiocco (1703-1741), un Bruxellois d'origine italienne qui était maître de chant à la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule. Alors que sa première Leçon s'inscrit dans la tradition française, la deuxième s'inspire de l’Italie et la troisième est un mélange d'air et d'aria. Le successeur de Fiocco à Bruxelles fut Charles-Joseph Van Helmont (1715-1790), un compositeur dont l'héritage musical commence à peine à être mis en lumière. Dans le style italianisant de Van Helmont, la bravoure lyrique, les rythmes ingénieux et l'ornementation vaporeuse règnent en maîtres, et les contrastes entre la voix et l'instrument sont exploités au maximum : un clair-obscur sobre comme traduction sonore du symbolisme de la lumière.

Sofie Taes (traduit par Judith Hoorens)

* Les formules de récitation sur lesquelles les psaumes sont traditionnellement chantés.

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Leçons de Ténèbres

La mise en musique des lamentations du prophète Jérémie prend son essor dans l’Europe catholique du 15ème siècle pour connaître son apogée entre la seconde moitié du 17ème siècle et la première moitié du siècle suivant. Il s’agit souvent de brefs motets, tantôt en style récitatif ou aux accents d’air de cour, mais ce sont parfois de plus longues cantates. Leur écriture est souvent virtuose, et la fermeture des théâtres durant le carême permettait de faire appel aux chanteurs ou chanteuses d’opéra. Les mélismes sur les lettres hébraïques, tels des entrelacs, deviennent peu à peu indissociables du genre.

À travers les époques, les lamentations ont été récitées en plain-chant, mises en polyphonie (Thomas Tallis, Tomás Luis De Victoria, Giovanni Pierluigi da Palestrina, Roland de Lassus, Carlo Gesualdo, etc.) puis dès la fin du 16ème siècle, confiées à une voix seule et basse continue. Vincenzo Galilei et Emilio de’ Cavalieri ouvrent ainsi la voie à une longue tradition : Johannes Rosemüller, Maurizio Cazzati, Giovanni Paolo Colonna, Alessandro Scarlatti, Francesco Durante, Niccolò Jommelli, Jan Dismas Zelenka... La France montre également un grand intérêt pour le genre : Michel Lambert, Sébastien de Brossard, Marc-Antoine Charpentier, Michel-Richard de Lalande, et bien entendu François Couperin qui a marqué le genre en publiant en 1714 ses trois lamentations pour le Mercredi saint. Les Pays-Bas méridionaux, Bruxelles en particulier, ne sont pas en reste, et la bibliothèque du Conservatoire royal de Bruxelles abrite aujourd’hui le « fonds Sainte-Gudule » qui recèle plusieurs séries de leçons des Ténèbres : deux cycles de Pierre-Hercule Bréhy (vers 1720 et 1730), un autre de Joseph-Hector Fiocco (1733) et un dernier de Charles-Joseph Van Helmont (1737). 

L’office des ténèbres

Au cours du dix-huitième siècle, les lamentations du prophète Jérémie ont pris un place de choix dans la création de nombreux compositeurs de la tradition catholique. Dans l’Ancien Testament, le livre de Jérémie relate la destruction du temple de Salomon à Jérusalem en 586 avant Jésus-Christ, les souffrances de son peuple et celles du poète. Ces cinq poèmes sont entremêlés de confessions de divers péchés et de prières pour la compassion divine. Jérusalem, princesse des provinces, est abandonnée à cause de ses transgressions et la famine s’empare de la ville ; Sion apporte l’espoir de la miséricorde divine, le temple de Jérusalem autrefois glorieux est maintenant détruit, et l’on implore Dieu de se souvenir de son peuple.

Chacun des versets des quatre premiers poèmes est introduit par une lettre hébraïque. Ces lamentations sont intrinsèquement liées au judaïsme, ce qui n’a pas empêché l'Église catholique d’adopter ces lamentations comme allégorie de la Passion du Christ trahi par Juda et abandonné par ses apôtres. Chaque lamentation est ponctuée par un appel à se convertir au Seigneur : « Jerusalem, convertere ad Dominum Deum tuum ».

