Lea Desandre & Jupiter Ensemble
20 Sept.'25
- 20:00
Henry Le Boeuf Hall

Songs of Passion
John Dowland (1563-1626)
Come Again (de First Book of Songs, 1597)
Semper Dolens semper Dowland (de Lachrimae, 1604)
Go crystal teares (de First Book of Songs)
Frog Galliard
Now o now I needs must part (de First Book of Songs)
Lachrimae Antique (de Lachrimae)
Sorrow stay
Earl of Essex his galliard (de Lachrimae)
Flow my tears (de Second Book of Songs, 1600)
King of Denmark’s Galliard (de Lachrimae)
Can she excuse (de First Book of Songs)
pause
Henry Purcell (1659-1695)
If love’s a sweet passion (de The Fairy-Queen, Act 3, Z 629, 1692)
Strike the viol (de Come Ye Sons of Art, Z 323, 1694)
An evening Hymn (de Now that the Sun Hath Veiled his Light, Z 193, 1688)
Chaconne (de The Fairy-Queen, Act 5)
O let me weep (de The Fairy-Queen, Act 5)
Now the night is chased away (de The Fairy-Queen, Act 4)
Overture (de Dido and Aeneas, Z 626, 1688)
Ah Belinda (de Dido and Aeneas, Act 1)
Dance of the furies (de Dido and Aeneas, Act 2)
Thanks to these lonesome vales (de Dido and Aeneas, Act 2)
The witches’ dance (de Dido and Aeneas, Act 3)
When I am laid in earth (de Dido and Aeneas, Act 3)
durée : 110’
L’ensemble Jupiter est soutenu par La Fondation Orange, Cartier, Le Centre National de la Musique (CNM), L’ADAMI et la Spedidam. L’ensemble Jupiter remercie également tous ses donateurs individuels. L’ensemble Jupiter est en résidence à la Fondation Singer-Polignac et membre de la Févis et de Scènes Ensemble.
Une séance de dédicaces avec Lea Desandre et Thomas Dunford se tient à l'issue de ce concert.
* Dans Come again, une ligne ascendante souvent répétée exprime avec insistance l’émotion croissante : de « voir, entendre et toucher » jusqu’à « mourir » (un euphémisme typiquement élisabéthain).
* Dowland retravaillait souvent son propre matériel. Ainsi, la mélodie de Now, oh now I needs must part est une réélaboration du solo de luth The Frog Galliard.
* Écoutez cette basse chromatique descendante, répétée de manière obsédante : elle intensifie la tension et incarne l’inéluctabilité du destin de Didon.
Le lamento selon Dowland et Purcell
Toujours Dowland, toujours triste
Le luthiste et compositeur anglais John Dowland était réputé comme un musicien virtuose et travailla dans plusieurs cours. Ainsi, de 1598 à 1606, il exerça à la cour danoise auprès du roi Christian IV, où il fut richement rémunéré. Son ambition de mettre son talent au service de la reine Élisabeth I ne se réalisa toutefois jamais. Ce n’est qu’après la mort de celle-ci qu’il entra, en 1612, au service de son successeur, le roi Jacques I. Il joua lors de ses funérailles en 1625 et mourut lui-même un an plus tard.
Déjà de son vivant, Dowland jouissait d’une grande renommée comme compositeur. Le titre d’une pièce plaintive pour consort de violes et luth, Semper Dowland semper dolens – « Toujours Dowland, toujours triste » – témoigne autant de lucidité que d’esprit. Ce titre vaut aussi comme credo artistique : la mélancolie imprègne en effet de manière sublime l’œuvre de Dowland – une mélancolie cultivée, profondément ancrée dans l’esprit du temps de l’Angleterre (post-)élisabéthaine. Que Dowland aimait à se donner l’image d’un mélancolique se voit également dans la façon dont il signait certaines lettres : « Jo: dolandi de Lachrimae ». Ces lachrimae, ou larmes, jouent un rôle majeur dans son œuvre et y abondent.
