Kobekina & Abdelmoula

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Deux talents à l’unisson

Rencontre avec Anastasia Kobekina et Jean-Sélim Abdelmoula

Au-delà de leur jeune âge et de leur amitié, Anastasia Kobekina et Jean-Sélim Abdelmoula partagent un amour immense pour la musique et l’acte créatif que représente l’interprétation d’une œuvre. Pour ce concert, ces deux futurs grands noms de la scène internationale joignent leurs talents dans un programme franco-russe alliant la grâce mélodique de Debussy, Franck et Paul Juon, figure méconnue du tournant du siècle. Rencontre avec ces deux étoiles montantes.

Cet article s'intègre dans le cadre de

Bozar Next Generation : 25 ans

Anastasia et Jean-Selim, vous avez respectivement choisi le violoncelle et le piano. Pourquoi ?

Anastasia : La musique régnait en maître à la maison : ma mère enseignait le piano et mon père était compositeur. J’étais tentée par tous les instruments, mais le fait de découvrir le jeu de la violoncelliste Natalia Gutman a été déterminant. Sa technique du ricochet, en particulier, qui consiste à faire rebondir l’archet sur les cordes, m’a fascinée. J’avais trois ans et mes parents ont alors décidé de me faire essayer le violoncelle.

Jean-Sélim : Il y avait un piano dans la vieille maison dans laquelle nous avons emmenagé quand j’avais trois ans.

 

Trois mots pour décrire votre personnalité ?

Anastasia : Spontanée, curieuse et dynamique.

Jean-Sélim : Sans véritable catégorie…

Anastasia Kobekina
Anastasia Kobekina © Altukhova Julia

Pourquoi aimez-vous jouer ensemble ?

Jean-Sélim : Je puis vous assurer que c’est très facile de répéter et de jouer avec Anastasia. C’est aussi un bonheur.

Anastasia : J’aime beaucoup répéter avec Jean-Selim, il a toujours de nouvelles idées ou une nouvelle façon d’expérimenter et d’explorer en musique. Rien n’est fixé dans notre jeu. Nous sommes dans un processus de recherche permanent !

 

Que nous réservez-vous pour ce récital ?

Anastasia : Nous allons commencer par la Sonate de Debussy, dont le langage rythmique et harmonique est plein d’effets et de surprises. Dans cette courte sonate de forme classique, l’on perçoit les influences du baroque et du jazz et des accords qui font penser à la guitare espagnole. On entend aussi des rires ironiques. Avec cette sonate sous-titrée initialement « Pierrot fâché avec la lune », nous vous invitons à donner libre cours à votre imagination et à vous faire votre propre commedia dell’arte.

Fairy-tale, de Paul Juon, est au cœur du programme. Ce compositeur russo-suisse n’est malheureusement pas souvent joué… Le titre en dit long mais à mes yeux, la musique tient davantage d’une berceuse, avec le rythme bien balancé d’un berceau.

Jean-Sélim : Ce qui est amusant, c’est qu’Anastasia et moi sommes respectivement russe et suisse.

Jean-Sélim Abdelmoula
Jean-Sélim Abdelmoula © Kaupo Kikkas

Anastasia : Franck a offert sa Sonate, composée initialement pour violon et piano, à son ami Eugene Ysaÿe en cadeau de mariage. Pour moi, les quatre mouvements de cette pièce symbolisent les quatre âges de la vie. Le premier mouvement, c’est l’âge tendre, le moment des découvertes, le deuxième, l’âge de la jeunesse et de ses passions, le troisième l’âge de la sagesse et le quatrième, le regard porté sur son parcours personnel, empreint de spiritualité.

Qu’est-ce que cela fait d’avoir été choisie par Patricia Kopatchinskaja pour ce concert Bozar Next Generation ?

Anastasia : La vie est vraiment pleine de surprises, c’est incroyable. Luka Fierz, le mari de Patricia, a déniché mon enregistrement sur YouTube et le lui a montré. Ils m’ont ensuite écrit via le formulaire de contact de ma page web. Je l’ai ainsi recontrée personnellement, pour la première fois, et nous avons joué ensemble. J’ai tout de suite eu l’impression de la connaître depuis très longtemps et j’ai eu beaucoup de plaisir à communiquer avec elle par la musique. Patricia Kopatchinskaja est pour moi une incroyable source d’inspiration, un modèle et je lui suis infinimément reconnaissante pour le soutien qu’elle m’a apporté.

 

Avez-vous des hobbys ?

Anastasia : Il y a des tas de choses qui titillent ma curiosité et je passe donc en permanence d’un loisir à un autre. Mais je reste fidèle à mes deux passions : la photographie de portrait et le dessin.

Jean-Sélim : Je joue du tennis de table dans un club.

 

Quel rêve le plus fou souhaitez-vous réaliser un jour ?

Jean-Sélim : Composer mieux, et surtout, plus.

Anastasia : Aller sur la lune.