Publié le - Astrid Jansen

5 clés pour comprendre le film révolutionnaire de Gary Hustwit sur Brian Eno

Avec « Eno », Gary Hustwit bouscule les codes du cinéma. Son sujet : Brian Eno, pape de la musique ambient, dont l’approche visionnaire trouve un écho dans ce film qui, grâce à un logiciel génératif, offre des millions de versions possibles. Archives et interviews exclusives, narration fluide, « Eno » s’écrit et se réécrit sous nos yeux. Voici cinq choses à savoir avant de découvrir ce film-révolution, présenté à Bozar le 16 octobre.

1. Un film qui change à chaque projection : l’expérience unique d’un film génératif

Chaque séance est une première. Cette plasticité narrative constitue une innovation inédite dans le cinéma documentaire. Fatigué du format figé du film, Gary Hustwit imagine un dispositif où le public assiste en direct à la construction de l’histoire. 

2. Un film sur la créativité, non généré par l’IA

Gary Hustwit décrit Eno comme « un film sur la créativité ». Un documentaire sur Brian Eno, ses idées, sa vie. Le public y voit de vraies vidéos de vraies personnes. « Il y a eu plus de montage sur ce film que sur n'importe quel projet auquel j'ai jamais participé. Ce n'est pas un logiciel qui crée les images. » L’artiste digital Brendan Dawes, collaborateur de Hustwit, précise : « C’est notre propre système logiciel propriétaire. Nous avons passé des années à le programmer, […] Il n’est entraîné sur aucune œuvre extérieure, ce n’est ni ChatGPT ni Runway ».

3. Une plongée dans un trésor d’archives inédites

« Nous essayons de créer une expérience cinématographique aussi innovante que l’approche de Brian dans la musique et l’art », explique Gary Hustwit. Au-delà des tubes produits pour Bowie, U2 ou Talking Heads, Brian Eno est un pionnier de la musique ambient. Il utilise la technologie pour repousser les limites de la création. Le film s’immerge dans cette quête infinie et puise dans des heures d’images rares, parfois filmées par Eno dans les années 80. Couplées à des entretiens exclusifs, ces archives dévoile une carrière hors norme.

4. Comment monter une scène quand on ne sait pas si elle apparaîtra, ni où ?

L’un des défis du processus a été de construire des séquences captivantes sans savoir comment elles seront agencées. « Nous avons finalement décidé qu’il serait pertinent et visuellement intéressant de mettre en avant le code et les opérations génératives », explique Hustwit. Brendan Dawes ajoute : « Quand tu regardes le film, tu vois le processus de création de cette version. Tu vois en fait le code et les choix que notre moteur génératif fait en temps réel. »

5. L’idée d’utiliser un logiciel génératif dans la création n’est pas nouvelle

« Nous avons une vidéo d’archive incroyable de Brian en 1996, dévoilant un logiciel de musique générative à un groupe dans son studio », raconte Hustwit. « Dès les années 1960, des artistes comme Vera Molnár utilisaient le calcul génératif dans leur travail. Notre film est peut-être la première application de cette approche dans un documentaire long-métrage, mais l’usage des systèmes génératifs dans la créativité a une longue histoire. C’est juste que la technologie a beaucoup progressé aujourd’hui. »