Sol Gabetta

Publié le - Guillaume De Grieve

« Ce ne sont pas seulement des projets individuels mis bout à bout, mais un portrait musical de moi-même. »

Interview Sol Gabetta

Cette saison, nous donnons la parole à quatre artistes phares. Plusieurs concerts leur permettront d'exprimer toute leur polyvalence et de dévoiler toutes leurs facettes : œuvres grandioses et intimistes, anciennes et nouvelles, familières et expérimentales. La violoncelliste argentine Sol Gabetta est la musicienne par excellence à écouter aujourd'hui dans les chefs-d'œuvre orchestraux, mais elle explore également des chapitres méconnus de l'histoire de la musique de chambre.

Qui est Sol Gabetta ? Sol Gabetta est une star mondiale qui se produit en tant que soliste aux côtés des plus grands orchestres. Elle compte Klaus Mäkelä, Patricia Kopatchinskaja et Bertrand Chamayou parmi ses amis musiciens et dirige le Festival de Solsberg. Au cours des trente dernières années, elle a remporté un Echo Klassik Award, un Gramophone Award, un Diapason d'Or et de nombreuses autres distinctions. Gabetta enseigne à la Musik-Akademie de Bâle et se produit sur un violoncelle Matteo Goffriller de 1730.  

Quel est le projet que vous attendez avec le plus d’impatience lors de votre venue à Bozar ? 

Sol Gabetta : «Il est difficile de répondre à cette question, parce que j’ai voulu concevoir des programmes montrant trois facettes vraiment différentes de mon parcours musical au cours des vingt dernières années. Ce ne sont donc pas seulement des projets individuels mis bout à bout, mais un portrait musical de moi-même. 

Le récital avec Kristian Bezuidenhout (7 janvier) sera pour moi l’occasion d’une redécouverte, en quelque sorte. J’avais pris l’habitude de jouer presque exclusivement sur un piano à queue moderne. Le pianoforte permet une approche sonore inédite. Le jeu devient beaucoup plus doux et différencié, ce qui ouvre de nouvelles possibilités dans l’interaction entre le violoncelle et le piano. 

Le Royal Concertgebouw Orchestra (16 mai) offre toujours des expériences de concert hors du commun. Selon moi, il s’agit de l’un des meilleurs orchestres au monde que l’on pourra découvrir ici dans une combinaison idéale, avec le chef d’orchestre Santtu-Matias Rouvali dans le Concerto pour violoncelle de Martinů. Un moment qui s’annonce fort, comme d’habitude. 

Le concert de la violoncelliste française Lisa Christiani (6 décembre) est un projet qui me touche profondément. Ce sera le premier concert de notre tournée et l’aboutissement de dix années de recherche. Un album sortira en octobre et ARTE a d’ailleurs réalisé un documentaire sur ce long voyage. » 

Voir le documentaire ici.

Quand avez-vous entendu parler de Lise Cristiani pour la première fois ? 

Gabetta : « Cela remonte à mon enfance, quand je jouais le Lied ohne Worte de Felix Mendelssohn qui lui était dédié. Mais ce n’est qu’il y a une dizaine d’années que je me suis vraiment intéressé à elle. J’ai voulu découvrir qui était vraiment cette femme. J’ai donc fait des recherches longues et intensives qui ont, pour ainsi dire, abouti au concert que je donne à Bozar. » 

Quel est le message central que vous souhaitez faire passer à travers le projet Cristiani ? 

Gabetta : « Je pense qu’il est important de montrer à quel point le répertoire du XIXe siècle joue un rôle-clé pour le violoncelle. Il ne s’agit pas seulement de perfection technique ou de virtuosité au sens classique du terme, mais aussi d’une virtuosité très différente, de poésie, de profondeur. Lise Cristiani était une pionnière, une femme qui a suivi sa propre voie à une époque où les femmes n’étaient pas autorisées à voyager ou à donner des concerts seules. Elle était passionnée, ne s’est pas laissée arrêter par les frontières. C’est inspirant. » 

Selon vous, qu’est-ce qui fait l’attrait du Concerto pour violoncelle de Martinů ? 

Gabetta : « C’est une question intéressante, parce qu’au premier abord, ce concerto ne m’attirait pas tellement. À l’époque, on n’en trouvait pas d’enregistrements de qualité, et il existe trois versions très différentes de la partition. Je n’ai vraiment commencé à comprendre et à aimer l’œuvre qu’après l’avoir étudiée intensément. Aujourd’hui, je me suis complètement approprié ce concerto, c’est d’ailleurs presque comme si Martinů l’avait écrit spécialement pour moi. J’essaie donc de transmettre ce lien intime au public dans mon jeu. » 

Avez-vous des souvenirs de Bruxelles ou de Bozar que vous aimeriez partager avec nous ? 

Gabetta : «Oui, j’aime beaucoup jouer à Bozar. La salle possède une acoustique fantastique pour le violoncelle. Elle convient à des ensembles de toutes tailles. C’est une salle qui possède une histoire, une âme. Jouer dans un lieu aussi charismatique, c’est évidemment quelque chose de particulier. » 

Consultez ci-dessous les concerts de Sol Gabetta. Ou découvrez les autres artistes présenté·es cette saison :