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Jean-Baptiste Monnot

15 Nov.'23
- 20:00

Henry Le Boeuf Hall

Jean-Baptiste Monnot

Johann Sebastian Bach

Praeludium in D-Dur, BWV 532

Sonata sopr'Il Soggetto Reale (Musikalisches Opfer, BWV 1079)

Jehan Alain

Variations sur un thème de Clément Jannequin

Wolfgang Amadeus Mozart

Fantaisie, KV 608

Antonio Vivaldi

Concerto op. 3, no. 9, RV 230 (Transcription pour orgue par Jean Guillou)

Jean Guillou

Les feux du silence (Hypérion op. 45)

Marcel Dupré

Prélude et fugue, op. 7 n° 1

 

Durée: +/- 1h15

L’Orgue du voyage 

Aucun instrument n'est aussi lié à l'espace architectural que l'orgue. L'instrument est un élément fixe d’un intérieur, et celui-ci devient donc d’emblée le seul espace acoustique dans lequel les sons de l’instrument résonnent. Avec L'Orgue du voyage, Jean-Baptiste Monnot coupe ce lien avec l'emplacement fixe de l'orgue et crée un instrument unique pouvant être joué dans de nouveaux espaces à chaque fois. Cela lui permet d'emmener son instrument dans les lieux les plus divers. Non seulement l'orgue est entièrement démontable, mais il existe également plusieurs façons de le remonter. En fonction de l'espace dans lequel il se trouve, Monnot peut ajouter ou non certains registres. L'orgue devient ainsi un instrument flexible et agile, un caméléon capable de s'adapter à l'espace physique, mais aussi à différents types de répertoire. 

Si le concept de cet instrument est nouveau, les matériaux qui le composent ne le sont pas du tout. Monnot a délibérément opté pour des tuyaux d'orgue en plomb, en étain et en bois datant du XIXe et du début du XXe siècle. En revanche, le clavier est de facture récente et utilise un matériau léger : l'aluminium. Pour ce faire, l'expertise de Philippe Celor, ingénieur chez Airbus, a été mise à contribution.

Quand l’orgue se fait caméléon 

« À mes yeux et mes oreilles, l’orgue est tout de même le roi des instruments. » Décrire l'orgue comme le roi des instruments de musique doit être le fait d'un compositeur possédant un vaste répertoire pour orgue. Rien n'est moins vrai : cet éloge date du 17 octobre 1777 et est signé Wolfgang Amadeus Mozart, dans une lettre adressée à son père Léopold. Mozart adorait l'orgue et aimait jouer sur des instruments locaux lors de ses voyages. 

En tant que compositeur, cependant, il n'a pratiquement pas écrit de musique pour cet instrument, à l'exception de quelques curiosités pour la « Flötenuhr », ou horloge musicale. Il s'agit d'une sorte de boîte à musique combinant une cloche et un petit orgue mécanique. Mozart a lui-même arrangé cette musique pour un orgue ordinaire. La Fantaisie en fa mineur, KV 608 est clairement inspirée par la musique de Johann Sebastian Bach. La petite œuvre commence comme une ouverture à la française et se transforme en une fugue pure dans laquelle Mozart illustre son savoir-faire. 

Dans la musique d'orgue de Bach, on remarque à quel point le compositeur connaissait l'orgue. Dans le Praeludium en ré mineur, il est frappant de constater que la pédale et le manuel ont presque la même importance. Bach fait même partir la musique d'une figure de gamme dans le jeu de jambes, sur laquelle se déroule un dialogue plein de fraîcheur entre les mains et les pieds. Les possibilités supplémentaires offertes par le clavier de pédale constituent d'emblée la plus grande différence entre l'orgue et d'autres instruments à clavier tels que le piano ou le clavecin. Cela permet également d'interpréter à l'orgue des œuvres de musique de chambre telles que des sonates en trio. L'organiste français Jean Guillou – professeur de Jean-Baptiste Monnot, lui-même formé par Olivier Messiaen – a d’ailleurs réalisé un arrangement de la Sonata sopr'Il Soggetto Reale tirée de Das Musikalische Opfer. Cette sonate fait partie du cadeau musical offert par Bach à Frédéric le Grand, roi de Prusse, en 1747.  

Jean Guillou était connu non seulement comme organiste et arrangeur de musique existante (il a notamment arrangé le Concerto pour violon op. 3 no. 9 d'Antonio Vivaldi pour orgue) mais aussi comme compositeur d'une œuvre riche. Dans Les Feux du silence, l'un des quatre mouvements d'Hyperion datant de 1988, il explore les possibilités de l'instrument à travers quelques motifs musicaux récurrents. Le titre fait référence à un feu latent, presque imperceptiblement présent. 

Avec Olivier Messiaen, Jehan Alain compte parmi les élèves du pédagogue et compositeur d'orgue Marcel Dupré. Dans son œuvre, on retrouve les influences de l'impressionnisme et de l'exotisme. Dans ses Variations sur un thème de Clément Jannequin (un thème ne lui étant d’ailleurs pas attribué), il montre comment un simple point de départ musical peut se transformer en une composition imaginative et vivante. La texture plutôt rectiligne dans laquelle le thème est présenté s'ouvre progressivement. Sur le plan harmonique en particulier, cette œuvre témoigne d'une approche aventureuse et idiosyncrasique. 

Le choix d'un lien avec le passé, comme un thème de Jannequin, semble évident chez de nombreux compositeurs pour orgue. Marcel Dupré, lui aussi, reliait sa musique à celle de Bach, ne serait-ce que par le choix du titre Prélude et fugue. Dans son intégralité, l'opus 7 est constitué de trois préludes et fugues composés en 1914. La même année, il reçut le prestigieux Prix de Rome, mais la Première Guerre mondiale éclata également, ce qui retarda considérablement la diffusion de sa musique. 

Marcel Dupré reçut ses premières leçons de son père, alors titulaire de l'orgue de Saint-Ouen (Rouen), celui-là même auquel Jean-Baptiste Monnot est actuellement attaché. 

Jean-Baptiste Monnot

orgue

Après avoir remporté le premier prix du Concours du Jeune Organiste de Saint-Germain-des-Fossés à l'âge de 18 ans, l'organiste français Jean-Baptiste Monnot (1984) entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Il y suit les cours d'Olivier Latry et de Michel Bouvard et obtient son diplôme avec distinction. Il se perfectionne auprès de Bernhard Haas à Stuttgart et suit des master classes de Jean Guillou, dont il est l'assistant entre 2004 et 2014. 

En tant que soliste, il se produit dans le monde entier, de Paris à Saint-Pétersbourg, de Sydney à Londres et de New York à Berlin. Parallèlement à ses activités d'interprète, il a enseigné au Conservatoire de Mantes-la-Jolie de 2012 à 2016 et à l'IMEP de Namur de 2020 à 2021. 

Il est également le créateur et l'interprète principal de « l'Orgue du voyage », un orgue à tuyaux modulable et portable. Depuis 2015, il est titulaire de l'orgue Cavaillé-Coll de l'église de Saint-Ouen à Rouen, et depuis 2019, il est directeur artistique du Festival des Orgues Cavaillé-Coll.