- Karol Szymanowski : le modèle après Chopin
Trente-trois ans après la disparition de Frédéric Chopin, Karol Szymanowski (1882-1937) voit le jour au sein d'une famille aristocratique et amoureuse de l'art, où il reçoit des enseignements musicaux dès son enfance. Au début de sa carrière, il s’engage sur une voie néoromantique, soutenant les jeunes talents polonais au sein du groupe « Jeune Pologne ». Ses premières œuvres portent l'influence de Strauss, Wagner et Chopin. Le 11 mai, Jan Lisiecki interprétera certains des Préludes pour piano les plus émouvants de Szymanowski, issus de son premier opus.
Un périple à travers l’Europe et l’Afrique du Nord fait basculer sa musique, où l'influence des impressionnistes Ravel et Debussy, avec leur fascination pour l'exotisme, se fait clairement sentir. Mythes pour violon et piano, écrits en 1915, en témoignent de manière éclatante et seront interprétés par Patricia Kopatchinskaja et Fazil Say le 21 mars. Après la Première Guerre mondiale et la reconquête de l'indépendance par la Pologne, Szymanowski devient directeur du Conservatoire national, où il est perçu comme une figure de proue par les jeunes compositeurs, et sa musique comme le renouveau d’une identité nationale. Mais l'artiste voyage fréquemment et intègre à ses compositions des influences étrangères. Son Premier Concerto pour violon, que l'Antwerp Symphony Orchestra jouera le 11 janvier, est pour lui « une musique nouvelle », une exploration des sonorités et une rupture avec les structures traditionnelles.
Dans sa quête d’un style personnel et profondément polonais, Szymanowski puise dans la musique folklorique des montagnes des Tatras. Dans Stabat Mater – le 25 mars avec le Polish National Symphony Orchestra – il crée une ambiance polonaise en fusionnant éléments anciens et folklore, tout en recourant à des procédés harmoniques et tonals modernes. Dans son Deuxième Concerto pour violon – le 8 janvier avec Sinfonia Varsovia – les modulations et les longues notes des basses rappellent l’influence de la musique populaire. Enfin, dans sa Quatrième Symphonie (également le 25 mars), deux danses nationales polonaises, l’oberek et la mazurka, sont sublimées.
Grażyna Bacewicz : plus qu'une violoniste.
De nombreuses rues et écoles en Pologne portent son nom : Grażyna Bacewicz (1909-1969). Un nom qui pourrait aussi nous être familier, car la Reine Elisabeth a récompensé le dernier de ses sept concertos pour violon. Grażyna Bacewicz s’est d'abord fait un connaitre en tant que violoniste, mais après un accident de voiture, elle s’est consacrée pleinement à la composition de musique audacieuse, où le violon tenait souvent un rôle clé. Par rapport à Szymanowski, elle a connu d'autres mutations de la Pologne : en 1939, Hitler envahit le pays. C’est dans ce contexte de guerre qu’elle écrivit son Ouverture pour orchestre (8 janvier avec Sinfonia Varsovia), qui ne sera jouée qu’en 1945.
- Henryk Mikolaj Górecki : l'introverti populaire.
La Troisième Symphonie (8 janvier avec Sinfonia Varsovia) de Henryk Mikolaj Górecki (1933-2010), en commémoration du bombardement nazi de Dantzig, est considérée comme la carte maîtresse de son style. À propos de la Symphonie des Lamentations, Górecki disait : « Ma Troisième Symphonie est tragique, mais pas au sens d'une tragédie. Je voulais simplement exprimer une grande souffrance. Une souffrance qui brûle en moi et que je ne peux pas repousser. » Cette œuvre orchestrale marque une transition vers un autre style, caractérisé par la répétition, la simplicité, la modalité et une esthétique sonore archaïque. À l’époque, elle fut accueillie avec des critiques internationales.
Ce pédagogue musical et avant-gardiste a vécu un autre tournant majeur dans l’histoire polonaise : du régime soviétique à une république indépendante après la chute du Rideau de Fer en 1989. C’est dans ce nouveau contexte qu’il connaîtra un véritable succès auprès du grand public en 1992, alors qu’il avait déjà remporté des prix internationaux dans les années 60. L’enregistrement de sa Troisième Symphonie parvint même à figurer dans les classements britanniques. La bande sonore d’un monde nouveau, marqué par son passé.
- Krzysztof Penderecki : un pont vers l'avenir.
La musique de Krzysztof Penderecki, décédé en 2020, vous est peut-être familière à travers les films de Martin Scorsese, Stanley Kubrick ou David Lynch. Ou peut-être êtes-vous déjà fidèle depuis des années à son Requiem polonais de 1984, une messe magistrale à laquelle Penderecki ajouta au fil du temps plusieurs sections. Parmi celles-ci, la Chaconne (25 mars avec le Polish National Radio Symphony Orchestra), composée en mémoire du pape polonais Jean-Paul II, ne fut intégrée au requiem qu’en 2005. Krzysztof Penderecki a été un professeur de musique dévoué à l’Académie de Cracovie et à la Yale School of Music. Il a préparé une nouvelle génération de compositeurs polonais pour le XXIe siècle. Nous sommes maintenant curieux de savoir quels (nouveaux) compositeurs polonais prendront sa relève et rempliront nos concertos dans les décennies à venir...
Les concerts de Focus on Poland :
- Sinfonia Varsovia, co-organized by the Adam Mickiewicz Institute. Co-financed by the Ministry of Culture and National Heritage, Poland.
- Polish National Symphony Orchestra, co-organized by the Adam Mickiewicz Institute as part of the international cultural program of the Polish Presidency of the Council of the European Union 2025.
- Orchestre Philharmonique du Luxembourg & Peltokoski
Autres concerts avec de la musique polonaise au programme :