Publié le - Lotte Poté

5 choses à savoir sur John Baldessari

Il était celui qui collait des points colorés sur les visages. Le parrain de l’art conceptuel. Celui qui avait juré de ne plus jamais créer d’œuvres ennuyeuses. Un surréaliste à l’ère numérique. Les idées, les étiquettes et les mythes qui entourent l’artiste John Baldessari ne manquent pas. Nous en réfutons ou confirmons cinq.

1. Il a fait appel à Tom Waits pour une vidéo sur… John Baldessari

Pourquoi parler de John Baldessari, alors qu’il l’a déjà fait lui-même ? En 2012, il a demandé à Tom Waits, en raison de sa voix grave, d’assurer la voix off d’une vidéo sur sa vie et son œuvre. Mais loin d’être une biographie rigoureusement détaillée, A Brief History of John Baldessari regorge d’humour et d’absurdité, résumant ainsi particulièrement bien la personnalité de l’artiste.

2. Il a promis qu'il ne ferait plus jamais d'art ennuyeux

En 1971, Baldessari a été invité à exposer au Nova Scotia College of Art and Design au Canada. Le problème, c’est que le budget ne permettait pas de le faire venir. Sa solution ? Inviter les étudiant·es à réaliser eux-mêmes l’œuvre d’art. Leur mission ? Écrire à l’infini la phrase « I will not make any more boring art » (Je ne ferai plus jamais d’art ennuyeux) sur les murs de la galerie.

Ce qui avait commencé comme une blague s’est transformé en une déclaration contre l’enseignement artistique qui, selon Baldessari, accordait trop d’importance à la répétition et pas assez à la créativité. Par la suite, il a conçu une version vidéo dans laquelle il recopie la phrase comme s’il s’agissait d’une punition. L’œuvre est devenue une icône de l’art conceptuel : rebelle, ludique et incisive.

3. Il a brûlé toutes ses œuvres

Comme beaucoup d’autres artistes expérimentaux, Baldessari a commencé sa carrière dans le monde plus traditionnel de la peinture. En 1970, dans un crématorium de San Diego, il a brûlé toutes ses peintures réalisées entre 1953 et 1966, une démarche baptisée The Cremation Project. Les cendres ont été incorporées dans des biscuits et placées dans une urne. Il a ainsi rompu radicalement avec son passé et remis en question la valeur de l’objet d’art. C’était une déclaration contre le monde artistique établi et une façon de se réinventer en tant qu’artiste.

The Simpsons, "3 Scenes Plus a Tag from a Marriage" (Courtesy The Simpsons ™ and © 2017 TCFFC, all rights reserved, via WikiSimpsons)

4. Il a été interviewé par Marge Simpson 

John Baldessari fait partie des rares artistes ayant fait leur apparition à Springfield. Dans un épisode des Simpson intitulé 3 Scenes Plus a Tag From a Marriage, il joue son propre rôle en flashback. Marge, alors journaliste, tente de l’interviewer. Il rejoint ainsi d’autres grands noms de la culture ayant fait leur apparition dans la série animée emblématique, tels qu’Art Spiegelman, Frank Gehry et Thomas Pynchon. Un clin d’œil amusant à un artiste connu pour son sens de l’humour.

John Baldessari, Goya Series: Less Than Perfect ©John Baldessari 1997. Courtesy Estate of John Baldessari © 2025; Courtesy John Baldessari Family Foundation; Sprüth Magers; Stedelijk Museum, Amsterdam

5. Il vivait avec Giotto et Goya

John Baldessari s’inspirait principalement de l’histoire de l’art. Il avait d’ailleurs baptisé ses chiens Goya et Giotto. Dans une interview, il s’était même imaginé une autre vie en tant que docteur Baldessari, historien de l’art. « L’art provient de l’art », disait-il. Cet amour s’exprime dans Goya Series, un ensemble d’œuvres brutes et moins connues dans lesquelles, à l’instar de Francisco Goya, il confronte l’image et le texte. Inspiré par Les Désastres de la guerre de Goya, dont les scènes de guerre horribles sont accompagnées de titres froids tels que Y no hay remedio (« Il n’y a rien à faire »), Baldessari explore la puissance du langage… et surtout ses limites.

Un conseil : combinez son exposition à Bozar avec Luz y sombra. Goya et le réalisme espagnol, l’exposition d’Europalia qui se déroule presque simultanément.