Bezoekers wandelen rond in de fototentoonstelling van Vivian Maier

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Now You See Me, Now You Don’t

Les autoportraits intrigants de Vivian Maier en 3 thèmes

Parmi les quelque 120.000 photos découvertes dans les affaires de l’ancienne gouvernante d’enfants, on trouve des milliers d’autoportraits. Cela peut sembler étrange pour une artiste excentrique qui demeurait en retrait et ne montrait jamais ses œuvres à personne. Mais les selfies de Vivian Maier sont des exercices virtuoses à multiples facettes qui consistent à dévoiler et à dissimuler.

Vivian Maier (1926-2009) apparaît elle-même dans ses œuvres dès le moment où elle commence à photographier dans les années 1950 et ce, jusqu’aux années 1980, lorsqu’elle se retire progressivement de la vie publique et abandonne son appareil photo dans un coin. Ces autoportraits constituent l’un des aspects les plus fascinants de son œuvre ainsi que le lieu de ses expériences les plus importantes et les plus libres en tant que photographe. Notre exposition présente une large sélection de ces autoportraits, et les regroupe en trois thèmes.

Zwart-witfoto van de schaduw van een vrouw op een gazon
Self-Portrait, Chicago, IL, 1956 © Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY

Ombre

Dans nombre de ses photographies, Maier elle-même projette littéralement une ombre sur l’image. La photographe est présente, mais seulement en tant que négatif de son propre corps. Son moi véritable reste donc - littéralement - dans l’ombre.  Pourtant, il ne s’agit pas que d’une ombre anonyme. Parce qu’elle aimait s’envelopper dans de larges manteaux et, surtout plus tard, portait souvent un chapeau, l’ombre de Maier devient une silhouette reconnaissable, presque une signature.

Parfois, l’ombre semble être un clin d’œil ludique, attirant notre attention sur le fait qu’il y a quelqu’un derrière l’appareil photo. Parfois, il plane comme un nuage sombre, presque menaçant, sur l’objet de la photo. La photographe est-elle une simple passante ? Ou une harceleuse déterminée ?

Vivian Maier n’est pas la seule à utiliser les ombres. Les autoportraits de Walker Evans et Lee Friedlander, par exemple, jouent également avec les ombres de manière similaire. Maier gardait les gens à distance mais était tout sauf une recluse ; elle aimait les livres d’art et visitait les expositions, notamment au MoMA. Elle était donc très probablement au courant de ce que faisaient ses collègues photographes et ses contemporains.

Zwart-witfoto van vrouw die omhoog kijkt en haar camera op een spiegel richt die haar verschillende keren weerspiegelt
Self-Portrait, Chicago, IL, 1956 © Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY

Miroir

Il n’y a rien de plus révélateur qu’un regard honnête dans le miroir. Parce qu’il reflète simplement la réalité, non ? On dirait que Vivian Maier ne pouvait pas passer devant un miroir sans prendre une photo. Mais ici aussi, Maier réussit à se montrer et en même temps à brouiller l’image que nous avons d’elle.

Pour une photographe, le double cadrage est irrésistible : le cadre de l’appareil photo et le cadre du miroir. Cela crée un jeu très complexe entre le fait de montrer et de cacher. Maier ne montre souvent qu’une partie d’elle-même dans le miroir : parfois une partie de son visage, parfois seulement le torse. Ou bien nous voyons différentes Vivian Maier, qui se reflètent presque à l’infini.

Quelle version est la vraie Vivian Maier ? Tout au long de sa vie, Vivian Maier a écrit son nom de différentes manières, a donné de faux noms, et lorsqu’on lui demandait quelle était sa profession, elle répondait souvent : espionne. Dans ses autoportraits également, elle dépeint différentes versions d’elle-même : dédoublées et dérivées à l’infini.

Zwart-witfoto van kinderen die een gevel opklimmen, in een winkelraam zie je de reflectie van de fotografe
Boys climbing, Chicagoland, undated © Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY

Reflet

Toute surface réfléchissante peut servir de miroir à Maier. Des vitrines de magasins aux grille-pain chromés : l’observateur attentif trouvera un reflet presque partout. Ce qui pose la question suivante : quel est le véritable sujet de cette street photographer ? Les enfants qui jouent ? Le chat qui s’étire ? Ou est-ce la femme qui tient l’appareil Rolleiflex, dont le reflet apparaît, tantôt discret, tantôt emphatique, dans le cadre ?

Les nombreux autoportraits de Vivian Maier semblent dire : j’existe. En même temps, ils semblent contredire ce que nous savons d’elle : elle évitait les contacts personnels avec les gens et protégeait tant sa personne que sa vie privée. C’est cette tension énigmatique qui rend ces autoportraits si fascinants.