L’office des Ténèbres correspond aux matines et aux laudes des trois derniers jours de la Semaine sainte (triduum sacrum). Il est donc célébré à l’aube des Jeudi, Vendredi et Samedi saints, sauf en France (et par imitation dans les autres contrées francophones) où l’on anticipe leur exécution la veille au soir, lors des Vêpres. Chacun des trois jours comporte trois nocturnes et une laude, mais de nombreuses paroisses décident de se limiter au premier nocturne, évitant ainsi que l’office ne dure près de trois heures. Chaque nocturne est composé de trois psaumes, un versicule, un Notre Père en silence, et enfin trois « leçons » suivies chacune d’un « répons », le plus souvent en plain-chant. Le texte des lamentations du prophète est utilisé pour les trois premières « leçons » du premier office nocturne de chacune des matines, ce qui donne donc lieu à neuf lamentations.

Le terme « Ténèbres » évoque le fait que l’office devait se terminer après le coucher du soleil. De plus, 14 des 15 cierges préalablement allumés sur la herse (chandelier triangulaire) étaient progressivement éteints tout au long de la célébration, pendant les psaumes et le cantique. L’assemblée était peu à peu plongée dans l’obscurité, et après le Benedictus, le dernier cierge était caché derrière l’autel. La cérémonie était alors conclue par un strepitum : le prêtre frappait sur son livre ou sur son banc, ce à quoi les fidèles répondaient en agitant les chaises à leur tour pour imiter le tremblement de terre qui selon Saint Matthieu a accompagné l’obscurité de la crucifixion.

François Couperin (1668 - 1733) est l’un des quatre organistes de la Chapelle Royale, au service de Louis XIV. De son vivant, il a indéniablement influencé ses contemporains par la publication de de ses pièces de clavecin, mais aussi de ses trois leçons de ténèbres pour le Mercredi saint. On perçoit notamment cette influence chez deux importants compositeurs bruxellois qui ont tous deux écrit des pièces de clavecin et des leçons de ténèbres.

Joseph-Hector Fiocco (1703-1741) est successivement vice-maître de chapelle à la Chapelle Royale à la cour de Bruxelles puis maître de chapelle à la cathédrale d'Anvers en 1733. Il remplira les même fonctions à la collégiale Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles dès 1737, au détriment du jeune organiste de la collégiale, Charles-Joseph Van Helmont (1715 - 1790) qui briguait lui aussi le poste. Ce dernier devient alors maître de musique à l’église paroissiale de Notre-Dame de la Chapelle, mais le décès prématuré de Fiocco en 1741 offre à Van Helmont l’opportunité d’enfin satisfaire son ambition : il devient maître de chant de la collégiale Saints-Michel-et-Gudule, et ce pour plus de 35 ans.

Si Couperin (1714) dédie ses lamentations à une ou deux voix basse continue, Fiocco (1733) fait dialoguer la voix soliste avec un ou deux violoncelles dont le registre grave renforce l’ambiance ténébreuse. Aussi, son langage combine le raffinement ornemental de l’esthétique française avec un lyrisme plus franchement italien. Van Helmont emboîte le pas dans ce sens (1737), mais ne confiera une partie obligé de violoncelle qu’en 1756, lorsqu’il revisite sa dernière lamentation de 1737 et compose une toute nouvelle version d’une autre lamentation dans un style bien plus galant.

Nicholas Achten

Première leçon du Mercredi saint - Couperin

Incipit Lamentatio Jeremiæ Prophetæ.

Aleph. Quomodo sedet sola civitas plena populo? Facta est quasi vidua domina gentium, princeps provinciarum facta est sub tributo.

Beth. Plorans ploravit in nocte, et lacrimæ ejus in maxillis ejus: non est qui consoletur eam ex omnibus charis ejus. Omnes amici ejus spreverunt eam, et facti sunt ei inimici.

Ghimel. Migravit Judas propter afflictionem, et multitudinem servitutis; habitavit inter gentes, nec invenit requiem. Omnes persecutores ejus apprehenderunt eam inter angustias.

Daleth. Viæ Sion lugent, eo quod non sint qui veniant ad solemnitatem: omnes portæ ejus destructæ, sacerdotes ejus gementes, virgines ejus squalidæ, et ipsa oppressa amaritudine.

He. Facti sunt hostes ejus in capite; inimici ejus locupletati sunt: quia Dominus locutus est super eam, propter multitudinem iniquitatum ejus. Parvuli ejus ducti sunt in captivitatem ante faciem tribulantis.