Dowland est célébré pour ses contributions au répertoire du luth : depuis une quatre-vingt-dizaine de solos – souvent fondés sur des formes de danse – jusqu’à 88 lute ayres. Ces chansons strophiques avec accompagnement de luth connurent à la fin des années 1500 une grande popularité en Angleterre, et Dowland en est le représentant le plus marquant. Il publia quatre recueils qui eurent un immense succès : le premier livre, paru en 1597 – également le premier du genre – connut pas moins de quatre rééditions de son vivant. Dans ses songs, Dowland intégra des formes musicales très diverses : de la partsong anglaise et de la viol consort song jusqu’aux styles entendus au cours de ses voyages sur le continent, tels que l’air de cour français ou le madrigal et le récitatif italiens. On y trouve aussi abondamment des formes de danse. Dans cette synthèse nouvelle, mélodie, harmonie, rythme, contrepoint et expression textuelle atteignent un équilibre parfait. Les chansons de Dowland contrastent ainsi avec celles d’un contemporain comme William Byrd (v. 1540-1623), où le contrepoint demeure central. Et tandis que les textes de Byrd peuvent être pieux et moralisateurs, ceux de Dowland chantent, dans une perspective très personnelle, toutes sortes de pertes et de manques. Une étendue mélodique relativement limitée et l’absence d’ornements superflus renforcent encore le message des textes.
L’émouvant Flow my Tears illustre de façon saisissante la maîtrise de Dowland. Il ouvre la chanson par un motif descendant dans la partie vocale : sur les mots « Flow, my tears », le chanteur descend pas à pas du la au mi. Après un saut dramatique de sixte mineure, il reprend le même procédé avec des valeurs un peu plus longues sur « fall from your springs ». Texte et musique se fondent ainsi en une unité indissoluble. Ce motif, un topos courant pour exprimer la douleur, revient de façon variée tout au long de la pièce.
Selon le musicologue Anthony Boden, Flow, my tears était probablement la chanson anglaise la plus connue au début du XVIIe siècle. Le « tube » de Dowland ne naquit toutefois pas comme lute song. L’œuvre a pour origine une composition purement instrumentale pour luth solo : la Lachrimae pavane (1596), une danse lente et solennelle en rythme binaire. Dowland y ajouta par la suite un texte (peut-être de sa propre plume), mais composa aussi une série de variations pour consort de violes et luth, réunies dans le recueil Lachrimae, or seven tears. Dans l’introduction de cette collection, Dowland souligne finement que les larmes peuvent avoir bien des causes : « The teares which Musicke weeps neither are teares shed always in sorrow but sometime in joy and gladnesse. ». Les « larmes » varient donc dans le recueil, allant des anciennes larmes (Lachrimae antiquae), aux forcées, aux véritables et à celles de l’amant. Dans les Lachrimae antiquae, Dowland crée, à l’inverse de la monodie claire de Flow, my tears, un tissu polyphonique dense qui engendre une sonorité sombre. Cet arrangement connut également une popularité exceptionnelle : on le retrouve dans plus de cent manuscrits et éditions à travers l’Europe. Dowland compléta encore l’ensemble par diverses pièces, dont Semper Dowland semper dolens, mais aussi des danses comme The King of Denmark’s Galliard et The Earle of Essex Galliard, deux danses vives en mesure ternaire.
(Cedric Feys)
Purcell ou l’Orphée britannique
En tant que compositeur de la cour de Charles II, et plus tard de James II et William III, Henry Purcell a marqué l’histoire de la musique : en effet, il est parvenu à intégrer, dans son style incontestablement anglais, tant l’héritage de la renaissance et du premier baroque que des influences musicales venues principalement de France et d’Italie. L’héritage du passé se retrouve surtout dans le traitement du contrepoint : comme peu d’autres compositeurs de la seconde moitié du XVIIe siècle, il se montre encore en mesure de créer des œuvres polyphoniques (jusqu’à sept voix) des plus ingénieuses qui, malgré leur complexité, sont remarquables de souplesse rythmique et mélodique (citons par exemple, les Fantaisies).
Nous l’avons dit, Purcell ne fut pas non plus insensible aux avancées de l’art musical italien, et plus spécifiquement de la musique de théâtre. De là, sa prédilection marquée pour la forte dramatisation et son attirance pour les déploiements lyriques : ainsi il composa des musiques de scène pour près de quarante pièces et écrivit cinq semi-opéras et un (bref) opéra, Dido and Aeneas, aujourd’hui l’œuvre la plus célèbre du compositeur, mais qui passa pratiquement à l’époque inaperçue. Dans l’opéra, le héros troyen Énée et la reine carthaginoise Didon tombent amoureux. Énée est toutefois déchiré entre la passion et le devoir : le cœur lourd, il quitte son amante et met le cap sur Rome. Didon reste seule, inconsolable, et décide de mettre fin à ses jours, déchirée par le chagrin d’amour. Le lamento When I am laid in earth, dans lequel Didon fait ses adieux à la vie, est devenu un sommet absolu de l’histoire de l’opéra. La ligne vocale est d’une expressivité remarquable, avec des dissonances et des répétitions (« remember me ») qui renforcent son désespoir.
