Artiste multi récompensée, Isabelle Huppert mène de front et à l’international une double carrière au cinéma et au théâtre. Depuis ses débuts aux côtés de Jacques Brel dans Le Bar de la Fourche, elle a tourné avec Claude Sautet, Bertrand Tavernier, Jean-Luc Godard, Michael Haneke, Paul Verhoeven, Maurice Pialat, Hong Sang-soo, Michael Cimino et bien sûr Claude Chabrol, avec qui elle a collaboré sur sept films. Au théâtre, elle fait vivre les personnages de Robert Wilson, Claude Régy, Luc Bondy ou encore Romeo Castellucci. L’actrice est insaisissable, mystérieuse, parfois sévère, tantôt solaire. On projette sur elle bien plus qu’on ne la connaît. Elle intimide, dit-on, mais ceux qui la croisent notent son accessibilité et son humour.
Laisser parler le cinéma
« Le cinéma est un langage qu’il faut savoir entendre et écouter. Puis on finit par le comprendre. Mais je ne pense pas qu’il faille tout comprendre à ce que l’on fait — c’est même très bien. Quand je tourne un film ou que je joue une pièce, je le vis comme une expérience. Cela me donne beaucoup de liberté » Confiat Isabelle Huppert au micro d’Eva Bester en janvier sur France Inter. Pour elle, « le cinéma se passe d’explication, de mots. C’est un langage qui s’élabore sur l’instant. Ici et maintenant. » Une posture d’autant plus intrigante que l’actrice viendra justement nous en parler, du cinéma. Elle présentera en novembre, à Bozar, son State of Cinema. Depuis huit ans, la revue Sabzian invite une personnalité à rédiger un texte et à choisir un film en résonance avec celui-ci — une invitation à réfléchir à ce que le cinéma peut ou devrait signifier. Isabelle Huppert a choisi de présenter Les feuilles mortes(2023) d’Aki Kaurismäki. Récompensée par le Prix du Jury au Festival de Cannes, cette tendre tragi-comédie constitue la quatrième partie inattendue de la trilogie ouvrière de Kaurismäki (Shadows in Paradise, Ariel, La Fille aux allumettes). Un choix cohérent pour une actrice qui préfère dialoguer avec les œuvres plutôt que de les expliquer.
Isabelle Huppert en 5 films cultes
- La Dentellière (1977) — Le film qui la révèle au monde. Réalisé par Claude Goretta, ce portrait d’une jeune ouvrière timide et hypersensible inscrit durablement Huppert dans la mémoire collective.
- Violette Nozière (1978) — Première collaboration avec Claude Chabrol, ce film inspiré d’un fait divers des années 1930. Isabelle Huppert y incarne la jeune femme accusée de parricide et remporte le prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes.
- La Pianiste (2001) — Sous la direction de Michael Haneke, Huppert joue Erika Kohut, professeure de piano à Vienne, dont la vie secrète dévoile une douleur vertigineuse. Une performance inoubliable.
- Elle (2016) — Dirigée par Paul Verhoeven, elle incarne Michèle, femme d’affaires agressée chez elle, qui réagit de façon totalement inattendue. Un thriller glaçant et fascinant : elle y est effrayante, drôle, souveraine.
- La Voyageuse (2025) — Nouvelle collaboration avec Hong Sang-soo, présentée à la Berlinale. Huppert y interprète un rôle à son image : libre, flottant, imprévisible. Le scénario, distribué aux acteurs le matin du tournage, laisse toute sa place à l’instinct et à l’improvisation.