Jerusalem convertere ad dominum deum tuum.

 

Première leçon du Jeudi saint - Fiocco

De lamentatione jeremiæ prophetæ.

Heth. Cogitavit Dominus dissipare murum filiæ Sion; tetendit funiculum suum et non avertit manum suam a perditione: luxitque ante murale et murus pariter dissipatus est.

Teth. Defixæ sunt in terra portæ ejus, perdidit et contrivit vectes ejus; regem ejus et principes ejus in gentibus: non est lex, et prophe tæ ejus non invenerunt visionem a Domino.

Jod. Sederunt in terra, conticuerunt senes filiae Sion; consperserunt cinere capita sua accincti sunt ciliciis: abjecerunt in terra capita sua virgines Je rusalem.

Caph. Defecerunt præ lacrymis oculi mei, conturbata sunt viscera mea; effusum est in terra jecur meum super contritione filiæ populi mei, cum deficeret parvulus et lactans in plateis oppidi.

Jerusalem convertere ad dominum deum tuum.

 

Troisième leçon du Mercredi saint - Couperin

Jod. Manum suam misit hostis ad omnia desiderabilia ejus, quia vidit gentes ingressas sanctuarium suum, de quibus præceperas ne intrarent in ecclesiam tuam.

Caph. Omnis populus ejus gemens, et quærens panem; dederunt pretiosa quæque pro cibo ad refocillandam animam. Vide, Domine, et considera quoniam facta sum vilis!

Lamed. O vos omnes qui transitis per viam, attendite, et videte si est dolor sicut dolor meus! quoniam vindemiavit me, ut locutus est Dominus, in die irae furoris sui.

Mem. De excelso misit ignem in ossibus meis, et erudivit me: expandit rete pedibus meis, convertit me retrorsum; posuit me desolatam, tota die mœrore confectam.

Nun. Vigilavit jugum iniqui tatum mearum; in manu ejus convolutæ sunt, et impositæ collo meo. Infirmata est virtus mea: dedit me Dominus in manu de qua non potero surgere.

Jerusalem convertere ad dominum deum tuum.

 

Troisième leçon du Vendredi Saint - Fiocco, Van Helmont

Incipit oratio Jeremiæ Prophetæ.

Recordare, Domine, quid acciderit nobis; intuere et respice opprobrium nostrum.

Hæreditas nostra versa est ad alienos, domus nostræ ad extraneos.

Pupilli facti sumus absque patre; matres nostræ quasi viduæ.

Aquam nostram pecunia bibimus, ligna nostra prætio comparavimus.

Cervicibus nostris minabamur, lassis non dabatur requies. Ægypto dedimus manum et Assyriis ut saturaremur pane.

Patres nostri peccaverunt, et non sunt: et nos iniquitates eorum portavimus.

Servi dominati sunt nostri: non fuit qui redimeret de manu eorum.

In animabus nostris afferebamus panem nobis, a facie gladii in deserto.

Pellis nostra quasi clibanus exusta est a facie, tempestatum famis.

Mulieres in Sion humiliaverunt, et virgines in civitatibus Juda.

Jerusalem convertere ad dominum deum tuum.

 

Libera me, Domine - Fiocco

Libera me, Domine, de morte æterna, in die illa tremenda

Quando cœli movendi sunt et terra

 

Dies illa, dies irae,

calamitatis et miseriae,

dies magna et amara valde.

 

Dum veneris iudicare saeculum per ignem.

 

Requiem aeternam dona eis, Domine:

et lux perpetua luceat eis.

 

Kyrie Eleison

Première leçon du Mercredi saint - Couperin

Ici commence la lamentation du prophète Jérémie.

Aleph. Comment! Elle est assise solitaire, cette ville si peuplée, elle est pareille à une veuve! Elle qui était grande parmi les nations, elle qui était une princesse parmi les provinces, la voilà maintenant astreinte à la corvée!

Beth. Elle pleure durant la nuit et ses joues sont couvertes de larmes. Parmi tous ceux qui l'aimaient, pas un ne la console: tous ses amis l’ont trahie, ils sont devenus ses ennemis.

Ghimel. Juda est en exil, accablé par la misère et un grand esclavage. Il habite au milieu des nations sans y trouver de repos. Tous ses persécuteurs l'ont rattrapé au beau milieu des détresses.