The Fairy Queen est l’un des semi-opéras de Purcell, un mélange hybride typiquement anglais de drame parlé et de musique. À vrai dire, il s’agit d’un arrangement de la fin du XVIIe siècle d’une pièce de théâtre de Shakespeare A Midsummer Night’s Dream, adaptée au goût du jour et complétée de scènes musicales. De manière générale – et donc pour ce concert aussi –, les fragments musicaux sont souvent interprétés séparément, sans le contexte parlé dans lequel ils prennent place. La plainte tendre et douloureuse du cinquième acte (« O let me very, very weep »), une aria de lamento construite sur une basse obstinée, était particulièrement appréciée.
(D’après les archives de Bozar)
Come Again
Come again:
Sweet love doth now invite,
Thy graces that refrain.
To do me due delight.
To see, to hear, to touch, to kiss, to die,
With thee again in sweetest sympathy.
Come again
That I may cease to mourn,
Through thy unkind disdain:
For now left and forlorn
I sit, I sigh, I weep, I faint, I die,
In deadly pain and endless misery.
All the day
The sun that lends me shine,
By frowns do cause me pine,
And feeds me with delay,
Her smiles my springs, that makes my joys to grow.
Her frowns the Winters of my woe:
All the night
My sleeps are full of dreams,
My eyes are full of steams.
My heart takes no delight.
To see the fruits and joys that some do find.
And mark the storms are me assign'd
Out alas,
My faith is ever true,
Yet will she never rue,
Nor yield me any grace:
Her eyes of fire, her heart of flint is made.
Whom tears, nor truth may once invade.
Gentle love
Draw forth thy wounding dart,
Thou canst not pierce her heart;
For I that do approve,
By sighs and d tears more hot than are thy shafts.
Did tempt while she for triumph laughs.
Go crystal teares
Go crystal tears, like to the morning show'rs
And sweetly weep into thy lady's breast
And as the dews rerive the drooping flow'rs
So let your drops of pity be address'd
To quicken up the thoughts of my desert
Which sleeps too sound whilst I from her depart
Haste restless sighs, and let your burning breath
Dissolve the ice of her indurate heart
Whose frozen rigour like forgetful Death
Feels never any touch of my desert:
Yet sighs and tears to her I sacrifice
B oth from a spotless heart and patient eyes
Now o now I needs must part
Now, o now, I needs must part
Parting though I absent mourn
Absence can no joy impart
Joy once fled cannot return
While I live I needs must love
Love lives not when hope is gone
Now at last despair doth prove
Love divided loveth none
Sad despair doth drive me hence
This despair unkindness sends
If that parting be offence
It is she which then offends
Dear, when I from thee am gone
Gone are all my joys at once
I loved thee and thee alone
In whose love I joyed once
And although your sight I leave
Sight wherein my joys do lie
Till that death do sense bereave
Never shall affection die
Sad despair doth drive me hence
This despair unkindness sends
If that parting be offence
It is she which then offends
Sorrow stay
Sorrow sorrow stay, lend true repentant teares,
to a woefull wretched wight,
hence, dispaire with thy tormenting feares:
O doe not my poore heart affright,
pitty, help now or never,
mark me not to endlesse paine,
alas I am condempned ever,
no hope, no help ther doth remaine,
but downe, down, down I fall,
and arise I never shall.
Flow my tears
Flow, my tears, fall from your springs!
Exiled for ever, let me mourn;
Where night's black bird her sad infamy sings,
There let me live forlorn.
Down vain lights, shine you no more!
No nights are dark enough for those
That in despair their lost fortunes deplore.
Light doth but shame disclose.
Never may my woes be relieved,
Since pity is fled;
And tears and sighs and groans my weary days
Of all joys have deprived.
From the highest spire of contentment
My fortune is thrown;
And fear and grief and pain for my deserts
Are my hopes, since hope is gone.
Hark! you shadows that in darkness dwell,
Learn to contemn light
Happy, happy they that in hell
Feel not the world's despite.
Can she excuse
Can she excuse my wrongs with Virtue’s cloak?
Shall I call her good when she proves unkind?
Are those clear fires which vanish into smoke?
Must I praise the leaves where no fruit I find?
No, no; where shadows do for bodies stand,
That may’st be abus’d if thy sight be dim.
