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6 œuvres incontournables de When We See Us

L’exposition When We See Us retrace cent ans de peinture figurative panafricaine à travers un parcours visuel saisissant. Articulée autour de six thèmes, elle dévoile une histoire riche et nuancée de la vie noire, de l’identité et de l’imaginaire. Pour chaque thème, nous avons sélectionné une œuvre marquante — et vous expliquons pourquoi elle fait impression.

Zandile Tshabalala, The Conversation, 2020, Courtesy of the Ditau Collection

1. Le Quotidien : The Conversation, Zandile Tshabalala

La jeune artiste sud-africaine Zandile Tshabalala s’intéresse à la solitude dans une œuvre intitulée The Conversation (2020) représentant une femme assurée, assise pieds nus sur une terrasse, les jambes repliées sur un siège de jardin blanc entouré de verdure. Si Pemba, né en 1912, est l’un des  artistes les plus anciens de l’exposition, Tshabalala, née en 1999, est la plus jeune. Elle remet en question le rôle marginal des femmes noires dans l’histoire de l’art occidental en les peignant de façon à leur conférer dignité et pouvoir.

2. Repos : Constant III, Sungi Mlengeya

Certaines des figures se tiennent ou se touchent en signe d’intimité et de connivence, comme dans Constant III (2019) de l’artiste tanzanienne Sungi Mlengeya, montrant deux femmes enlacées. Ses peintures usent de formes minimalistes et d’espaces en négatif pour créer des portraits de l’identité noire et de la féminité : elles représentent des personnages à la peau sombre dans des palettes de noirs et de bruns, placés sur des fonds blancs. Ses compositions explorent l’émancipation et l’affirmation de soi.

Chéri Chérin, Obama Revolution, 2009, Courtesy of Jorge M. Pérez Collection, Miami
Chéri Chérin, Obama Revolution, 2009, Courtesy of Jorge M. Pérez Collection, Miami Chéri Chérin, Obama Revolution, 2009, Courtesy of Jorge M. Pérez Collection, Miami

3. Triomphe et émancipation : Obama Revolution, Chéri Chérin

La peinture Obama Revolution [Révolution Obama] (2009) est consacrée à l’élection du premier président américain noir, illustrée de manière saisissante par l’artiste congolais Chéri Chérin. L’ancien président des États-Unis et la première dame sont mis en valeur au centre du tableau ; souriants et triomphants, ils tiennent chacun un symbole à la main : la clé de la Maison Blanche et le logo Obamacare. Autour de Barack et Michelle Obama sont rassemblées des figures de l’histoire, tels que Nelson Mandela ou Frederick Douglass. Dans cette peinture allégorique, l’artiste rend hommage aux prédécesseurs des Obama et célèbre le courage et la consécration politiques de personnes noires.

4. Sensualité : Blue Park Lovers, Dominic Chambers

L’œuvre Blue Park Lovers [Les amants du parc bleu] (2020) du peintre américain Dominic Chambers suggère la sensualité d’un moment romantique dans un parc, baigné dans les tons bleus d’une lumière sereine. Un couple installé nonchalamment sur l’herbe se regarde. Les peintures de Chambers, saturées de couleurs, se nourrissent de littérature, mythologie, réalisme magique et d’histoire afro-américaine. Elles mettent en scène des scénarios à la fois créatifs et contemplatifs, qui contrecarrent les stéréotypes négatifs sur le vécu des personnes noires.

5. Spiritualité : Untitled [Corbillard des Pauvres], Emma Pap’

Au dos du mur « boomerang » central, l’œuvre Sans titre [Corbillard des pauvres] (1987) de Emma Pap’ représente une foule venue assister à un service funèbre. Au centre de l’activité dépeinte, un homme se dresse. Il porte une soutane blanche chrétienne, une étole rouge ornée de deux croix et une autre suspendue à son cou. Les bras levés, il préside la cérémonie d’un défunt dont le corps repose sur une paillasse violette. D’origine congolaise, Emma Pap’ est né en 1960 et a passé plusieurs années à Bujumbura (Burundi), où il s’est consacré à la peinture religieuse allemande avant de se distinguer par son surréalisme. Il a rapidement connu un succès international grâce au soutien d’un mécénat qui lui permettait de se vouer entièrement à sa peinture. Il est parti pour Kinshasa, où il a remporté le premier prix d’une exposition organisée par le Centre culturel français ; ses œuvres lui ont cependant aussi coûté un séjour en prison au motif d’« offense ». Emma’Pap est malheureusement mort jeune, à l’âge de 36 ans.

6. Joie et allégresse : The Card Game, Jacob Lawrence

Jacob Lawrence a illustré le divertissement par le jeu dans l’œuvre The Card Game [Le jeu de cartes] (1953) où quatre personnes élégamment habillées jouent aux cartes autour d’une table recouverte d’une nappe rouge. Peintre acclamé, Lawrence a dépeint l’histoire afro-américaine et la culture contemporaine. Arrivé à New York dans les années 1920, il a grandi et s’est formé dans les centres d’art de la communauté locale pendant la Harlem Renaissance, un mouvement de renouveau de la culture afro-américaine touchant les arts visuels, la musique, la littérature et l'engagement politique et social, qui atteint son apogée dans le Harlem de l'Entre-deux-guerres. Son travail illustre l’essence de Harlem avec des couleurs vibrantes et des formes géométriques.