Daleth. Les chemins de Sion sont dans le deuil, car on ne va plus aux fêtes. Toutes ses portes sont désertes, ses prêtres gémissent, ses jeunes filles sont pleines de chagrin et elle-même est remplie d'amertume.

He. Ses adversaires ont pris le dessus, ses ennemis sont tranquilles, car c’est l'Eternel qui l’a plongée dans le chagrin à cause du grand nombre de ses transgressions. Ses enfants ont marché en déportés devant l’adversaire. 

Jérusalem, Jérusalem, tourne-toi vers le Seigneur ton Dieu.

 

Première leçon du Jeudi saint - Fiocco

Des lamentations du prophète Jérémie.

Heth. L'Eternel avait projeté de détruire les murs de la fille de Sion. Il a étendu le ruban à mesurer, il n'a pas retiré sa main pour l’empêcher de tout engloutir. Il a plongé dans le deuil remparts et murailles: ensemble ils dépérissent.

Teth. Ses portes se sont enfoncées dans la terre, il a démoli et brisé ses verrous. Son roi et ses chefs sont dispersés parmi les nations. Il n'y a plus de loi. Même ses prophètes ne reçoivent plus aucune vision de l'Eternel.

Jod. Les anciens de la fille de Sion sont assis par terre, ils restent silencieux; ils ont couvert leur tête de poussière, ils se sont habillés de sacs. Les jeunes filles de Jérusalem baissent la tête vers la terre.

Caph. Mes yeux s’épuisent dans les larmes, je suis profondément tourmenté, ma bile se déverse par terre à cause du désastre qui frappe la fille de mon peuple. Des enfants et des nourrissons tombaient en défaillance sur les places de la ville.

Jérusalem, Jérusalem, tourne-toi vers le Seigneur ton Dieu.

 

Troisième leçon du Mercredi saint - Couperin

Jod. L’adversaire a étendu la main sur tout ce qu'elle avait de précieux. En effet, Jérusalem a vu les nations pénétrer dans son sanctuaire, alors que tu leur avais interdit d’entrer dans ton assemblée.

Caph. Toute sa population gémit, elle cherche du pain. Ils ont donné tout ce qu’ils avaient de précieux pour de la nourriture afin de retrouver des forces. «Vois, Eternel, regarde, car je suis méprisée!

Lamed. Que cela ne vous arrive pas, à vous qui passez sur le chemin! Regardez et voyez s'il y a une souffrance pareille à la mienne, à celle qui me fait si mal, à celle que l'Eternel m'a infligée le jour où il a déversé toute l’ardeur de sa colère.

Mem. D'en haut il a lancé un feu dans mes os et il les piétine. Il a tendu un piège sous mes pieds, il m'a fait tomber en arrière. Il m'a livrée à la dévastation, je suis constamment souffrante.

Nun. Sa main a fait de mes transgressions une charge, elles se sont entremêlées, hissées sur ma nuque. Il a brisé ma force. Le Seigneur m'a livrée entre des mains auxquelles je suis incapable de résister.

Jérusalem, Jérusalem, tourne-toi vers le Seigneur ton Dieu.

 

Troisième leçon du Vendredi Saint - Fiocco, Van Helmont

Ici commence la prière du prophète Jérémie.

Souviens-toi, Eternel, de ce qui nous est arrivé! Regarde, vois notre honte!

Notre héritage est passé à des étrangers, nos maisons sont passées à des inconnus.

Nous sommes devenus orphelins, privés de père; nos mères sont comme des veuves.

Notre eau, nous devons la payer pour la boire; notre bois, nous devons l’acheter pour pouvoir en disposer.

Ceux qui nous persécutent sont sur notre dos. Nous sommes épuisés, nous n'avons pas de repos.

Nous avons tendu la main vers l'Egypte, vers l'Assyrie, pour manger à notre faim.

Nos pères ont péché, ils ne sont plus là, et c'est nous qui supportons les conséquences de leurs fautes.

Des esclaves dominent sur nous et il n’y a personne pour nous arracher à leur pouvoir.

Nous risquons notre vie pour chercher de la nourriture à cause des attaques provenant du désert.

Notre peau est bouillante comme un four à cause des brûlures de la faim.