Cold love is like to words written on sand,
Or to bubbles which on the water swim.
Wilt thou be thus abused still,
Seeing that she will right thee never?
If thou canst not o’ercome her will,
Thy love will be thus fruitless ever.
Was I so base, that I might not aspire
Unto those high joys which she holds from me?
As they are high, so high is my desire,
If she this deny, what can granted be?
If she will yield to that which reason is,
It is reason’s will that love should be just.
Dear, make me happy still by granting this,
Or cut off delays if that I die must.
Better a thousand times to die
Than for to love thus still tormented:
Dear, but remember it was I
Who for thy sake did die contented.
If love’s a sweet passion
If loves' a sweet passion
Why does it torment?
If a bitter, oh tell me
Whence comes my content?
Since I suffer with pleasure
Why should I complain
Or grieve at my fate
When I know 'tis in vain?
Yet so pleasing the pains
So soft is the dart
That at once it both wounds me
And tickles my heart
I press her hand gently
Look languishing down
And by passionate silence
I make my love known
But oh! how I'm blest
When so kind she does prove
By some willing mistake
To discover her love
When in striving to hide
She reveals all her flame
And our eyes tell each other
What neither dares name
Strike the viol
Strike the viol, touch the lute,
Wake the harp, inspire the flute.
Sing your patroness’s praise,
In cheerful and harmonious lays.
An evening Hymn
Now, now that the sun hath veil'd his light
And bid the world goodnight;
To the soft bed my body I dispose,
But where shall my soul repose?
Dear, dear God, even in Thy arms,
And can there be any so sweet security!
Then to thy rest, O my soul!
And singing, praise the mercy
That prolongs thy days.
Hallelujah!
O let me weep
O let me weep, forever weep.
O let me forever weep!
My eyes no more shall welcome sleep:
i'll hide me from the sight of day,
And sigh my soul away.
He's gone, his loss deplore;
And i shall never see him more.
O let me weep! forever weep!
Now the night is chased away
Now the Night is chased away,
All salute the rising Sun;
'Tis that happy, happy Day,
The Birth-Day of King Oberon.
Let the Fifes, and the Clarions, and shrill Trumpets sound,
And the Arch of high Heav'n the Clangor resound.
Ah Belinda
Ah! Belinda, I am pressed
with torment not to be confessed.
Peace and I are strangers grown,
I languish till my grief is known, yet
would not have it guessed.
Thanks to these lonesome vales
Thanks to these lonesome vales,
these desert hills and dales,
So fair the game, so rich the sport,
Diana's self might to these woods resort.
When I am laid in earth
Thy hand, Belinda, darkness shades me
On thy bosom let me rest
More I would, but Death invades me;
Death is now a welcome guest
When I am laid in earth, May my wrongs create
No trouble in thy breast;
Remember me, but ah! forget my fate.
Come Again
Reviens:
Le doux amour t'invite
A cesser de me refuser tes grâces
Pour me combler d'un juste plaisir,
Celui de te voir, de t'entendre, de te toucher, de t'embrasser, et de mourir
Avec toi à nouveau dans la plus douce harmonie.
Reviens
Que je puisse cesser de porter le deuil
Par ton cruel dédain
Car à présent abandonné et malheureux
Je reste assis à soupirer, à pleurer, je défaille et je meurs
Dans de terribles souffrances et une détresse infinie.
Tout au long du jour,
Le soleil m'illumine,
Langueur et tristesse me gagnent
Lorsque son regard s'assombrit
Son sourire est le printemps qui fait grandir ma joie,
Sa froideur, le cruel hiver de mon infortune.
Tout au long de le nuit,
Mon sommeil est peuplé de rêves,
Mes yeux emplis de torrents de larmes,
Mon coeur ignore le plaisir
De cueillir les fruits que d'aucuns savourent,
Il accuse les coups qui lui sont assenés.
Mais hélas,
Ma foi est inébranlable,
Et pourtant, elle ne se repentira jamais,
Et ne m'accordera pas la moindre faveur ;
De feu sont ces yeux, de pierre est son coeur
Que ni les pleurs, ni la sincérité ne sauront l'atteindre.
Bel amour,
Décoche ta flèche qui meurtrit
Tu ne puis lui transpercer le coeur.
Car je puis te le prouver
Par les soupirs et des larmes plus brûlants que tes dards,
J'ai essayé, mais elle a ri de son triomphe.
Go crystal teares
Partez, larmes de cristal, telles les averses du matin
Et passez doucement dans la poitrine de votre maîtresse.
