Isata Kanneh-Mason

Publié le - Luc Vermeulen

Un talent en or

Rencontre avec Isata Kanneh-Mason

Pianiste remarquée dès 2013 par Sir Elton John, Isata Kanneh-Mason a été nommée ECHO Rising Star 2021-2022 par les Birmingham Town Hall et Symphony Hall. Découvrez son incroyable talent lors de sa venue à Bruxelles dans le cadre de la série de concerts Bozar Next Generation.

Cet article s'intègre dans le cadre de

Bozar Next Generation : 25 ans

Comment en êtes-vous venue à jouer du piano ?

Quand j’avais 5 ans, je passais mes vacances en famille chez mes grands-parents dans les Caraïbes. J’aimais beaucoup m’amuser sur leur piano. Je trouvais le son magnifique. Ensuite, à 6 ans, ma mère m’a offert des leçons de piano. Ça s’est fait assez naturellement.

 

Vous êtes l’aînée d’une famille de 7 frères et sœurs. Votre frère Sheku est violoncelliste et est lui aussi un artiste de talent. Comment chacun trouve-t-il sa place, musicalement, dans la famille ?

Nous avons tous commencé par apprendre le piano, puis nous avons pris un instrument à cordes, en l’occurrence le violon, comme second instrument. Sheku est quant à lui tombé amoureux du violoncelle, pour son apparence et sa sonorité, lors d’un concert. Il a donc choisi cet instrument.

Qu’est-ce que cela fait de vivre dans une famille de musiciens ?

Il y a toujours quelqu’un qui s’entraîne pendant que je pratique mon instrument. C’est positif, car je me sens alors soutenue et toujours entourée. Cela m’inspire et me motive à m’exercer toujours plus et à m’améliorer. La dimension sociale de la musique est très importante à mes yeux.

 

Après le triomphe des Kanneh-Masons au télécrochet Britain’s Got Talent, votre carrière de pianiste concertiste a décollé. Comment expliquez-vous ce succès ?

Je ne me l’explique pas vraiment… Et pour tout vous dire, c’est quelque chose auquel je pense peu. Au quotidien, je me concentre sur la musique, les œuvres, mon apprentissage et mon propre développement. Je me sens toujours reconnaissante à l’idée de jouer en concert, mais tout le reste ne m’importe pas vraiment. Si on y accorde trop d’importance, on risque de se laisser distraire et de perdre de vue le réel.

 

Parlez-nous de votre programme à Bozar.

J’aime beaucoup ce programme car il est très contrasté. Il réunit des pièces que j'ai souvent écoutées, comme la Ballade de Chopin, et des pièces moins connues, comme celles de Sofia Goubaïdoulina ou encore la nouvelle œuvre d’Eleanor Alberga. J’espère, au travers de mes programmes, mettre dans la lumière des pièces moins familières du public.

Que ce soit par le biais de votre récital à Bozar ou de votre disque consacré à Clara Schumann, est-ce important pour vous de mettre les compositrices à l'honneur ?

Tout à fait. C’est une chose merveilleuse à faire. J'aime la musique de Clara Schumann et mon souhait est qu’elle fasse partie intégrante du grand répertoire. 

 

La plate-forme Deezer vous a choisie pour représenter sa chaîne de piano classique. Pensez-vous que vous puissiez stimuler les institutions à encourager la diversité au sein de l’univers de la musique classique ?

Je suis heureuse de pouvoir inspirer cela. Bien entendu, je ne peux pas y parvenir seule et j’espère que de plus en plus de personnes s’intéresseront à ce sujet. La diversité est une richesse énorme et elle est absolument nécessaire dans l’univers de la musique classique.

 

Et vous, quelles sont les personnalités qui vous inspirent ?

Les personnes qui m'inspirent le plus sont celles qui m’entourent au quotidien, comme mes parents, mes professeurs, mais aussi mes pairs. Une pianiste que j’adore est Martha Argerich. J'ai grandi avec ses CD. Je trouve son voicing et sa palette de couleurs absolument phénoménaux. J'aspire constamment à améliorer mon propre jeu dans cette direction.

Quelle a été votre réaction à l’annonce de votre nomination en tant que « ECHO Rising Star » ?

J'étais très surprise et enthousiaste car c’était totalement inattendu. Cette tournée de concert est également très excitante. J’ai hâte de visiter tant d’endroits merveilleux.

 

Pour vous la musique, c’est…

… de la communication. 

 

Votre plaisir coupable ? 

J'aime courir, lire, être avec les gens… Je n’ai pas de plaisir qui me fasse culpabiliser… Je regarde beaucoup de films… Au final, j’en retire également de l’inspiration, car les films reflètent la vie d’innombrables façons.

 

Quel est votre plus grand rêve ? 

Je voudrais enregistrer un disque Rachmaninov. Avec un peu de chance, ce rêve se réalisera dans quelques années. Qui vivra verra.