Ils ont violé des femmes dans Sion, des jeunes filles dans les villes de Juda.

Jérusalem, Jérusalem, tourne-toi vers le Seigneur ton Dieu.

 

Libera me, Domine - Fiocco

Libérez-moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour redoutable :

quand les cieux seront ébranlés, et la terre :

 

Jour de courroux que ce jour-là,

de calamité et de misère,

jour grand et amer, terriblement.

 

lorsque vous viendrez juger le monde par le feu.

 

Accordez-leur le repos éternel, Seigneur :

et que brille sur eux la lumière sans déclin.

 

Kyrie Eleison

Scherzi Musicali

Depuis plus de quinze ans, Scherzi Musicali est un ensemble incontournable dans le monde de la musique ancienne, reconnu pour son travail sur les 17° et 18° siècles. L’ensemble rassemble 3 à 40 musiciens autour de Nicolas Achten (°1985), l’un des rares chanteurs qui s’accompagne au luth, théorbe, à la harpe ou encore au clavecin. Scherzi Musicali se produit à travers l’Europe dans les salles et festivals les plus prestigieux. Leur discographie compte 13 albums, dont 11 premières mondiales (ea. Caccini, Mazzocchi, Bertali, Sances, Scarlatti, Colonna, le Bruxellois Fiocco ou le liégeois Hamal) publiés par Ricercar, Alpha, Sony et Musique en Wallonie.

Nicholas Achten

baryton, direction musicale, théorbe

Baryton, claveciniste, luthiste, harpiste et chef d’ensemble, Nicolas Achten (Bruxelles, °1985) s’est très jeune fait une place de choix dans le monde de la musique ancienne : lauréat du VIIème Concours International de Chant baroque de Chimay en 2006, il est élu artiste classique de l’année 2009 aux Octaves de la Musique et « Prix du jeune musicien de l’année 2009 » décerné par l’Union de la presse musicale belge. Nicolas Achten a étudié le chant, le luth, le clavecin, la harpe ancienne et la direction d’orchestre aux Conservatoires royaux de Bruxelles et la Haye ; il a complété sa formation lors de diverses masterclasses, notamment à l’Académie baroque d’Ambronay et au Centre de la Voix de Royaumont. Il est invité dès 2004 par de prestigieux ensembles de musique ancienne, parmi lesquels l’Arpeggiata, la Fenice, La Petite Bande, Ausonia, les Agrémens, Akadêmia, Les Talens Lyriques, Il Fondamento, Les Musiciens du Louvre, Il Seminario Musicale, le Poème Harmonique, Akademie für Alte Musik Berlin, Ensemble Phoenix Munich et sous la direction de chefs tels que Jean Tubéry, Sigiswald Kuijken, Marc Minkowski, Christophe Rousset et René Jacobs. 

Il est aujourd’hui l’un des rares chanteurs classiques à s’auto-accompagner, renouant avec la pratique historique. Désireux d’approfondir cette démarche et de mettre en pratique ses recherches, il fonde l’ensemble Scherzi Musicali, dont les concerts à travers l’Europe et 13 enregistrements suscitent l’enthousiasme unanime du public et de la presse internationale (Diapason d’or, Diapason découverte, Choc de Classica, Joker de Crescendo, La Clef de ResMusica, Prelude Classics Award, Muse d’Or, Ring de Classique Info, « Outstanding » dans l’International Record Review, Prix Cæcilia…). En marge, Nicolas explore également des rencontres atypiques, en duo avec l’accordéoniste folk Didier Laloy, ou encore en trio avec le saxophoniste jazz Manu Hermia ou le chanteur pop/rock Kris Dane. 

Nicolas Achten est professeur titulaire des classes de chant musique ancienne et de luth, et enseigne les tempéraments & accords au Conservatoire royal de Bruxelles. Il a assuré la direction musicale des stages d’été de Muziektheater Transparant de 2007 à 2015, et est régulièrement invité pour des masterclasses à travers l’Europe (Operastudio Vlaanderen, SIMAW à Namur, University of East Anglia, the Yorke Trust à Norfolk, Conservatorio Milano, …).