Et comme les rosées ravivent les fleurs fanées
Servez-vous de vos gouttes de pitié
Pour l'aider à se rappeler de mes mérites
Car elle n'y pense pas pendant mon absence.
Pressez-vous, soupirs agités, et laissez votre souffle brûlant
Fondre la glace de son coeur rebelle,
Dont la froideur, comme la Mort qui fait tout oublier,
L'empêche d'apprécier le moindre de mes mérites.
Mais je fais le sacrifice de mes soupirs et de mes larmes
Qui viennent de mon coeur pur et de mes yeux patients.
Now o now I needs must part
A présent, hélas, il me faut partir
Bien que, partant, je déplore cette absence.
L'absence ne saurait donner aune joie :
La joie, une fois envolée, ne peut revenir.
Tant que je vis, il me faut aimer.
L'amour ne vit point là où l'espoir est parti.
A présent, enfin, le désespoir le prouve :
Séparé de son amour, personne ne peut aimer.
Le triste désespoir me chasse d'ici,
Ce désespoir amené par l'ingratitude.
Si ce départ est une offense,
Alors c'est elle qui la commet.
Ma bien-aimée, quand de toi je suis parti,
Envolées de suite sont toutes mes joies,
Je t'ai aimée, et toi seulement,
Toi dont l'amour me réjouissait jadis.
Et même si je quitte tes yeux,
Ces yeux où demeure ma joie,
Jusqu'à ce que le mort me prive de sens
Ma tendresse ne mourra jamais.
Le triste désespoir me chasse d'ici,
Ce désespoir amené par l'ingratitude.
Si ce départ est une offense,
Alors c'est elle qui la commet.
Sorrow stay
Douleur, reste, accorde de vraies larmes de repentir
A une créature malheureuse et misérable.
Loin de moi, Désespoir !
avec tes craintes tristes et affligeantes
Oh, n'effraie point mon pauvre coeur.
Pitié, aide-moi maintenant ou jamais
Ne me consigne pas à des peines sans fin.
Hélas, je suis condamné,
Il ne reste ni espoir, ni aide,
Mais de plus en plus bas, je tombe,
Je tombe, et jamais je ne me relèverai.
Flow my tears
Coulez mes larmes, jaillissez de vos sources !
Exilé à jamais : laissez-moi me plaindre ;
Là où l'oiseau noir de la nuit
chante sa triste infamie,
Laissez-moi vivre dans la solitude.
Cessez, vaines lumières, ne brillez plus sur moi !
Nulle nuit ne peut être assez sombre pour ceux
Qui pleurent leur fortune perdue dans le désespoir.
La lumière ne révèle que honte.
Jamais mes douleurs ne s’apaiseront,
Car la pitié a fui,
Et les larmes, les soupirs et les gémissements
Ont dépouillé mes jours las de toute joie.
Du plus haut sommet du contentement,
Ma fortune a été jetée bas ;
Et la peur et l’affliction et la peine sont mon lot
Et mes espoirs, puisque l’espoir est parti.
Écoutez, ombres qui vous mouvez dans l’obscurité,
Apprenez à mépriser la lumière
Heureux, heureux ceux qui en enfer
Ne ressentent pas le dépit de ce monde.
Can she excuse
Peut-elle excuser mes erreurs en se drapant dans sa vertu ?
La dirai-je honnête lorsqu'elle se montre cruelle ?
Sont-ce les flammes claires qui disparaissent en fumé?
Dois-je louer le feuillage quand nul fruit je ne trouve ?
Non, non, là où les ombres prennent la place des corps,
Tu puis t'y tromper si ta vue reste faible.
L'amour froid est semblable aux mots écrits sur le sable
Ou aux bulles flottant sur l'eau.
Te laisseras-tu ainsi abuser
Puisque jamais elle ne te rendra justice ?
Si tu ne parviens pas à la fléchir,
Ton amour restera sans fruit pour toujours.
Ai-je été si bas pour n'avoir droit
A ces profondes joies dont elle me prive ?
Aussi profond est mon désir.
Si elle s'y dérobe, que deviendrai-je ?
Si elle y répond, ce sera la raison même,
Qui entend que l'amour soit juste.
Ma bien-aimée, fais-moi la grâce
de céder à mes transports,
Ou abrège mes souffrances s'il me faut mourir.
Mieux vaut mille fois la mort
Que de vivre ainsi tourmenté :
Souviens-toi cependant, ma belle, que je fus celui
Qui pour toi mourut heureux.
