Six écoles supérieures d’art belges étaient représentées. Stimulé·es par deux collectifs de facilitateur.ice.s, les participant·e·s ont puisé dans l'héritage surréaliste pour appréhender les enjeux sociétaux d’aujourd’hui. L’objectif : réclamer un art acteur de changement, capable de transformer nos perspectives sur le monde. Paul Nougé, figure marquante du surréalisme belge, inspire encore cette réflexion. Sa question « À quoi peut-on faire servir une main, une bouche, un œil, un pied, la peau, l’homme, la femme, un miroir, une chaise, une corde, des ciseaux ? » résonne comme un appel à réinventer les usages et les fonctions des objets et des êtres dans notre société contemporaine.
Atelier Bozar x Surréalisme s'est articulé autour d'ateliers et de conférences favorisant la réflexion collective, le dialogue, l'écriture et la co-création. Le format de la page, soigneusement choisi par l’écrivaine, chercheuse et éducatrice, Vivian Sky Rehberg, faisait écho à la revue Correspondance - initiative entre autres de Paul Nougé, exposée alors à Bozar -, et plus largement aux formats culturels du tract et du manifeste, tout en explorant leur pertinence comme outil de communication artistique contemporaine.
« C'était une nouvelle façon de penser l'écriture, qui m'a encouragé à envisager différemment le processus de création. »
What can we do with a page? : Une archive collective à avoir chez soi
Les sept heures intenses d’Atelier Bozar ont finalement pris la forme matérielle d'un fanzine digital, à imprimer chez soi. La publication de vingt-sept pages, archive minutieusement collectée et assemblée par la curatrice et les facilitateur·ice·s, témoigne des riches heures de collaboration et d’échanges bouillonnants, offrant un aperçu des créations nées de cet atelier.
Une approche inclusive et collaborative
L’événement a suscité l’engouement des participant·e.s pour son approche inclusive et collaborative, soulignant l’importance d’un espace institutionnel non-formaté où la coopération prime sur la compétition. Les étudiant·e·s, les professeur·e·s, le personnel académique, les facilitateur·ice·s et les membres des équipes Expositions et Education de Bozar : sans aucune hiérarchie, chacun·e a trouvé son rôle. Et si l'anglais servait à priori de langue de travail, chacun·e échangeait en fait dans la langue de son choix. Cette flexibilité a permis de dépasser les barrières linguistiques et géographiques, créant un espace de collaboration enrichissant qui respecte et célèbre les spécificités culturelles de chacun·e. En bonne guide dans ce processus créatif, Vivian Sky Rehberg a invité deux collectifs de facilitateur·ice·s qui ont proposé aux participant·e·s des méthodologies qui n’ont pas manqué de les inspirer.
« C'était agréable d'avoir du temps pour discuter avec des personnes d'autres institutions autour de travaux créatifs. Cela a facilité les conversations, et tout le monde était détendu et ouvert au dialogue. »
« [...] l'engagement enthousiaste des participants à l'Atelier Bozar x Surréalisme, et leurs réponses incroyablement diverses aux invitations des facilitateurs, telles que présentées dans cette publication, montrent qu’en une seule journée, des mondes entiers peuvent être façonnés, exprimés, collés, légendés et contenus dans une simple page A4. »
Stimuler la création culturelle et les imaginaires
Au-delà des évènements ouverts au public et de la programmation strictement artistique de Bozar, se déroule une foule d’activités plus discrètes mais néanmoins d’intérêt général, ayant pour vocation de stimuler la création culturelle et les imaginaires. Bozar met en relation la recherche et la pensée théorique d’une part et les pratiques artistiques de l’autre. En tant que projet pilote, Atelier Bozar a démontré la valeur de créer des espaces d’échange interinstitutionnels, intergénérationnels et interlinguistiques, où les jeunes artistes en formation peuvent se rencontrer et élaborer ensemble de nouvelles manières de penser et d’interragir avec le monde qu’iels habitent.
Nous tenons à remercier chaleureusement toutes les écoles participantes : ArBA-EsA, ESA Le 75, ESA Saint-Luc Liège, KASK & Conservatorium Gent, Sint Lucas Antwerpen, et LUCA School of Arts Brussels, ainsi que les collectifs et facilitateurs impliqués, à savoir Short Pieces That Move! (Annabelle Binnerts, Linus Bonduelle, Ash Kilmartin) et Futures of Europe (Simone Ashby, Julian Hanna, Michelle Kasprzak, Alwin de Rooij, et assistés par Sonja Rozental. Merci aussi à la photographe Pauline Lecomte dont les photos se retrouvent dans le fanzine. Cette première édition d’Atelier Bozar a posé les bases d’un dialogue enrichissant entre les artistes de demain, et nous sommes impatients de voir où ces échanges nous mèneront à l’avenir. Affaire à suivre donc, pour cette aventure artistique prometteuse.
« C'était une journée très spéciale et belle [...] La journée a été à la fois amusante et sérieuse. »