Gwendoline Blondeel

soprano

La jeune soprano belge Gwendoline Blondeel a fait partie du chœur d'enfants de La Monnaie à Bruxelles de ses 13 à ses 18 ans, a poursuivi sa formation vocale à l'IMEP (Institut Supérieur de Musique et de Pédagogie) à Namur et est devenue membre du Chœur de Chambre de Namur, où elle a eu l'occasion de chanter sous la baguette de Leonardo Garcia Alarcón. En 2019, elle s'est distinguée au Concours de chant baroque de Froville, attirant l'attention de William Christie. Celui-ci l'a conviée à interpréter le rôle-titre dans Titon et L’Aurore de  Jean-Joseph de Mondonville à l'Opéra Comique de Paris. Depuis, Blondeel brille comme une étoile montante sur la scène de la musique ancienne. Elle a collaboré avec des ensembles, orchestres et chefs d'orchestre renommés, tels que la Cappella Mediterranea, l'ElbPhilharmonie et les Berliner Philharmoniker. Elle s'est produite dans des opéras à Paris, Bruxelles, Liège et Dijon, où elle a, entre autres, incarné les rôles de Lakmé dans l'opéra du même nom de Leo Delibes, Olimpia dans Les Contes d’Hoffmann et Eurydice dans Orphée aux enfers.

Wei-Lian Huang

soprano

Après ses études à l'Université Nationale des Arts de Taipei, Wei-Lian Huang part en Belgique pour entrer dans la classe de Marianne Pousseur au Conservatoire Royal de Bruxelles d'où elle sort diplômée en Master de Chant en 2015. Après, elle a choisi les cours de postgraduate au Koninklijk Conservatorium van Brussel dans la classe de Dinah Bryant et a participé à la masterclass de Udo Reimann en 2015. Elle a chanté dans de nombreux projets comme La Flûte enchantée de Mozart (Papagena) et L'Enfant et les sortilèges de Ravel, ... Elle chantait comme soliste avec l'ensemble baroque du Conservatoire Royal de Bruxelles (Orpheus Britannicus) ainsi qu'avec l'orchestre de l'Academie de Woluwe Saint-Lambert (Magnificat de John Rutter). Elle est membre du chœur de chambre de Namur, de la Schola grégorienne du Sablon féminin et du New baroque time choir.

soprano

Gwendoline Blondeel 

Wei-Lian Huang 

baryton, théorbe

Nicolas Achten 

basse de viole et violoncelle

Ronan Kernoa 

violoncelle et basse de violon

Mathilde Wolfs 

orgue

Beniamino Paganini 

clavecin

Mathieu Valfré 

théorbe

François Dambois

Bozar Maecenas

Prince et Princesse de Chimay • Barones Michèle Galle-Sioen • Monsieur et Madame Laurent Legein • Madame Heike Müller • Monsieur et Madame Dominique Peninon • Monsieur et Madame Antoine Winckler • Chevalier Godefroid de Wouters d'Oplinter 

Bozar Honorary Patrons

Prince et Princesse de Chimay • Barones Michèle Galle-Sioen • Monsieur et Madame Laurent Legein • Madame Heike Müller • Monsieur et Madame Dominique Peninon • Monsieur et Madame Antoine Winckler • Chevalier Godefroid de Wouters d'Oplinter 