If love’s a sweet passion
Si l'amour est une douce passion
pourquoi est-ce un tourment?
S'il est amer, oh dis-moi,
d'où vient mon contentement ?
Puisque je souffre avec plaisir,
pourquoi devrais-je me plaindre,
ou pleurer sur mon sort,
quand je sais que c'est en vain?
Pourtant, la douleur est si plaisante,
et la flèche m'atteint si doucement,
Qu'en même temps elle me fait mal
et met mon cœur en joie.
Je presse doucement sa main,
et mes yeux posent sur elle un regard languissant
et mon silence rempli de passion
lui fait ressentir mon amour.
Mais, oh! comme je suis béni
quand elle se révèle assez bonne,
pour, par une erreur délibérée
me découvrir son amour.
Quand en s'efforçant de la cacher,
elle révèle sa flamme,
et nos yeux se disent
ce que ni l'un ni l'autre n'osons nommer.
Strike the viol
Frappez la viole, touchez le luth,
Éveillez la harpe, inspirez la flûte,
Chantez les louanges de votre protectrice,
En lais gais et harmonieux.
An evening Hymn
Maintenant que le soleil a voilé sa lumière,
Et souhaité une bonne nuit au monde,
Je dispose mon corps sur une douce couche;
Mais où reposera mon âme?
Cher Dieu, même dans tes bras, peut-il être
Une si douce sécurité?
Dès lors, repose-toi, oh mon âme!
Et en chantant,
Loue la miséricorde qui prolonge tes jours.
Alléluia.
O let me weep
Oh, laissez-moi pleurer
Pleurer à jamais!
Plus jamais mes yeux ne pourront accueillir le
sommeil;
Je me cacherai de la vue du jour,
Et laisserai s’échapper mon âme par des soupirs.
Il est parti, je déplore sa perte,
Et je ne le reverrai plus jamais
Now the night is chased away
La nuit est maintenant chassée,
Tous saluent le soleil levant ;
C'est ce jour heureux, heureux,
Le jour de la naissance du roi Oberon.
Que les fifres, les clairons et les trompettes retentissent,
Et que l'arche du ciel résonne de la clameur.
Ah Belinda
Ah, Belinda, je suis accablée
Par un tourment inavouable.
La paix et moi sommes devenues des étrangères,
Je me languis que ma peine soit connue,
Mais ne voudrais pas qu'on la devine.
Thanks to these lonesome vales
Remercions ces vallées solitaires,
ces collines et ces vallons déserts.
Le gibier est si beau, le plaisir généreux,
Diane elle-même fréquenterait ces bois.
When I am laid in earth
Ta main, Belinda ; car l'obscurité m'envahit,
Laisse-moi reposer sur ton sein.
Je voudrais davantage, mais la mort me saisit ;
La mort, hôtesse bienvenue, maintenant je l'attends.
Quand je serai sans vie, gisant sous terre,
Que mes torts ne troublent pas ton cœur.
De moi, souviens-toi toujours,
Mais ah !, oublie mon triste sort.
Lea Desandre
soprano
Artiste lyrique de l’année aux Opus Klassik 2022 et lauréate du prix de la critique 2024, Lea Desandre est un des talents les plus inspirants de sa génération. Son art de la scène et sa musicalité lui ont ouvert les portes de prestigieuses scènes internationales dont celles de l’Opéra national de Paris, du Festival de Salzburg, du Festival d’Aix-en-Provence ou encore du Sydney Opera House. Parmi les temps forts de ces dernières années, citons ses interprétations des rôles de Rosina dans Il Barbiere di Siviglia (Rossini), Dido de Dido and Aeneas (Purcell) ou encore Urbain dans Les Huguenots (Meyerbeer). Son Amour de la musique de chambre et la diversité de ses projets la conduisent a être invitée pour des tournées de concerts autour du monde. Elle chante sous la direction de Gustavo Dudamel, Sir John Eliot Gardiner, William Christie, et bien d'autres. Lea Desandre s’est formée au chant à Venise auprès de Sara Mingardo. En 2015, elle a rejoint Le Jardin des Voix de William Christie et l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence en 2016. En parallèle de sa formation de chanteuse, Lea Desandre pratique la danse classique durant 12 années.
