« L'autobiographie de l'écrivain n'est pas une représentation des événements qu'il a effectivement (ou réellement) vécus, mais elle est son œuvre proprement dite. »
Le pouvoir de l'autobiographie
Si vous vous plongez dans un Grunberg ou un Lakmaker, vous apprendrez une chose ou deux sur l'auteur. Marcel Möring, quant à lui, n'a jamais eu l'intention d'écrire des autobiographies ; selon ses propres dires, il ne mène pas une vie intéressante. Dans son dernier roman, Familiewandeling (2022), il découvre que toute son œuvre pourrait bien porter sur sa propre personne. Le thème de la soirée, « Le Juif errant », apparaît surtout dans les romans de Möring. Il parle souvent de ces « Juifs errants », des personnages en quête qui se confrontent au monde. En quête d'eux-mêmes ? D'un environnement où ils se sentent bien ?
L'identité juive
Grunberg, Lakmaker et Möring ont-ils l'impression qu'ils n'ont d'autre choix que celui d'écrire sur leur « judéité » ? En tout cas, ils évoquent tous les trois le destin des Juifs. Chez Tobi Lakmaker, on le lit davantage entre les lignes ; chez Grunberg et Möring, l'évocation est souvent plus claire. Nicky Aerts a rencontré Grunberg il y a quelques années à Jérusalem. L'ONG israélienne Breaking the Silence les avait réunis en Cisjordanie. Près d'une colonie israélienne où les esprits s'échauffent souvent, ils s'étaient rendus dans le foyer d'une famille palestinienne. Pour Grunberg, ce fut une expérience déstabilisante, car sa sœur juive orthodoxe vit dans une colonie depuis des années. Est-ce à ce moment-là qu'a germé l'idée de son roman Bezette Gebieden (2020) ?
Douloureusement honnête
Dans ces Bezette Gebieden (territoires occupés), il atterrit dans une colonie israélienne. Les scènes souvent hilarantes ne peuvent sortir que de la plume de Grunberg. Avec son style si caractéristique, il parvient à écrire un livre différent à chaque fois. Et cet humour douloureusement honnête se retrouve également dans les mots du jeune auteur à succès Tobi Lakmaker. En 2021, ce dernier a publié son premier roman, De geschiedenis van mijn seksualiteit (L'histoire de ma sexualité), un livre qui se distingue tant par son contenu que par son style. « Tranchant et non conventionnel », a pu-t-on lire dans la presse. À ne manquer sous aucun prétexte !
« Je pense qu'il y a une certaine honnêteté à laquelle je ne peux accéder que par l'écriture – une honnêteté que je ne peux atteindre dans une conversation. »
Vous souhaitez savoir s'il existe des convergences entre ces trois générations ? Rendez-vous le mercredi 8 juin au Palais des Beaux-Arts.