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Un hautboïste de grand talent

Balder Dendievel a du talent. Beaucoup de talent. À cinq ans, il commence le hautbois et depuis lors, il aligne les prix les plus prestigieux. Il suit actuellement une formation à l’Académie de musique Hanns Eisler auprès de Dominik Wollenweber, cor anglais solo au Berliner Philharmoniker. Avec quelques amis, il interprète un quatuor de Mozart ainsi que quelques pièces pittoresques de Martinů et de Dubois.

Cet article s'intègre dans le cadre de

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Pourquoi avez-vous choisi le hautbois ?

Ce choix était en fait assez fortuit. Je jouais déjà du violon depuis l’âge de 4 ans, et quand j'avais 5 ans, un cousin plus âgé est venu chez nous pour nous garder, mes frères et moi. Il jouait très bien du hautbois et avait apporté son instrument. Un par un, nous avons été autorisés à l'essayer et j'ai été le seul à pouvoir plus ou moins en tirer un son. J'ai immédiatement accroché et j'ai voulu apprendre à jouer du hautbois. Au début, mes parents pensaient que c'était juste un caprice, mais j'ai insisté. Ils ont contacté un professeur privé et tout s'est enchaîné très vite.

Qu'est-ce qui est si unique dans le fait de jouer de cet instrument ?

Je dirais que le caractère unique est plutôt négatif : c'est un instrument très complexe et l'anche (le bec qui se place sur l'instrument) est une source de grande frustration. Les hautboïstes fabriquent eux-mêmes ces anches et le bois est un matériau vivant qui peut changer d'un jour à l'autre. Si une anche sonne bien un jour, cela ne veut pas dire que ce sera le cas le lendemain. Ainsi, un hautboïste doit rester vigilant, construire de nombreuses anches, essayer différentes sortes de bois, puis trouver la meilleure anche pour le concert. En outre, je trouve que le hautbois est un instrument dont le son est très particulier. Il est plutôt limité en termes de dynamique et de gamme tonale, mais il possède un son qui, sans trop de virtuosité ou de particularité, peut aller droit au cœur.

Pouvez-vous expliquer brièvement le programme ?

Le programme se compose de plusieurs œuvres du répertoire de musique de chambre pour hautbois. L'instrument est rarement présenté de la sorte, c'est pourquoi je suis ravi de pouvoir donner un concert complet dans ce contexte musical.

Le quatuor de Mozart est peut-être l'œuvre la plus connue du programme. Lors d'un de ses voyages à Munich, Mozart a rencontré un célèbre hautboïste, dont on disait qu'il était capable de jouer avec une virtuosité sans précédent. L'œuvre est techniquement difficile, surtout pour les hautbois de l'époque. Peu de musiciens pouvaient la jouer. Aujourd'hui, le quatuor fait partie de l'arsenal « classique » du hautboïste, mais il n'est pas non plus facile à jouer ensemble.

Martinů a créé son quatuor en 1947 aux États-Unis, où il avait émigré à cause de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, son pays natal, la République tchèque, lui manquait et, dans la période d'après-guerre, il a écrit certaines de ses meilleures œuvres, empreintes de mélancolie. Parmi celles-ci figurent le quatuor pour hautbois, une pièce pleine d'harmonies douces et de longs arcs musicaux.

Compositeur français relativement peu connu, Théodore Dubois a remporté le prestigieux Prix de Rome en 1861. Il était chef de chœur à la cathédrale Saint-Clothilde à Paris, où César Franck jouait alors de l'orgue. En outre, il a été d'abord professeur, puis directeur du Conservatoire de Paris. Son œuvre est très diversifiée. Le quintette pour hautbois, violon, alto, violoncelle et piano n'est pratiquement jamais joué, mais je pense que l'œuvre mérite certainement une place dans le répertoire.

Sur scène, vous jouerez en compagnie de vos amis…

J'ai en effet travaillé avec la plupart des musiciens à plusieurs reprises. Dès la première fois que nous avons joué ensemble, nous nous sommes très bien entendus. C'est un sentiment formidable de pouvoir partager la scène avec des personnes que l'on aime, tant sur le plan musical que personnel. 

Quel rêve souhaiteriez-vous réaliser avec votre ensemble ?

Le concert à Bozar est le premier que nous donnons avec cet ensemble. Comme tout le monde est assez occupé et que je vis à l'étranger, il n'est pas simple de planifier des concerts. Nous verrons ce qui s'offre à nous. Mais la spontanéité est particulièrement agréable.