Thomas Dunford
direction artistique, luth
Le luthiste français Thomas Dunford a étudié au Conservatoire de Paris, puis à la Schola Cantorum de Bâle auprès de Hopkinson Smith. Il a également participé à des masterclasses avec des luthistes renommés tels que Rolf Lislevand et Julian Bream. Thomas Dunford se produit dans le monde entier, du Carnegie Hall à New York aux Philharmonies de Paris et de Berlin. Il est régulièrement invité à jouer au sein de nombreux ensembles et orchestres, tels que l’Academy of Ancient Music, Les Arts Florissants et Collegium Vocale Gent. En 2018, il a fondé l’ensemble Jupiter. Thomas Dunford a par ailleurs reçu de nombreuses distinctions pour ses enregistrements solo, notamment pour les Suites de Bach (2018). En 2023, il a sorti l’album Idylle en collaboration avec Lea Desandre.
Jupiter
Créé en 2018 par le luthiste Thomas Dunford, l'ensemble Jupiter est né de la rencontre et de l’amitié entre Thomas et de jeunes et brillants musicien·nes de sa génération. La grande liberté, l’écoute, l’improvisation et l’énergie permettent de rendre avec passion, force et émotion les différents répertoires abordés ; de Vivaldi à Joaquin Rodrigo. L'ensemble Jupiter a enregistré des œuvres de Vivaldi, Haendel ainsi que des airs d’opéras français et italiens des XVIIe et XVIIIe siècles. En 2025, Jupiter poursuit son exploration du répertoire anglais, avec un quatrième disque, intitulé Songs of Passion, dédié aux compositeurs John Dowland et Henry Purcell.
violon
Louise Ayrton
Ruiqi Ren
alto
Jérôme Van Waerbeke
viole de gambe
Josh Cheatham
contrebasse
Ismaël Campanero
clavecin & orgue
Arnaud de Pasquale
La mezzo-soprano franco-italienne Lea Desandre navigue avec grâce entre l’opéra et les chansons d’amour, délaissant parfois sa passion pour la musique baroque. On la retrouve immanquablement aux côtés de l’ensemble Jupiter de son partenaire Thomas Dunford. À Bozar, son éclectisme sépanouit pleinement à travers quatre concerts :
20 sept.’25 Purcell & Dowland avec l’ensemble Jupiter
- 15 oct.’25 Händel. Theodora avec l’ensemble Jupiter
- 13 mai’25 Opera Gala avec le BNO et Montague Rendall
- 13 juin’25 Chasing Rainbows avec l’ensemble Jupiter
Vous voulez en savoir plus sur Lea Desandre ? Lire l’interview avec elle ici.
2 Okt.'25 - 20:00
Amandine Beyer & Gli Incogniti
Vivaldi. Four Seasons
15 Okt.'25 - 19:30
Lea Desandre & Jupiter Ensemble
Händel. Theodora
17 Dec.'25 - 19:30
Gli Angeli Genève
Handel. Messiah
19 Dec.'25 - 20:00
Cantoría
¡A la fiesta, zagales!
10 Jan.'26 - 19:30
Solomon's Knot
Handel. Israel in Egypt
5 Feb.'26 - 19:30
Il Giardino Armonico
Handel. Il Trionfo del Tempo e del Disinganno
26 Feb.'26 - 20:00
Graindelavoix
Beauty’s Abyss
25 Maa.'26 - 20:00
il Pomo d’Oro Choir & Orchestra
Bach. St John Passion
Bozar Maecenas
Monsieur Edouard Derom • Monsieur Patrick Derom • Monsieur et Madame Bertrand Ferrier • Barones Michèle Galle-Sioen • Baron Xavier Hufkens • Monsieur et Madame Laurent Legein • Madame Heike Müller • Monsieur et Madame Dominique Peninon • Monsieur et Madame Antoine Winckler • Monsieur et Madame Bernard Woronoff • Chevalier Godefroid de Wouters d'Oplinter
Bozar Honorary Patrons
Comte Etienne Davignon • Madame Léo Goldschmidt
Bozar Patrons
