Comment l’ensemble InVocare a-t-il vu le jour ?
Nous nous sommes rencontrés en 2016, dans le cadre du programme AVES de la Schola Cantorum Basiliensis, dirigée par Anthony Rooley et Evelyn Tubb. Nous y avons suivi, en groupe, un cours intensif et travaillé sur le vaste répertoire du madrigal, explorant ainsi quelques-uns des compositeurs les plus appréciés du genre. Une fois cette formation terminée, nous avons voulu poursuivre cette exploration, et interpréter ensemble cet incroyable répertoire. « Invocare », un terme qui signifie invoquer, convoquer ou appeler, est à rapprocher du thème de la formation que nous avons suivie ensemble : de nombreux madrigaux invoquent en effet les muses ou des divinités ou convoquent des émotions. InVocare reflète ainsi notre objectif : « faire découvrir les compositeurs et poètes de ce merveilleux répertoire à un public moderne ».
Comment abordez-vous les pièces ?
Nous abordons les pièces selon une approche générale, en commençant par lire le texte et le lire ensuite en rythme. Nous chantons ensuite les notes, sans les paroles. Ce processus nous permet de retrouver le véritable esprit de la tradition du madrigal. Nous aimons beaucoup discuter de nos différentes interprétations de la poésie et de la tonalité musicale des mots. Nous expérimentons ensuite chacune de ces interprétations et tâchons d’identifier celle qui est la plus convaincante pour notre ensemble.
Quelles sont les dynamiques à l’œuvre dans votre ensemble ? Comment vos différentes personnalités se complètent-elles ?
Notre ensemble est extrêmement diversifié, avec des musiciens originaires d’Allemagne, d'Italie, du Portugal, d'Islande, de Slovénie, du Royaume-Uni et même de pays aussi éloignés que le Canada, le Venezuela, l'Australie et l'Afrique du Sud. La participation au programme AVES a fait de nous une véritable famille. Il arrive souvent que nous ayons des opinions divergentes et nous tâchons de les exploiter ! L'un des avantages d'une telle diversité est que nous avons chacun nos propres points forts. L’éventail complet des compétences est ainsi couvert : connaissances rhétoriques, prononciation de diverses langues, compétences organisationnelles… Nous sommes aussi en mesure de nous faire les avocats du diable.
Pourquoi avez-vous choisi ce programme ?
Ce programme nous plaît et nous intéresse au plus haut point. Les pièces de John Dowland sont connues et très appréciées, mais surtout, elles sont incroyablement portées par le texte, par la richesse de la poésie. Des pièces idéales donc pour un ensemble qui souhaite explorer leur musicalité à l’époque où elles ont été composées. C’est pour nous un réel bonheur d’examiner ces pièces selon une perspective nouvelle et de les interpréter en nous rapprochant au mieux des sonorités de « leur » époque.
Que ressentez-vous à l’idée de venir jouer à Bozar ?
Après cette longue période d’arrêt et de souffrance pour le secteur de la musique et des arts, c’est vraiment merveilleux de pouvoir à nouveau se produire en concert. Bozar et AMUZ, mais aussi David Crystal, Peter van Heyghen et bien d'autres personnes, nous ont apporté un soutien incroyablement précieux. Nous leur en sommes très reconnaissants car c’est grâce à eux que ce formidable projet a pu voir le jour.
Quel grand rêve aimeriez-vous réaliser un jour ?
Nous sommes un ensemble relativement jeune et nous planchons donc sur la façon dont nous allons aborder le prochain défi qui nous tient à cœur : le financement et l'enregistrement de notre premier album. Après cela, il y a énormément de pièces, connues ou plus confidentielles, que nous avons envie d’explorer. Notre rêve est d'être vraiment assimilé au madrigal. Nous aimerions enregistrer et partir régulièrement en tournée pour faire découvrir notre approche de cette merveilleuse musique aux publics du monde entier.
