Béla Bartók

Publié le - Méline Warzée

Béla Bartók : une vie en 10 mouvements

Pianiste, compositeur, pédagogue et ethnomusicologue, Béla Bartók fut l’un des grands « modernes » du début du XXe siècle. Plongez dans l’univers de ce créateur visionnaire, mis à l’honneur par Bozar et le Belgian National Orchestra à partir du 6 février.

  1. Enfance difficile d’un enfant prodige

Né en 1881 dans une petite ville hongroise (mais aujourd’hui roumaine), Bartók grandit dans un foyer de musiciens amateurs. Ses dons pour la musique se révèlent très tôt mais son enfance est marquée par la maladie : jusqu’à six ans, il vit isolé des autres enfants. 

  1. Sentiment patriotique

Notre compositeur hongrois évolue dans un contexte historique marqué par la domination des empires russe, allemand et autrichien. À la fin du XIXe siècle, Brahms et Wagner règnent sur la vie musicale. Bartók commence à s’interroger sur le poids de l’héritage allemand. Comment, dès lors, composer une musique véritablement hongroise ? 

  1. Des villages qui chantent

C’est après sa rencontre avec le compositeur Zoltán Kodály que Bartók approfondit son intérêt pour la musique populaire hongroise et organise ses recherches selon des méthodes rigoureuses. Armé d’un phonographe, il parcourt les campagnes, de village en village, recueillant des milliers de chansons. Après la Hongrie, il poursuit ses recherches parmi les peuples voisins, collectant des airs slovaques et roumains. Il ira même jusqu’en Turquie et en Algérie ! Cette démarche s’inscrit dans ce que l’on appellera plus tard l’ethnomusicologie, une discipline qui étudie les musiques des groupes ethniques et des communautés culturelles du monde entier. 

  1. Sa musique

S’il est d’abord influencé par Strauss, Liszt et Brahms, puis par Debussy, c’est à travers la découverte des airs populaires que Bartók trouve sa véritable voie. De cette rencontre entre folklore et musique savante naît un langage musical unique, que viendront ensuite enrichir les influences de Stravinsky et Schönberg.

  1. Professeur de piano

En 1907, Bartók est engagé à l’Académie royale de Budapest, où il enseignera pendant la majeure partie de sa vie. Professeur de piano, mais jamais de composition : la technique du piano est à tout le monde, sa création est à lui seul. 

  1. The King of Swing

En 1938, Benny Goodman, illustre clarinettiste de jazz à qui l’on doit notamment Sing Sing Sing, commande une œuvre à Bartók. Celui-ci écrit alors Contrastes, une œuvre étonnante dont la première sera donnée au Carnegie Hall de New York.

  1. L’angoisse 

Durant les années 1930, le déferlement du nazisme hante Bartók. Dans ses lettres, l’angoisse affleure à chaque instant. Il songe au départ, non par crainte, mais par horreur du fascisme. Il change de maison d’édition lorsque cette dernière se nazifie, refuse que ses œuvres soient jouées dans des concerts nazis et exige dans son testament qu’aucune rue ou place ne porte son nom tant qu’une autre portera celui de Hitler ou Mussolini. 

  1. Bartók à Bruxelles

Face à la montée du fascisme, Bartók se rend de plus en plus souvent à Bruxelles pour des séjours de durée variable. Il y rencontre le musicologue anversois Denijs Dille, qui consacrera une large partie de sa vie à préserver et valoriser son héritage musical. Grâce à son travail, notre Bibliothèque royale conserve aujourd’hui un vaste fonds d’archives dédié à Bartók. Bruxelles rend également hommage au compositeur par une statue située sur la place Spanjeplein. Réalisée par le sculpteur Imre Varga, elle fut offerte par la ville de Budapest en 1995, à l’occasion du 50e anniversaire de la mort de Bartók.

  1. L’exil

Début 1940, la menace de guerre en Europe se faisant de plus en plus pressante, Bartók décide d’émigrer aux États-Unis. Il meurt en exil en 1945, des idées et des projets encore plein la tête. « Il est bien dommage que je doive partir alors que ma valise est encore pleine ».

  1. Héritage

L’héritage de Bartók dépasse largement son œuvre de compositeur. Par ses enregistrements et transcriptions de musiques populaires, il a ouvert la voie à l’ethnomusicologie moderne. Synthétisant les courants musicaux de son époque sans jamais s’y soumettre, Bartók a créé un langage à la fois personnel et universel, dont l’influence continue de résonner dans la musique d’aujourd’hui.

Cet article a été publié dans le magazine du Belgian National Orchestra. Nous les remercions de nous avoir permis de l'utiliser.