Monsieur et Madame Charles Adriaenssen • Madame Marie-Louise Angenent • Comtesse Laurence d'Aramon • Monsieur Jean-François Bellis • Baron et Baronne Berghmans • De heer Stefaan Bettens • Monsieur Philippe Bioul • Mevrouw Roger Blanpain-Bruggeman • Madame Laurette Blondeel • Comte et Comtesse Boël • Monsieur et Madame Thierry Bouckaert • Monsieur Thierry Boutemy • Madame Anny Cailloux • Madame Valérie Cardon de Lichtbuer • Madame Catherine Carniaux • Monsieur Jim Cloos et Madame Véronique Arnault • Mevrouw Chris Cooleman • Monsieur et Madame Denis Dalibot • Madame Bernard Darty • Monsieur Jimmy Davignon • De heer en mevrouw Philippe De Baere • Prince et Princesse de Chimay • De heer Frederic Depoortere en mevrouw Ingrid Rossi • Madame Louise Descamps • Madame Hélène Deslauriers • Monsieur Amand-Benoit D'Hondt • De heer Bernard Dubois • Mevrouw Sylvie Dubois • Madame Claudine Duvivier • Madame Dominique Eickhoff • Baron et Baronne William Frère • De heer Frederick Gordts • Baron et Baronne Pierre Gurdjian • De heer en mevrouw Philippe Haspeslagh - Van den Poel • Madame Susanne Hinrichs et Monsieur Peter Klein • Monsieur Jean-Pierre Hoa • Madame Bonno H. Hylkema • Madame Fernand Jacquet • Baron Edouard Janssen • Madame Elisabeth Jongen • Monsieur et Madame Jean-Louis Joris • Monsieur et Madame Adnan Kandyoti • Monsieur Sander Kashiva • Monsieur Sam Kestens • Monsieur et Madame Klaus Körner • Madame Marleen Lammerant • Monsieur Pierre Lebeau • Monsieur et Madame François Legein • Monsieur et Madame Charles-Henri Lehideux • Madame Gérald Leprince Jungbluth • Monsieur Xavier Letizia • Monsieur Bruno van Lierde • Madame Florence Lippens • Monsieur et Madame Clive Llewellyn • Monsieur et Madame Thierry Lorang • Madame Denise Louterman • Madame Olga Machiels-Osterrieth • De heer Peter Maenhout • De heer en mevrouw Jean-Pierre en Ine Mariën • De heer en mevrouw Frederic Martens • Monsieur Yves-Loïc Martin • Monsieur et Madame Dominique Mathieu-Defforey • De heer en mevrouw Frank Monstrey (urbion) • Madame Philippine de Montalembert • Madame Nelson • Monsieur Laurent Pampfer • Dr. Bram Peeters et Monsieur Lucas Van Molle • Madame Christine Perpette • Philippson • Monsieur Gérard Philippson • Comte et Comtesse Antoine de Pracomtal • Monsieur Bernard Respaut • Madame Fabienne Richard • Madame Elisabetta Righini et Monsieur Craig Finch • Monsieur et Madame Frédéric Samama • Monsieur Grégoire Schöller • Monsieur et Madame Philippe Schöller • Monsieur et Madame Hans C. Schwab • Monsieur et Madame Tommaso Setari • Monsieur et Madame Olivier Solanet • Monsieur Eric Speeckaert • Monsieur Jean-Charles Speeckaert • Vicomte Philippe de Spoelberch et Madame Daphné Lippitt • Madame Anne-Véronique Stainier • Monsieur Didier Staquet et Madame Lidia Zabinski • De heer Karl Stas • Monsieur et Madame Philippe Stoclet • Monsieur Nikolaus Tacke et Madame Astrid Cuylits • De heer en mevrouw Coen Teulings • Monsieur et Madame Philippe Tournay • De heer en mevrouw Koen en Anouk Van Balen-Stulens • Monsieur et Madame Xavier Van Campenhout • De heer Marc Vandecandelaere • De heer Alexander Vandenbergen • Mevrouw Barbara Van Der Wee en de heer Paul Lievevrouw • Monsieur Michel Van Huffel • De heer Koen Van Loo • De heer en mevrouw Anton Van Rossum • De heer Johan Van Wassenhove • Monsieur et Madame Michel Wajs-Goldschmidt • Monsieur et Madame Albert Wastiaux • Monsieur Luc Willame • Madame Danuta Zedzian • Monsieur et Madame Jacques Zucker
Bozar Circle
Monsieur et Madame Paul De Groote • Mevrouw Greet Puttaert • De heer Stefaan Sonck Thiebaut • De heer en mevrouw Remi en Evelyne Van Den Broeck
Bozar Young Circle
Monsieur Axel Böhlke et Madame Clara Huizink • Monsieur Matteo Cervi • Monsieur Rodolphe Dulait • Madame Ana Fota • Monsieur et Madame Melhan-Gam • De heer Koen Muyle • De heer Sander Muyle • Madame Audrey Noble • Madame Valeria Onofrj • Sir Gabriel Smit Pergolizzi • Monsieur Guillaume van Doorslaer et Madame Emily Defreyne
Et les Membres qui souhaitent rester anonymes.