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Delcy Morelos et Pauline Julier poursuivent leur voyage à travers les découvertes artistiques et scientifiques avec Studiotopia

Les deux artistes Delcy Morelos et Pauline Julier ont débuté leur partenariat de longue durée avec des scientifiques à travers l’Europe. Ces huit derniers mois, elles étudient leurs sujets de prédilection accompagnées de leurs associés scientifiques respectifs : Jasper Van Den Linden de BC Studies pour Delcy Morelos, et Faustine Cantalloube de l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble pour Pauline Julier.

Delcy Morelos : à la découverte de la terre locale et implication d’étudiants internationaux dans le processus de recherche 

Les recherches de Delcy Morelos pour l’installation Bozar Monumental 2026 ont été nourries par son dialogue avec BC, une société d’architecture et un laboratoire de recherche innovant basé à Bruxelles. BC a présenté Delcy à des étudiants de l’université d’Aix-la-Chapelle, lors d’un cours animé par Jasper Van Den Linden intitulé « Act of Building ». Durant leur second semestre (avril-juin), 18 étudiants allemands et internationaux ont suivi une fois par mois ce cours sur les matériaux de construction locaux et biosourcés organisé par BC Studies. Leurs échantillons et leurs recherches ont permis de constituer une « bibliothèque de matériaux », qui servira de base à la recherche et aux futures œuvres de l’artiste Delcy Morelos, réalisées à partir de matériaux provenant de la région bruxelloise (terre glaise et diverses fibres locales).

En juin 2025, les étudiants ont présenté leurs recherches à Delcy Morelos. Leurs projets ont pris la forme de propositions de différentes combinaisons d’argile mélangée à des fibres qu’ils avaient trouvées dans la région de Bruxelles. Les différents groupes d’étudiants ont comparé les résultats avec des combinaisons de terre glaise et de l’une de ces fibres : renouée du Japon, quenouille, lin, pâturin des prés, ortie ou roseau. Les recherches ont beaucoup inspiré Delcy Morelos, qui choisira l’une de leurs combinaisons pour son projet de Bozar Monumental 2026. 

Comment l’architecte Jasper Van Den Linden, de BC Studies, évalue-t-il la collaboration avec l’artiste Delcy Morelos jusqu’à présent ? 

Jasper nous a fait part de ses impressions sur sa collaboration avec Delcy Morelos : 
« Les matériaux naturels comme la terre et les fibres sont au cœur de notre travail et de l’œuvre de Delcy Morelos. Nous partageons un intérêt pour le potentiel expressif de ces matériaux, au-delà de leurs propriétés techniques. » 

« Ce partenariat nous a permis d’aller plus loin en mélangeant des fibres locales avec de la terre glaise provenant de la biorégion bruxelloise, approfondissant ainsi notre approche matérielle axée sur le lieu. L’opportunité d’explorer davantage ces matériaux de la biorégion bruxelloise, tout en contribuant à une œuvre d’art de grande envergure, est très motivante. » 

« En tant que scientifiques et architectes, nous privilégions souvent les performances et l’efficacité. Travailler avec une artiste déplace l’attention vers l’expérience sensorielle, le récit et l’émotion, ce qui nécessite un état d’esprit différent et une nouvelle forme d’attention à la présence des matériaux. (…) Au lieu de nous concentrer uniquement sur la fonction, nous avons commencé à réfléchir à la façon dont les matériaux sont perçus, sentis et évoquent des souvenirs. C’est essentiel pour l’acceptation et la connexion avec le public. » 

Prochaine étape du processus : Delcy Morelos et BC Studies continueront à travailler sur des propositions pour le Hall Horta de Bozar. Leurs recherches devraient s’achever en décembre 2025 en vue d’une présentation dans le Hall Horta en juin 2026. 

Pauline Julier : entrer dans le monde de l’astrophysique tout en invitant les scientifiques à entrer dans le sien

Pauline Julier a rencontré à plusieurs reprises sa principale partenaire scientifique, l’astrophysicienne française Faustine Cantalloube, pour discuter de la pluralité des formes de vie et de sa fascination pour la définition de la vie. Elle a invité Faustine à visiter son exposition sur l’île de Vassivière, dans le centre de la France, au Centre international d’Art et de Paysage. Faustine a ainsi pu se plonger dans l’œuvre de la cinéaste suisse Pauline Julier. Dans cette grande exposition solo, Julier emmène le visiteur dans les profondeurs de l’espace et le propulse à la surface de Mars ou du Soleil. 

Leur rencontre à l’exposition de Julier au CIAPV a permis à Pauline et Faustine de prendre le temps de discuter de sujets qui les intéressent particulièrement, dans le cadre spécifique d’une exposition qui les a presque fait sortir du temps. Elles y ont discuté de la naissance de l’univers et de l’importance de connaître les différentes périodes géologiques de la Terre, avant l’Holocène dans lequel nous vivons.

Faustin s’intéresse également beaucoup aux recherches sur la définition de la vie. Selon la discipline à partir de laquelle on aborde la question, la réponse peut être totalement différente. D’ailleurs, l’idée de chercher la vie en dehors de la Terre est souvent une obsession, alors qu’il reste tant de choses à découvrir ici même, sur notre planète. 

Dans ses recherches récentes, Pauline Julier tente de comprendre l’intérêt des scientifiques pour les planètes en dehors de notre système et pour la vie en dehors de notre planète. Pourquoi s’intéressent-ils autant à cette thématique ? Faustine confie qu’elle a toujours été fascinée par les grands instruments d’astrophysique et par la méthodologie d’interprétation des images reçues par les télescopes. Mais, par-dessus tout, l’astrophysique fait voyager, et nous fait détourner le regard de notre propre monde.

Comment l’astrophysicienne Faustine Cantalloube évalue-t-elle la collaboration avec l’artiste Pauline Julier jusqu’à présent ?

« Le fossé entre l’art et la science s’est creusé sans raison ces dernières décennies. Cependant, même si nous ne partageons pas le même vocabulaire et le même jargon, j’espère que nous pourrons surmonter cet obstacle et construire quelque chose qui trouvera un écho auprès du plus grand nombre. » 

« En apprenant à nous connaître sur le plan humain, nous avons rapidement réalisé que nous voulions travailler de la même manière, avec une approche très similaire pour mettre en question les enjeux entre l’astronomie et la société. » 

Parallèlement à ses rencontres avec Faustine Cantalloube, Pauline Julier travaille également avec la conservatrice Filipa Ramos. Cette dernière suit les réflexions de Pauline Julier dans son parcours de compréhension des méthodologies des scientifiques et de remise en question de leur positionnement. Elle aide Pauline Julier à traduire ses points de vue en concepts philosophiques et métaphoriques.
 

Ce programme unique est cofinancé par le programme « Europe créative » de l’Union européenne.
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