Bozar Patrons

Monsieur et Madame Charles Adriaenssen • Madame Marie-Louise Angenent • Comtesse Laurence d'Aramon • Monsieur Jean-François Bellis • Baron et Baronne Berghmans • Monsieur Tony Bernard • De heer Stefaan Bettens • Monsieur Philippe Bioul • Mevrouw Roger Blanpain-Bruggeman • Madame Laurette Blondeel • Comte et Comtesse Boël • Monsieur et Madame Thierry Bouckaert • Madame Anny Cailloux • Madame Valérie Cardon de Lichtbuer • Madame Catherine Carniaux • Monsieur Jim Cloos et Madame Véronique Arnault • Mevrouw Chris Cooleman • Monsieur et Madame Jean Courtin • De heer en mevrouw Géry Daeninck • Monsieur et Madame Denis Dalibot • Madame Bernard Darty • Monsieur Jimmy Davignon • De heer en mevrouw Philippe De Baere • De heer Frederic Depoortere en mevrouw Ingrid Rossi • Monsieur Patrick Derom • Madame Louise Descamps • De heer Bernard Dubois • Mevrouw Sylvie Dubois • Madame Dominique Eickhoff • Baron et Baronne William Frère • De heer Frederick Gordts • Comte et Comtesse Bernard de Grunne • Madame Nathalie Guiot • De heer en mevrouw Philippe Haspeslagh - Van den Poel • Madame Susanne Hinrichs et Monsieur Peter Klein • Monsieur Jean-Pierre Hoa • De heer Xavier Hufkens • Madame Bonno H. Hylkema • Madame Fernand Jacquet • Baron Edouard Janssen • Madame Elisabeth Jongen • Monsieur et Madame Jean-Louis Joris • Monsieur et Madame Adnan Kandyoti • Monsieur et Madame Claude Kandyoti •  Monsieur Sander Kashiva • Monsieur Sam Kestens • Monsieur et Madame Klaus Körner • Madame Marleen Lammerant • Monsieur Pierre Lebeau • Baron Andreas de Leenheer ✝ • Monsieur et Madame François Legein • Madame Gérald Leprince Jungbluth • Monsieur Xavier Letizia • De heer en mevrouw Thomas Leysen • Monsieur Bruno van Lierde • Madame Florence Lippens • Monsieur et Madame Clive Llewellyn • Monsieur et Madame Thierry Lorang • Madame Olga Machiels-Osterrieth • De heer Peter Maenhout • De heer en mevrouw Jean-Pierre en Ine Mariën • De heer en mevrouw Frederic Martens • Monsieur Yves-Loïc Martin • Monsieur et Madame Dominique Mathieu-Defforey • Madame Luc Mikolajczak • De heer en mevrouw Frank Monstrey • Madame Philippine de Montalembert • Madame Nelson • Monsieur Laurent Pampfer • Famille Philippson • Monsieur Gérard Philippson • Madame Jean Pelfrène-Piqueray • Madame Marie-Caroline Plaquet • Madame Lucia Recalde Langarica • Madame Hermine Rédélé-Siegrist • Monsieur Bernard Respaut • Madame Fabienne Richard • Madame Elisabetta Righini • Monsieur et Madame Frédéric Samama • Monsieur Grégoire Schöller • Monsieur et Madame Philippe Schöller • Monsieur et Madame Hans C. Schwab • Monsieur et Madame Tommaso Setari • Madame Gaëlle Siegrist-Mendelssohn • Monsieur et Madame Olivier Solanet • Monsieur Eric Speeckaert • Monsieur Jean-Charles Speeckaert • Vicomte Philippe de Spoelberch et Madame Daphné Lippitt • Madame Anne-Véronique Stainier • De heer Karl Stas • Monsieur et Madame Philippe Stoclet • De heer en mevrouw Coen Teulings • Messieurs Oliver Toegemann et Bernard Slegten • Monsieur et Madame Philippe Tournay • Monsieur Jean-Christophe Troussel • Monsieur et Madame Xavier Van Campenhout • Mevrouw Yung Shin Van Der Sype • Mevrouw Barbara Van Der Wee en de heer Paul Lievevrouw • De heer Koen Van Loo • De heer en mevrouw Anton Van Rossum • Monsieur et Madame Guy Viellevigne • De heer Johan Van Wassenhove • Monsieur et Madame Michel Wajs-Goldschmidt • Monsieur et Madame Albert Wastiaux • Monsieur Luc Willame • Monsieur Robert Willocx ✝ • Monsieur et Madame Bernard Woronoff • Monsieur et Madame Jacques Zucker • Zita, maison d'art et d'âme

Bozar Circle

Monsieur et Madame Paul Bosmans • Monsieur et Madame Paul De Groote • De heer Stefaan Sonck Thiebaut • Madame France Soubeyran • De heer en mevrouw Remi en Evelyne Van Den Broeck

Bozar Young Circle

Mademoiselle Floriana André • Docteur Amine Benyakoub • Mevrouw Sofie Bouckenooghe • Monsieur Matteo Cervi • Monsieur Rodolphe • Dulait Monsieur Avi Goldstein • Monsieur Rodolphe Dulait • Monsieur et Madame Melhan-Gam • Dokter Bram Peeters • Monsieur Lucas Van Molle  Monsieur et Madame Clément et Caroline Vey-Werny • Mademoiselle Cory Zhang

Et nos Membres qui souhaitent rester anonymes