Moeschal Aalbeke Signal

Publié le - Lotte Poté

Jacques Moeschal : le sculpteur que tout le monde connaît sans jamais en avoir entendu parler

Qui ne connaît pas ces imposantes sculptures en béton, points de repère le long de nos autoroutes. Elles ont été conçues dans les années 60 et 70 par le sculpteur et architecte bruxellois Jacques Moeschal. Son nom est pourtant injustement tombé dans l’oubli dans les décennies qui ont suivi. Bozar propose aujourd’hui de le redécouvrir grâce à une exposition autour de son œuvre. Mais qui était cet artiste ? Faisons connaissance avec Jacques Moeschal.

Jacques Moeschal, Signal Zellik/Groot-Bijgaarden
Kasper Akhøj, Signals # Groot- Bijgaarden, 2021.

Entre architecture et sculpture

Après avoir étudié l’architecture, Jacques Moeschal (1913-2004) a suivi une formation de sculpteur à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Il s’est peu à peu imposé comme un véritable « architecte-artiste ». Ses sculptures les plus connues frappent par leur gigantisme et sont généralement en béton. Sa méthode de travail mais aussi son esthétique témoignent de son expérience d’architecte. Des architectes modernistes, tels que Le Corbusier et Oscar Niemeyer ont d’ailleurs été pour lui des sources d’inspiration majeures.

Jacques Moeschal, De Pijl, EXPO 58
© Archives ministry of public works

L’Expo 58, un tournant

En 1958, Jacques Moeschal a réalisé la Flèche du Génie civil pour le pavillon du Génie civil de l’Exposition universelle de Bruxelles. Cette œuvre allait signer sa percée en Belgique et dans le monde. Cet ouvrage en béton de 80 mètres de haut fit forte impression sur les visiteurs de l’Expo 58, d’autant qu’ils pouvaient emprunter la passerelle suspendue à cette construction. Véritable prouesse technique, le pavillon a malheureusement été démoli en 1970. Après cette expérience, Moeschal allait se concentrer sur la conception et la réalisation de sculptures.

L’autoroute comme musée

Moeschal rêvait d’ériger des sculptures en béton le long des autoroutes, à intervalles réguliers. Des jalons, des points de repère que les automobilistes qui les empruntaient pouvaient admirer. Car Moeschal voulait aussi que tout le monde puisse profiter de ses sculptures. La plus connue est sans doute le Signal à Zellik. Cette boucle monumentale est plantée sur un voile de 23 mètres de haut. Elle semble saluer les automobilistes qui entrent dans la capitale ou en sortent.

Moeschal goes international

Outre son travail prolifique en Belgique, Moeschal a investi à plusieurs reprises la scène internationale. Il a ainsi planté un Signal en béton dans le désert israélien du Néguev et réalisé un monumental disque solaire de 20 mètres de haut pour les Jeux Olympiques de 1968 à Mexico. L’artiste a souvent repris d’anciens projets de sculpture pour les adapter à un nouveau site par mise à l’échelle. Parmi ses projets figurait aussi une sculpture monumentale qui aurait dû être érigée dans un désert iranien. Elle n’a jamais été réalisée. Plus tard, il allait en faire une version plus petite, pour le rond-point de la Porte de Namur.

Jacques Moeschal, Mexico-City
Jacques Moeschal, Mexico City

Le silence est d’or

Moeschal a à son actif de très nombreux ouvrages en béton mais aussi de véritables prouesses architecturales. Son nom est pourtant tombé dans l’oubli. Pourquoi ? La curatrice Angelique Campens évoque la modestie de l’artiste, un des traits de sa personnalité. Celui-ci voulait en effet que son nom inscrit sur le socle soit accompagné de celui de tous les ingénieurs et ouvriers associés au projet. Moeschal n’était pas non plus de ces artistes intarissables sur eux-mêmes et leur œuvre. Il préférait se taire pour laisser la parole à ses sculptures.

Envie de redécouvrir cet artiste ? Vous avez jusqu’au 19 septembre compris pour venir voir à Bozar l’exposition Jacques Moeschal, Architecture Sculptures. Réservez vos tickets sur notre site web.